Parachath Bamidbar : bannir les propos profanes de la synagogue

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Par le rabbi de Kalov

Mais agissez ainsi à leur égard, afin qu’ils vivent au lieu de mourir.» (Bamidbar 4,19)

On relate qu’un jour, une épidémie éclata dans la localité d’Ostroh, et le rav de la ville et le tribunal rabbinique décrétèrent un jour de jeûne et de prière. Lors de ce rassemblement de prière, on annonça que toute personne qui verrait une scène suspecte serait tenue d’en avertir le tribunal rabbinique pour décider de la marche à suivre afin de stopper l’épidémie.

Dans cette localité résidait un Juif qui n’avait pas l’habitude de venir à la synagogue, et après cette annonce du tribunal, deux hommes, résidents de la ville, décidèrent d’enquêter sur cet homme et de le suivre à la trace. Ils commencèrent ainsi à le suivre chaque jour, mais ne remarquèrent rien de spécial. Ainsi, ils se mirent également à le suivre la nuit, et virent qu’à minuit, il se levait, quittait son domicile et sortait de la ville. Les deux hommes le suivirent discrètement : après avoir quitté la ville, il pénétra dans la forêt avoisinante, puis il disparut de leur vue et les deux hommes rentrèrent chez eux.

Le lendemain, ils se rendirent chez le rav de la ville et lui racontèrent en détail ce qu’ils avaient la nuit précédente, jugeant qu’il serait avisé d’enquêter sur ses agissements dans la forêt. Le rav leur répondit : « Je vais vérifier moi-même.» Le soir même, le rav accompagna les deux Juifs et ils suivirent l’homme dans la forêt : à un moment donné, celui-ci s’arrêta, s’assit sur le sol et se mit à réciter le Tikoun ‘Hatsot en versant d’abondantes larmes, une scène qui les émut beaucoup. Mais quelque chose les surprit : ils entendirent une autre voix inconnue réciter en même temps que lui le Tikoun, mais étonnamment, ne virent personne à ses côtés.

Lorsqu’il eut fini de réciter le Tikoun, le rav lui dit : « Nous avons vu désormais que tu étais un homme saint, et je te le demande : qui était la seconde voix qui a récité avec toi le Tikoun ‘Hatsot ? » L’homme répondit : « J’ai l’usage de prendre le deuil sur la destruction du Beth Hamikdach, et j’ai bénéficié d’un cadeau du Ciel : chaque nuit, le prophète Yirmiyahou apparaît dans la forêt pour réciter avec moi le Tikoun ‘Hatsot. » Le rav reprit : « Comme tu as un grand mérite de procéder à ce Tikoun ‘Hatsot en compagnie du prophète Yirmiyahou, demande-lui pourquoi ce terrible décret a frappé la ville.» Et l’homme de répondre : « Je l’interrogerai demain.»

Le lendemain, il rapporta au rav les propos du prophète Yirmiyahou : l’épidémie avait frappé du fait que des propos vains étaient échangés à la synagogue pendant la prière.

Le rav de la ville décida d’organiser, pour toute la communauté, un rassemblement dans la grande synagogue ; il fit un discours sur la sainteté, la révérence et le respect à accorder à la synagogue, et leur raconta cette histoire et la raison pour laquelle l’épidémie les avait touchés. Lors de cette soirée, ils prirent la résolution d’instaurer une mesure d’interdire à tout fidèle de parler de sujets profanes à la synagogue, en particulier au moment de la prière, et immédiatement après l’application de cette résolution, l’épidémie cessa.

Ce principe selon lequel le bavardage à la synagogue entraîne une épidémie, a été rapporté par rabbi Ya’akov Yossef d’Ostroh, dans son ouvrage Mora Mikdach, au nom de l’ouvrage Dérekh Moché : c’est pourquoi, écrit-il, cette épidémie se nomme déver, qui vient du terme Dibour (parole) : à partir des propos échangés à la synagogue sont créés des anges destructeurs et mortels. Il explique que celui qui parle à la synagogue devra se repentir mesure pour mesure : il se rendra à la synagogue avec l’ami avec lequel il avait parlé, puis fermera la bouche, à l’image d’un muet dans l’incapacité de parler, et ainsi sa Techouva sera parfaite.

Si des Juifs prient ou étudient au Beth Hamidrach, et qu’un homme profère des propos vains en plein milieu, c’est non seulement une faute grave envers lui-même, mais il porte ainsi préjudice à tous ceux qui l’entourent, qui sont dérangés par ses propos. Il déshonore la sainteté du Beth Hamidrach, car par ses propos, il pollue et souille l’atmosphère de sainteté, et de ce fait, les prières des fidèles ne sont pas exaucées.

En conséquence, tout comme on veille à ce qu’un homme atteint d’une maladie contagieuse ne soit pas mêlé aux autres à la synagogue au risque de les contaminer, ainsi chacun doit s’abstenir de parler à la synagogue pour éviter de porter atteinte aux autres. De même, un homme qui amène ses jeunes enfants à la synagogue est responsable de veiller sur eux afin qu’ils ne parlent pas à l’heure de la prière. Dans le Tana Debé Eliyahou Rabba (chapitre 13), est rapportée l’histoire d’un homme qui ne voulut pas réprimander son fils qui dérangeait les fidèles en parlant au moment de la prière, en avançant qu’il était tout jeune et qu’on ne pouvait l’empêcher de s’amuser, et au final, il fut très sévèrement puni.

Ainsi, notre texte dit aux Cohanim venus pour le service sacré au Beth Hamikdach, ainsi qu’à tous les Bené Israël de toutes les générations qui fréquentent la synagogue : « Mais agissez ainsi à leur égard, afin qu’ils vivent au lieu de mourir » : agissez de cette façon pour vivre et non mourir de l’épidémie, que D’ préserve, « lorsqu’ils approcheront des saintetés éminentes : Aharon et ses fils viendront, et les commettront chacun à sa tâche et à ce qu’il doit porter » : lorsque pères et fils viennent à la synagogue, il faudra que chacun s’assoie à la place réservée à la prière ou à l’étude, « de peur qu’ils n’entrent pour regarder, fût-ce un instant, les choses saintes, et qu’ils ne meurent» : ils ne seront pas responsables de l’élimination de la sainteté des lieux, par le biais d’une conversation porteuse de mort, que D.ieu préserve.

Il faudra être prudent et se tenir à l’écart pour éviter de s’engager dans une conversation ; de même, il faudra éteindre le téléphone avant d’entrer à la synagogue ; ainsi les prières seront exaucées favorablement, et on aura droit à une bonne et longue vie.

Chabbath Chalom !

1 Commentaire

  1. Dans le temps, lorsqu’un idolâtre s’adressait à son idole, elle ne lui répondait pas, évidemment.
    Aujourd’hui, c’est différent : on lui parle (au smartphone), elle répond !

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