Pourquoi l’Iran se vante-t-il de «reproduire» un missile israélien?

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Pourquoi un pays qui se targue de sa technologie de missile indigène prétendrait-il également copier son ennemi le plus détesté, le «régime sioniste»?

Premièrement, l’Iran ne voulait pas admettre de lui-même ces affirmations. Dans la façon dont les choses sont faites au Moyen-Orient, ce rapport a été attribué à un média russe, de sorte que l’Iran n’a pas eu à le signaler à partir de sources locales, même blanchi par les Russes. “Un média russe de l’aviation dit que l’Iran pourrait avoir reproduit un missile israélien abattu en Syrie”, affirme Press TV. Le média iranien Tasnim continue ensuite d’affirmer que les Iraniens ont maintenant testé ce «nouveau missile antichar iranien».

On peut voir comment l’Iran a aidé à créer cette histoire en notant que les médias iraniens, citant les Russes, citent ensuite des sources iraniennes comme ayant été à l’origine d’une partie de cette histoire. “Avia.Pro [Le site russe] a cité des experts disant que l’Iran pourrait utiliser des missiles israéliens contre Tel-Aviv lui-même“, note Press TV. C’est donc le vrai récit de Téhéran, à savoir qu’il utilisera la technologie israélienne contre Israël. L’Iran a fait cela dans le passé avec les Américains, prétendant avoir piraté et fait atterrir un drone sentinelle américain RQ-170 en 2011.
L’Iran a ensuite fabriqué un drone qui ressemblait au Sentinel américain, essentiellement une sorte d’aile volante. L’Iran L’a appelé le Saeqeh qu’il pilote depuis 2014. L’Iran a également construit un autre modèle basé sur celui des Américains, appelé Shahed 171. Une enquête de Wim Zwijnenberg sur le site Web Bellingcat a noté les similitudes. Il a également noté que cette copie iranienne était le même style de drone que l’Iran a fait voler dans l’espace aérien israélien en février 2018 et qu’Israël a abattu avec un hélicoptère Apache. L’Iran a également copié le drone américain Predator pour créer le Shahed 129 et utilisé un drone américain Scan Eagle qui s’est écrasé pour concevoir son drone Qods Yasir.
L’Iran a récemment dévoilé une pléthore de nouveaux drones, dont certains font partie de la série Ababil-3. Ce drone a également été construit par l’Iran probablement après avoir copié un modèle sud-africain qui est lui-même calqué sur un modèle à double queue israélien. Là encore, l’Iran a simplement pris ce que d’autres avaient fait et l’a reproduit.
L’arsenal de missiles iraniens, de la série Fajr à Zelzal, Fateh, Shahab, est principalement conçu à partir de missiles étrangers tels que le soviétique 9K52 Luna-M, le russe Scud-C, le CSS-8 chinois et le Taep’o-dong nord-coréen, Hwasong -6 et modèles No-Dong. L’Iran a amélioré les conceptions étrangères et utilisé ses missiles balistiques pour toucher, en ciblant l’Etat islamique, les dissidents kurdes et les bases américaines en Irak. En ce sens, l’Iran a fait plus en matière de missiles lors de l’ajustement de ses opérations récentes que les conceptions qu’il a utilisées comme base de fabrication.
C’est là que se situe le bilan mitigé de l’Iran en matière de copie de missiles et d’armements d’autres pays, de reconditionnement puis de prétention qu’il dépasse ce que ses ennemis ont construit. Par exemple, l’Iran se vante que ses drones peuvent parcourir plus de 1 000 km et atteindre des altitudes de 13 700 m. Il affirme maintenant avoir adapté des missiles antichars sur ses drones. Cette affirmation semble problématique dans la mesure où l’expertise iranienne en matière de drones consiste principalement à les utiliser comme drones suicides, essentiellement à les donner à des Houthis au Yémen ou à les faire voler d’Iran contre l’Arabie saoudite et d’autres cibles. Les drones ne reviennent pas à la base. C’est assez différent de ce que font généralement les drones lorsqu’ils sont utilisés par les États-Unis ou d’autres. Par exemple, les drones US Reaper transportent des missiles Hellfire. L’Iran n’explique pas comment il communiquera avec les missiles dont il a équipé ses drones, et tout ce qu’il prétend actuellement, c’est d’avoir tiré un missile contre une cible depuis un drone…
Le commandant iranien du CGRI Aéronautique, Amir Ali Hajizadeh, affirme que l’Iran occupe désormais la première place au Moyen-Orient dans le domaine de la technologie des missiles et qu’il est en train de devenir une puissance mondiale. Tasnim News répète le rapport de Press TV selon lequel le missile antichar iranien, fixé à un drone Ababil-3, peut être utilisé maintenant dans des vols de drones à des heures de distance de la base. Tasnim fait valoir que le missile peut pénétrer des véhicules blindés par le haut, là où ils ont un blindage plus faible. Les médias iraniens ont publié des images de ces tests. Il indique que les drones armés Ababil-3 seront remis à l’armée de l’air. Il allègue également que l’Iran a copié un concept israélien. Une fois de plus, la revendication iranienne semble être un message mitigé. Si l’Iran prétend être l’une des plus grandes technologies de fusée  et missiles au Moyen-Orient, pourquoi faut-il en copier d’autres? Pourquoi n’a-t-il pas développé son propre missile antichar pour ses drones? Pourquoi utilise-t-il essentiellement des modèles de drones d’autres pays et des modèles de missiles d’autres entités?.
Les médias iraniens n’expliquent pas cette contradiction apparente, mais ils se vantent d’utiliser ces armes dans le cadre de «l’axe de résistance» contre les États-Unis et Israël. Ces rapports interviennent alors que l’Iran continue de dire qu’il expulsera les États-Unis d’Irak et du golfe Persique. L’Iran menace souvent d’attaquer Israël et les médias iraniens ont récemment souligné les menaces du Hezbollah contre Israël.
Adaptation : Marc Brzustowski

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