Nombreuses interrogations sur le tir nucléaire nord-coréen

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Le tir nucléaire nord-coréen de dimanche demeure nimbé de mystères. Entre bluff et réalité, quelle est la vraie nature de l’explosion ?

Les déclarations nord-coréennes évoquent une bombe « thermonucléaire », aussi dite « bombe à hydrogène » ou « bombe H ». Qu’en est-il exactement ? Pour certains observateurs, il faut croire le régime de Pyongyang, qui « fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait ». À cet égard, la photographie du leader Kim Jong-un devant une sorte de « cacahuète » présentée comme la dernière arme nucléaire du pays serait cohérente avec ses déclarations. Pour autant, il pourrait s’agir d’une maquette… La question de la puissance de l’engin qui a explosé dimanche est importante. Selon des spécialistes sud-coréens cités par l’agence Yonhap, la puissance de l’explosion serait de 50 à 60 kilotonnes. C’est presque quatre fois supérieur à l’énergie dégagée par la bombe A larguée par les États-Unis sur la ville japonaise d’Hiroshima le 6 août 1945, mais c’est très inférieur à la puissance d’une bombe thermonucléaire. Une puissance de 60 kilotonnes était celle des bombes « lisses » françaises, que les Mirage IV ont emportées pour contribuer à la dissuasion nucléaire durant une vingtaine d’années. Elles furent retirées du service en 1988.

Le bluff fait partie du jeu

Quant à déterminer si la Corée du Nord serait en mesure de placer cet engin sur un missile capable d’atteindre les États-Unis, c’est encore une autre affaire. La nature exacte de ces vecteurs, leur fiabilité, leur précision, leur capacité à emporter une charge supérieure à une demi-tonne sur des milliers de kilomètres est une interrogation forte pour les experts. Ils en sont parfois réduits, comme le chercheur Matt Korda, à publier des articles interrogatifs sur leurs performances et leurs appellations exactes. N’oublions jamais qu’en matière nucléaire, et surtout pour les pays accédant au « seuil » de la possession d’une arme nucléaire opérationnelle, c’est-à-dire techniquement en mesure d’être effectivement tirée dans des conditions réelles, le bluff fait aussi partie du jeu.

Avion renifleur

Les connaissances sur le tir nord-coréen de dimanche ne sont pas rendues plus simples par les difficultés à en analyser les données. Pour savoir de façon irréfutable s’il s’agit d’une arme à fission, dite bombe A, ou d’une arme thermonucléaire, dite bombe H, les analyses sismiques ne sont pas suffisantes. Il faut également analyser les effluents gazeux qui suinteraient des roches fracturées par l’explosion. Pour cette raison, l’US Air Force a envoyé au printemps dernier dans la région un avion spécialisé dans le « reniflage » des gaz, le WC-135. Mais concernant ce tir, des semaines sinon des mois seront nécessaires pour connaître sa nature exacte. Les services de renseignements du monde entier sont sur les dents.

La France farfouille

Ce n’est évidemment pas par hasard si le navire d’espionnage militaire français Dupuy de Lôme a été repéré par des spotters voici deux semaines, amarré dans la base navale japonaise de Yokosuka. L’état-major des armées à Paris avait alors indiqué au site Navy Recognition qu’il ne fallait voir aucun lien entre cette présence et la crise des missiles nord-coréens, mais seulement le désir de mieux connaître la zone « indo-Pacifique » tout en permettant à la France de « maintenir sa capacité autonome d’appréciation ». Décidément fouineurs, les spotters avaient également repéré la même semaine un avion Hercules C-130 du GAM 56, l’escadrille de la DGSE, se posant le 9 août dernier sur un aéroport de Séoul (Corée du Sud).

Source www.lepoint.fr

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