Ils ont retrouvé la sœur de l’enfant juif mort en 42 à Arthès

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Un couple de retraités qui entretient la tombe d’Henri Kohn, mort à 4 ans à Arthès, cherchait la famille de cet enfant juif. Ils ont retrouvé la trace de sa sœur en Suisse.

Le 9 novembre, un appel était lancé dans nos colonnes. Un couple de retraités albigeois cherchait la famille d’un enfant juif mort en 1942 à Arthès, pendant la guerre. Francine et Philippe entretiennent depuis quelques années la tombe d’Henri Kohn, décédé à l’âge de 4 ans. Sur les conseils du maire d’Arthès, le couple qui n’a pas de lien de parenté avec l’enfant, a contacté Alain Fabre, un Saint-Juérien qui s’est intéressé à cette période de l’histoire. L’appel repris sur les réseaux sociaux, a été fructueux. Avec l’aide de différents organismes, Alain Fabre est parvenu à retrouver la sœur d’Henri qui vit à Zurich où ses parents s’étaient réfugiés en 1943. «Dès le lendemain de l’article, j’ai reçu un appel du CRIF (ndlr : Conseil représentatif des institutions juives de France). J’ai eu des contacts avec plus d’une trentaine de personnes de Suisse, de Belgique, d’Argentine et d’Israël. J’ai passé pas mal de temps à faire ces recherches» raconte Alain Fabre.

Le CRIF a publié sur son site l’appel des Tarnais. Le musée de l’Holocauste à Washington a de son côté fait des recherches qui n’ont rien donné. «Notre crainte, c’était que les parents d’Henri aient été déportés et qu’il n’ait plus de famille.» Finalement, le centre de recherche Yad Vashem à Jérusalem a retrouvé une photo de Margarèthe, la maman, née en Autriche comme son mari Friedrich Kohn. Au fil des découvertes, Alain Fabre reconstitue le parcours du couple. Lui était tailleur, elle couturière. Ils ont fui l’Autriche mais ont été séparés entre 1940 et 1942. Le père a été interné au Camp des milles près d’Aix alors que sa femme se trouvait à Albi.

Grâce à un travail digne d’un enquêteur et l’aide d’Alexandre Studeny-Singer, Alain Fabre découvre que les parents du petit Henri sont parvenus à rejoindre la Suisse pendant la guerre, où ils sont décédés en 1986 pour le père puis en 2002 pour la mère. «On se demandait s’ils avaient eu d’autres enfants. Grâce à la communauté gestionnaire du cimetière israelite de Zurich où sont enterrés les parents, on a découvert l’existence d’Hélis une sœur née en 1943.»

Hélis a donc reçu un appel téléphonique d’Alain Fabre mais aussi de Francine et Philippe qui entretiennent la petite tombe dans le cimetière d’Arthès. «Elle était surprise et émue. Nous avons appris qu’elle s’était rendue trois fois sur la tombe de ce frère qu’elle n’a pas connu. Ses parents lui ont dit qu’Henri était mort à cause d’une sinusite qui n’avait pas été soignée».

Francine et Philippe ont invité Hélis, la sœur, aujourd’hui âgée de 74 ans, à venir dans le Tarn. La rencontre pourrait avoir lieu l’an prochain.


Hélis, la Sœur : «Je suis très touchée»

«Je n’ai pas connu mon frère mais je sais des choses par mes parents. C’est une histoire triste. Henri est mort à cause d’une sinusite car il n’y avait pas de pénicilline.» Émue de découvrir toute cette mobilisation, Hélis reconnaît que cette histoire lui fait «beaucoup de bien». «J’ai été invitée par le couple qui s’occupe de la tombe d’Henri. C’est possible que je vienne l’année prochaine à Arthès. Je suis très touchée par tout cela.» Hélis qui est née en 1943, s’est rendue pour la dernière fois au cimetière d’Arthès il y a plus de 20 ans. «Il y a deux semaines, j’ai encore parlé de la tombe de mon frère à une amie, et voilà que cette histoire arrive. J’ai envie de connaître la famille qui s’occupe de la tombe.»

 


«Devoir de mémoire»

Francine et Philippe qui entretiennent la tombe du petit Henri, ont lancé un appel «comme une bouteille à la mer. On pensait que ça prendrait deux ou trois ans. On est surpris que cela ait abouti en quelques semaines» raconte Francine. «Nous avons impliqué nos deux petites filles pour que le devoir de mémoire se perpétue. Un jour, alors que nous étions sur la tombe, la plus grande m’a dit qu’Henri avait peut-être encore de la famille. C’est comme ça que c’est parti.» Francine trouve «extraordinaire» la mobilisation autour de cette histoire. «C’est parti sur la planète entière. Nous étions très heureux lorsque nous avons appelé la sœur d’Henri. Nous l’avons invitée pour les beaux jours.»

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