Présidentielle : les politiques étrangères que proposent les candidats

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Petit inventaire des principales mesures que préconise chacun des principaux candidats

Les cinq principaux candidats l’élection présidentielle d’avril prochain, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen, se distinguent aussi par leur vision pour la politique étrangère de la France. Petit inventaire des principales mesures que chacun préconise.

EUROPE

Jean-Luc Mélenchon veut négocier avec l’Union Européenne (UE) la refonte des traités européens, et en cas d’échec sortir des traités après un référendum, et dénonce la perte de souveraineté de la France face à la Commission européenne.

« Nous devons sortir des traités européens qui nous font obligation de mener des politiques d’austérité, sans action de l’État ni investissements publics. Tout cela au prétexte d’une dette dont tout le monde sait qu’elle ne peut être payée dans aucun pays », écrit-il dans son programme.

« Notre indépendance d’action, la souveraineté de nos décisions ne doivent donc plus être abandonnées aux obsessions idéologiques de la Commission européenne ni à la superbe du gouvernement de grande coalition de la droite et du PS en Allemagne », ajoute-t-il.

Benoît Hamon veut sortir le budget de la défense du calcul du déficit au sens des critères de Maastricht.

« Avec le Brexit, la France sera bientôt le seul pays de l’Union européenne à porter un effort budgétaire significatif en matière de défense. Or, la défense française assure notre protection mais aussi celle de l’ensemble des Européens », explique le candidat de gauche.

« C’est pourquoi la France ne devrait en aucun cas être pénalisée dans son effort de défense par les règles de gouvernance budgétaire de la zone euro. Dans un contexte où l’Amérique de Trump va se désengager du continent européen, l’UE doit prendre ses responsabilités et se donner les moyens de son autonomie stratégique et opérationnelle », poursuit-il.

ADRIAN DENNIS (AFP/Archives)

Emmanuel Macron, qui présentera son programme le 2 mars prochain, mais qui a déjà révélé un certain nombre de grandes mesures, propose l’élaboration de conventions démocratiques dans l’UE pour un projet politique commun et plan européen d’investissements.

Dans son livre-programme, « Révolution », Macron explique être favorable à un budget européen qui permettrait de financer des investissements communs, et à la désignation d’un ministre des Finances de la zone euro.

Le candidat En Marche! se dit opposé à la règle des 3 % de déficit imposée par Bruxelles.

François Fillon annonce trois priorités pour relancer l’Europe : la sécurité des citoyens avec des frontières efficaces et une immigration maîtrisée, la souveraineté économique et financière en faisant de l’euro une monnaie de réserve, et enfin faire en sorte que l’investissement, l’innovation et la recherche soient au service de grands projets européens et d’une « société de la connaissance ».

Marine Le Pen propose, après négociation, de mettre en place un référendum sur l’appartenance à l’UE et sortir de la zone euro.

« Retrouver notre liberté et la maîtrise de notre destin en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique) », précise son programme politique.

MOYEN-ORIENT

Dans l’émission « On n’est pas couché », l’année dernière, Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il était « pour » l’action de Vladimir Poutine en Syrie, estimant que le président russe allait « régler le problème ».

Le candidat a farouchement dénoncé les accusations portées contre la Russie de Poutine, soupçonnée de frapper davantage l’opposition syrienne que les positions de Daesh.

Benoît Hamon s’est positionné en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien. « La coexistence de deux Etats est la seule solution qui permettra d’assurer la sécurité et l’intégration de l’Etat d’Israël dans la région et de réouvrir le processus de paix », explique-t-il.

Il propose en outre la création d’un visa humanitaire pour une protection temporaire. « Il ouvrira aux personnes en situation de détresse humanitaire une voie d’accès légale et sécurisée au territoire français, pour un accueil et une protection temporaires. La France doit pouvoir accueillir les réfugiés qui fuient la guerre, la répression, la détresse économique ou climatique, et doit les protéger », décrit-il dans son programme.

Emmanuel Macron: Lors de sa visite au sein de l’Ecole supérieure des Affaires à Beyrouth, fin janvier, il a affirmé être opposé à une attitude « d’accommodement » avec Bachar el-Assad, considérant toutefois qu’il ne fallait pas ériger son départ en préalable de toute négociation.

Dans son livre-programme, Macron dresse un bilan très critique de la France, jugeant que Paris est engagé sur un trop grand nombre de terrains de guerre, et préconise que toutes les interventions armées se fassent uniquement dans le respect des résolutions onusiennes.

Il a par ailleurs qu’il refusait de s’exprimer sur la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat tant qu’un accord de paix ne serait pas conclu, et indiqué que « le boycott d’Israël a été condamné par la France et il n’est pas question de revenir là-dessus ».

