Pessa’h et le nettoyage

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Pessa’h approche, mesdames, et les préparatifs de cette fête vont bon train !

Le problème est qu’une notion de nettoyage de printemps s’est installée un peu partout, et que très souvent nos dames profitent de l’obligation que nous avons de préparer la maison pour Pessa’h pour en rajouter « un petit peu », et faire elles aussi un nettoyage de cet ordre… Du reste, ce nettoyage de printemps est peut-être tout simplement pris de chez nous (en Alsace, cette notion est appelée « Osterputz« , ce qui signifie tout banalement nettoyage de Pâques…).

Ceci ne nous dérange en aucune mesure, à condition toutefois d’être bien clairs sur la différence entre les deux genres : quand on effectue son nettoyage du printemps, on cherche à chasser la poussière et la saleté ; la préparation de la maison pour Pessa’h, elle, consiste essentiellement à en enlever le ‘hamets

Quand par exemple le temps manque, ou que la maîtresse de maison n’est pas au meilleur de sa forme, après accouchement ou autres, il suffit de se contenter d’effectuer la recherche du ‘hamets – et il faut bien savoir que cette opération n’est à effectuer, selon la Halakha la plus stricte, que la veille de Pessa’h, à partir du coucher du soleil, point par point dans la maison, jusqu’à ce que l’ensemble soit vidé de toute trace de ‘hamets. Hors cuisine, c’est dans le fond assez facile : on passe en revue les armoires, les poches et les sacs qui peuvent avoir contenu du ‘hamets, et c’est tout.

Certes, c’est plus compliqué pour la cuisine : s’il s’agissait juste d’enlever le ‘hamets, disons que nous pourrions encore y parvenir assez facilement. Mais pour la plupart d’entre nous, il faut aussi préparer les meubles de cuisine, les tables, les éviers, le réfrigérateur et la cuisinière pour Pessa’h, et c’est là que le travail devient délicat. Dans le temps, il était évident que l’on ne changeait rien avant le dernier soir précédant Pessa’h, car il fallait bien manger jusqu’à ce jour, et qu’il était hors de question de le faire autre part que sur la table du salon ou, chez les gens plus modernes, dans la cuisine. Faire cela sur le balcon, ou encore dans l’escalier…

Mais enfin, nos mères en souffraient beaucoup (signalons que déjà en Alsace, on appelait cela la Rumpelnacht, la nuit [des préparatifs] de la fête), car cela représentait un travail énorme !

Récapitulons : il faut nettoyer à fond les tables, puis y déposer du papier collé par-dessus ou de nouvelles toiles cirées. Les armoires que nous allons utiliser durant Pessa’h devront suivre le même régime. Le réfrigérateur demande déjà plus de vigilance, car tous comportent des caches à ‘hamets… Les éviers, utilisés à chaud, et dans lesquels on dépose facilement des casseroles brûlantes ou bien dans lesquels on déverse des liquides brûlants contenant du ‘hamets, devront être nettoyés à fond, puis ébouillantés. En Israël, on préfère généralement y déposer des grandes boîtes en plastique, comportant un trou pour laisser couler les liquides dans l’évier de toute l’année.

On agira de même avec les surfaces en marbre sur lesquelles on dépose toute l’année des plats chauds : on nettoie et on ébouillante, avant de déposer des toiles cirées ou des feuilles d’alu assez épaisses.

Le gaz, ou la plaque électrique : il faut laisser les brûleurs et les plaques, sur lesquelles on pose les casseroles, allumés pendant au moins une demi-heure, après un nettoyage approfondi, avant de déposer des feuilles d’alu ou autre. Mais de nos jours, la société de consommation a ceci de bien qu’on peut aussi se permettre assez facilement d’acheter un gaz ou une plaque en plus, spécialement pour Pessa’h. De même pour les fours que l’on peut cachériser par pyrolyse, mais pour lesquels la solution idéale consiste en un achat pour Pessa’h, une fois pour toute (il existe de nombreux mini-fours à des prix abordables).

Ceci nous permet de passer à la question suivante, celle de la vaisselle. La Halakha est différente selon qu’il s’agisse de casseroles, de couverts ou d’assiettes, mais là aussi, il nous semble que l’ère moderne qui est la nôtre a simplifié notre fonctionnement : on donnera la préférence à un ensemble neuf, ou réservé exclusivement à la fête, plutôt qu’au travail énorme que nécessite une cachérisation d’ustensiles utilisés toute l’année pour la nourriture ‘hamets, et c’est de loin mieux ainsi. L’expérience prouve en effet qu’il est pratiquement impossible de gratter à fond les couverts conçus en plusieurs parties, afin d’en enlever tous les résidus de saleté. Quant aux casseroles, si on n’a pas le choix, il faudra veiller à démonter les poignées…

Cette année-ci, Pessa’h tombe un lundi soir ! Que va-t-on faire pour le Chabbath qui précède ? Si l’on reste chez soi, le plus simple est de tout cuisiner « cachère lePessa’h », dans une cuisine déjà prête pour Pessa’h, puis d’utiliser – pour manger les ‘haloth et les salades – les couverts de toute l’année, ou de préférence en plastique, sur la table déjà prête pour Pessa’h, mais recouverte d’une nappe plastique à usage unique, que l’on jettera aussitôt après.

On peut évidemment aussi décider de manger le pain ailleurs, sur le balcon ou dans les escaliers, avant de se nettoyer la bouche et les mains, pour s’asseoir à une table entièrement prête pour Pessa’h. Mais, s’il est vrai que l’on se conduit souvent ainsi quand Pessa’h tombe motsaé Chabbath, cette année-ci, c’est tout de même une conduite peu recommandée, en regard du respect de Chabbath – mais chacun fera comme il le peut.

Et les gens, de plus en plus nombreux, qui quittent leur maison pour se rendre à l’hôtel ou dans des campus préparés pour Pessa’h, que doivent-ils faire ? Pas grand-chose : dans la plupart des cas, les gens partent avant le 13 nissan au soir, et il leur suffira de vendre leur ‘hamets à un non-juif par l’intermédiaire d’un rav ou d’un organisme de surveillance, pour être quitte de toute obligation. S’ils ne partent que le 14 au matin, c’est un peu plus délicat, mais disons que selon la plupart des avis, la vente les dispense de vérification du ‘hamets.

Il faut aussi savoir que certains évitent de vendre du ‘hamets réel (gâteaux, pâtes, whisky et autres), craignant une faille dans le contrat : en effet, il se peut que le Juif ne pense pas réellement à vendre son précieux ‘hamets, tandis que le non-juif n’imagine pas un instant avoir acquis « pour de vrai » les fonds de bouteille de whisky de toute la ville. Il faut selon ces avis (le Gaon de Vilna…) jeter ou donner à la concierge ou à la femme de ménage – non-juifs – tous les restes de ‘hamets qu’on a chez soi, avant Pessa’h (cette façon de faire est valable même pour ceux qui ne partent pas !).

Il nous est peut-être déjà arrivé ce qui arrive dans de nombreux foyers : la maîtresse de maison en fait tant et tant avant Pessa’h, qu’elle arrive au Séder complètement épuisée et n’éprouve plus qu’une envie, celle d’aller se coucher ! Nous avons nous aussi tant parlé sur le nettoyage qu’il ne nous reste plus de place pour le reste…

Conseillons à nos dames de faire bien, et d’aller à l’essentiel pour éviter ce cumul de travail inutile et être à même de profiter pleinement de cette soirée si fondamentale.

 

Kountrass numéro 174

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