« Ordonne à Aharon et à ses fils… »

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« L ‘Éternel parla à Moché en ces termes: « Ordonne à Aharon et à ses fils… » » (Wayiqra/Lévitique 6,1).

Rachi explique l’expression « ordonne », Tsaw – qui a donné le titre à la présente paracha – comme un encouragement nécessaire pour eux et pour les générations à venir, à cause d’un manque à gagner.

Le Malbim rappelle qu’il est question, ici, de sacrifices de « ‘ola » (holocauste), entièrement consumés, desquels les kohanim ne reçoivent rien (si ce n’est les peaux) – ce qui n’est pas le cas avec les autres sacrifices qu’ils doivent consommer, ceci contribuant à ce que le propriétaire voie ses fautes pardonnées.

Le fait que la Tora doit « encourager » des gens de si haut niveau, tels que Aharon et ses fils, est surprenant : auraient-ils pu se relâcher dans leur mission, face à des sacrifices dont ils ne tirent aucun profit ? Comment peut-on imaginer un instant qu’ils puissent se laisser influencer par de telles considérations ?

Mais la vérité est bien là : la Tora nous apprend que n’importe quelle personne, tant qu’elle est en vie, peut se laisser entrainer par ses intérêts ou par ses sentiments, en tout temps, à tout âge et en toute situation. Telle est la réalité chez tout le monde, et, au contraire, plus les gens sont élevés, plus les incitations peuvent être fortes. Hillel ne nous met-il pas en garde : « Ne sois pas sûr de toi, jusqu’au jour de ta mort » (Avoth, chap. 2,4) ?

Le Talmud de Jérusalem (Chabbath chap. 1) rapporte l’histoire d’un vieillard qui voulut enseigner qu’on ne doit pas avoir confiance en sa vertu, jusqu’à la vieillesse – à la suite de quoi, selon lui, on est épargné des tentations… Du Ciel, On lui envoya une épreuve, à laquelle il faillit succomber ! Mais, comme c’était effectivement un sage de haut niveau, On le préserva de la faute. Il comprit pour sa part le message et sut qu’il avait eu tort : même à un âge avancé, tout était possible. A partir de ce jour, ce sage enseigna lui-aussi : « Jusqu’au jour de ta mort »…

 

On rapporte que le Gaon de Vilna et, avant lui, le Maharchal, avaient demandé à des maguidim, des gens particulièrement aptes à analyser une conduite et à faire des reproches, de venir quotidiennement pour leur dire en quoi leurs actes devaient être revus et corrigés. Même ces Grands du peuple juif ne faisaient pas confiance à leur propre intégrité, quand elle concernait leurs actes, et demandaient l’avis d’autrui, en étant prêts à accueillir toute critique éventuelle.

Extraits de Ohel Moche de Rav Moche Yossef Scheinerman

Kountrass numéro 173

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