JOSEPH EID (AFP/Archives)

François Fillon s’est positionné à plusieurs reprises pour un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine sur les questions de l’Ukraine, de la Syrie ou de la Crimée.

Il prévoit aussi dans son programme l’abrogation des sanctions contre la Russie, sanctions économiques du pays consécutives à l’annexion de la Crimée et la coopération sur la question syrienne.

« Il n’y a pas d’autres choix que de nous tourner vers les Russes et le régime syrien pour éradiquer les forces de l’Etat islamique », soutenait-il durant la primaire de la droite et du centre.

Marine Le Pen plaide, elle, pour l’établissement de « relations stratégiques » entre Paris et Moscou dans le cadre de la lutte contre l’EI.

« Dans le concert des nations, tout le monde reproche à la Russie de faire le sale boulot mais personne n’apporte la moindre piste crédible pour pouvoir libérer la Syrie de l’emprise des fondamentalistes islamistes. Écoutez les Syriens, et vous verrez que ce qu’ils attendent, c’est que Bachar el-Assad gagne cette guerre contre les fondamentalistes islamistes », a-t-elle déclaré début janvier 2017.

SECURITE ET DEFENSE

Jean-Luc Mélenchon s’insurge contre l’alliance transatlantique: « Nous ne devons plus être à la remorque des folies impériales des États-Unis et de leur outil de tutelle militaire : l’OTAN ».

« Nous sommes une nation universaliste. Notre vocation est à l’ONU et dans la coopération privilégiée avec les pays émergents. Notre ancrage est en méditerranée et avec les peuples francophones du continent africain, là où va se façonner l’avenir. Au lieu de quoi nous sommes en guerre avec des buts imprécis et des alliances malsaines ! Mais qui s’occupe de préparer la paix plutôt que la guerre généralisée ? », s’est-il exclamé.

Benoît Hamon affirme vouloir consacrer 3% du PIB au budget de la Sécurité et de la Défense, avec un projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité et la défense présenté à l’automne 2017.

Par ailleurs, il prévoit de renforcer les moyens de l’appareil militaire français qui continuera à « être l’un des plus perfectionnés au monde à condition d’être entretenu ».

« Il nous faut pérenniser notre dissuasion nucléaire afin de garantir notre souveraineté, notre autonomie de décision et notre liberté d’action. Nous devons également investir dans l’entraînement de nos forces armées, garantir un groupe aéronaval à la France et assurer la protection de notre Zone Economique Exclusive en modernisant notre flotte », explique-t-il.

STEPHANE DE SAKUTIN (POOL/AFP)

Pour Emmanuel Macron, le budget de la Défense doit être porté à 2% du PIB. « Je veux une Défense plus européenne, et des partenariats entre la France et l’Allemagne, et je l’ai expliqué à Berlin. La lutte contre le terrorisme, c’est aussi une lutte à mener partout », a-t-il déclaré devant ses militants.

Et d’ajouter : « Je me suis engagé à ce que 10.000 fonctionnaires soient recrutés dans le quinquennat à venir mais également une réorganisation pour que la protection des Français soit plus efficace. Nous réorganiserons nos forces de renseignement, pour un renseignement territorial plus efficace et présent. Nous recréerons une police de sécurité quotidienne ».

François Fillon affirme dans son programme vouloir « garantir le maintien des composantes de la dissuasion nucléaire, assurer l’excellence de nos capacités et la permanence de notre base industrielle et technologique de Défense, adapter la condition militaire aux réalités d’aujourd’hui, privilégier la réserve par rapport à un service militaire volontaire fourre-tout et coûteux ».

Le volet défense du programme de Fillon se découpe en plusieurs grandes mesures : augmenter le financement de la défense, en y consacrant 2% du PIB à l’horizon 2020-2025, maintenir la force de dissuasion nucléaire et préparer sa modernisation, intensifier la préparation des armées et en stabiliser les effectifs, en particulier ceux de la force opérationnelle terrestre à 77.000 soldats.

De son côté, Marine Le Pen axe une grande partie de sa campagne sur la sécurité, notamment la sécurité intérieure, mais également au niveau international. Elle préconise le départ commandement militaire intégré de l’OTAN pour que la France ne soit pas « entraînée dans des guerres qui ne sont pas les siennes ».

Elle milite également pour une hausse du budget de la Défense et l’acquisition d’un second porte-avions « indispensable à la permanence à la mer de notre groupe aéronaval ».

Le Pen veut augmenter les effectifs pour qu’ils retrouvent leur niveau de 2007, soit environ 50 000 militaires supplémentaire, pérenniser la force de dissuasion nucléaire, et surtout instaurer le rétablissement progressif d’un service militaire (minimum obligatoire 3 mois).

Laurie Blanc est journaliste pour le site internet en français d’i24NEWS.

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