Meurtre de Sarah Halimi: « Je considère qu’on est face à un déni de justice »

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La juge peut néanmoins encore procéder à tout moment à une requalification de la mise en examen.

La juge d’instruction en charge du dossier relatif au meurtre de Sarah Halimi n’a pas donné suite à une demande du parquet de Paris pour retenir le caractère antisémite de l’assassinat de même qu’elle a rejeté lundi une demande similaire des parties civiles.

« Je considère qu’on est véritablement face à un déni de justice », a déclaré l’avocat de la famille Halimi, Me Buchinger, à i24NEWS.

« On a attendu neuf fois… le parquet – il y a quatre mois – requérait la requalification circonstance aggravante d’antisémitisme, le juge avait 5 jours pour réagir – pour rendre une ordonnance – il ne l’a pas fait… », a-t-il rappelé.

« J’ai attendu deux mois supplémentaires pour lui présenter une requête – qu’on appelle une demande d’instruction – pour à mon tour demander la requalification et la reconstitution de cet assassinat », a continer Me Buchinger.

« Or, on apprend aujourd’hui par une dépêche AFP que le juge refuse purement et simplement de faire droit à ces demandes tant du parquet que des parties civiles, c’est véritablement scandaleux », a asséné l’avocat de la famille.

La demande du parquet de Paris de retenir le caractère antisémite du meurtre, formulée il y a quatre mois, est restée sans réponse à ce jour. Le 20 septembre, après la remise du rapport d’expertise psychiatrique du suspect, le parquet avait requis que le caractère antisémite soit retenu, à la « satisfaction » des responsables juifs qui l’avaient réclamé sans relâche.

L’avocat des enfants de la défunte, morte défenestrée par son voisin musulman en avril 2017 à Paris, avait quant à lui réclamé en décembre la requalification des faits en « assassinats » et avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme.

Lundi, la juge Anne Ihuellou a refusé cette requête au motif que les parties civiles n’étaient pas fondées selon elle à demander dans ce cadre une requalification de la mise en examen, selon son ordonnance.

« La juge rejette le caractère antisemite du meurtre. C’est une insulte à sa mémoire et une douleur supplementaire pour ses enfants et sa famille », a pour sa part indiqué sur twitter Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France.

La juge peut néanmoins encore procéder à tout moment à une requalification de la mise en examen.

Dans son ordonnance rendue lundi, la juge a également refusé de procéder à une reconstitution en présence du suspect, au motif qu’il reconnaissait les faits et que les éventuelles circonstances aggravantes « ne sauraient être établies par la reconstitution ».

Kobili Traoré avait pourant été déclaré apte à participer à une reconstitution des faits, selon un complément du rapport de son expertise psychiatrique rendu plus tôt ce mois, a informé dimanche l’avocat de la famille Halimi, Me Buchinger, à i24NEWS.

Interné aux lendemains du drame, le suspect, Kobili Traoré, a été mis en examen le 10 juillet pour meurtre, sans que soient retenus la préméditation ni la motivation antisémite, au grand dam des parties civiles.

L’expertise a conclu que le suspect avait été pris ce jour-là d’une « bouffée délirante aiguë » après une forte consommation de cannabis, mais que ce trouble psychotique n’était « pas incompatible avec une dimension antisémite » et n’écartait pas sa responsabilité pénale.

Début janvier, le président du consistoire, Joël Mergui, a déploré que « la justice de notre pays n’a toujours pas retenu la circonstance aggravante d’antisémitisme » dans cette affaire, recensée par le gouvernement israélien au nombre des actes antisémites commis en 2017 dans le monde.

Source www.i24news.tv

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