Pureté integrale

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La Tora ordonne : « Vous compterez pour vous, du lendemain du Chabbath » et non pas le lendemain de Pessa’h. Le Mé’am Loez explique que le terme « Chabbath » signifie cessation, repos.

Le verset peut se comprendre ainsi : « Vous compterez pour vous, du lendemain de la cessation »… de votre impureté. Dés la sortie d’Égypte, les Bené Israël cessèrent d’être imprégnés de l’atmosphère impure égyptienne.

Nous pouvons faire un parallèle avec l’impureté féminine due à la menstruation/nida. Le compte des sept jours de pureté ne peut débuter qu’après l’arrêt total du flux. Les Bené Israël sont sortis d’Égypte le jour de Pessa’h, jour où ils étaient encore en contact avec l’impureté égyptienne. Ils n’ont donc pu commencer le compte de sept semaines complètes que le lendemain de la sortie d’Égypte, soit le lendemain de Pessa’h.

Le rav Dessler va dans le même sens, et explique que la Tora fait allusion à un concept déjà utilisé du terme Chabbath en tant que cessation. Dans le verset : ”בַּיּוֹם הָרִאשׁוֹן תַּשְׁבִּיתוּ שְּׂאֹר מִבָּתֵּיכֶם/Le premier jour [de Pessa’h] vous ferez cesser/tachbitou le levain de vos maisons… » (Chemoth 12;15), le terme « cesser/tachbitou » et le terme « Chabbath » ont la même racine. Ainsi, dans le verset concernant le compte du Omer, le Chabbath désigne une cessation de notre association avec l’impureté égyptienne. Dans le même ordre d’idées, pourquoi la Tora demande-t-elle de compter « jusqu’au lendemain du septième Chabbath » et non pas « jusqu’à Chavou’oth » ? Le rav Dessler explique que les semaines qui suivent du compte sont aussi appelées « Chabbath », afin de bien enraciner l’idée que la note dominante qui les caractérise est l’extraction complète, au moyen d’un effort continuel et soutenu, de toute l’impureté qui pourrait subsister en nous.

Aussi la Tora désigne ces semaines par l’expression « Chabbath/cessation ». Elle dit : « sept Chabbatoth complètes », et non pas sept semaines complètes, pour nous faire comprendre que lors de chacun de ces « Chabbath », leur impureté décroissait jusqu’à cesser totalement à la fin du septième Chabbath.

Le premier jour de la sefirath ha’ome’r, l’offrande est constituée d’orge, mais à Chavou’oth elle sera une offrande de blé, deux pains de ‘hamets. Pourquoi cette différence entre ces deux offrandes ?

Les Sages enseignent que l’orge est une céréale réservée principalement à l’alimentation animale, tandis que le blé est destiné à l’alimentation de l’homme. Que nous enseigne ici la Tora ? Lorsqu’elle ordonne d’offrir à Pessa’h le  Korban ha’omer d’orge et non de blé, c’est parce que l’impureté contractée en Égypte faisait ressembler les Bené Israël à des animaux se nourrissant d’orge. Mais au cinquantième jour, lorsque cette impureté disparut, Hakadoch baroukh Hou leur ordonna d’offrir deux pains de blé car ils n’étaient plus semblables à des animaux, mais bien au contraire, ils avaient atteint la perfection humaine.
En règle générale, on n’apportait au Beth-Hamikdach que des offrandes de Matsa, non pas de ‘hamets. Quelle est donc la particularité de ces deux pains de Chavou’oth qui étaient ‘hamets ? Nous savons que le ‘hamets symbolise le yétser hara’/penchant au mal. Nouvellement sortis d’Égypte où ils avaient baigné dans l’impureté, les Bené Israël n’étaient pas en mesure de consommer du ‘hamets, car ils n’avaient pas les moyens de surmonter le yétser hara’. C’est pour cette raison que leur première offrande, celle du Omer, est composée d’orge et n’est pas ‘hamets. Par contre, cinquante jours plus tard, après s’être purifiés et avoir reçu la Tora, les Bené Israël étaient aptes à se mesurer au yétser hara’, et ont donc apporté une offrande de deux pains ‘hamets.

Le chiffre 7 a une dimension très particulière dans la Tora. Il revient dans plusieurs notions importantes : Hakadoch baroukh Hou créa le monde en 7 jours, 7 cieux, 7 sefiroth (sphères célestes), 7 jours de pureté, 7 bénédictions nuptiales, 7 jours de deuil, la septième année de Chemita, Chabbath le septième jour, 7 jours de Pessa’h, 7 jours de Soukoth, les 7 lois des Bené Noa’h (non-Juifs)…

Les sages de la Kabbala, expliquent que le chiffre 7représente la שלמוּת, l’intégralité, la perfection, l’absolu.

Le rav Pinkus zatsal retrouve cette intégralité dans les 7 jours de la Création, et explique notre compte du ‘Omer de 7 fois 7. L’image des 7 jours de la Création représentée par le ciel, la terre, la lumière, les plantes, les animaux n’est qu’extérieure. Ce n’est qu’une vitrine. C’est en remplissant ces 7 jours par la Tora, qui est le côté intérieur du monde, que la Création prend tout son sens. La Tora représente le plan architectural à l’origine du monde, comme le mentionne le Zohar : « D’ a contemplé la Tora afin de créer le monde ». D’ S’est inspiré de la Tora, comme d’un plan, pour créer le monde. L’image parfois trompeuse peut falsifier la vérité cachée à l’intérieur.

Le rav Pinkus zatsal l’explique à travers la parabole suivante : prenons par exemple un portrait du ‘Hafets ‘Haïm. La plus belle des photos ne nous donnera jamais la véritable dimension intérieure de la personnalité pure et sainte du ‘Hafets ‘Haïm. De même pour la nature, les 7 jours de la Création ne sont que le portrait du monde ; sans Tora, ce monde restera une belle image vide.

C’est le principe de la sefira, sept fois sept (7 semaines de 7 jours). Sept représente la שלמוּת/l’intégralité. Le compte du ‘Omer (7×7) va nous permettre de remplir de sens le sept du sept, la שלמוּת de la שלמוּת ! Grâce à la sefira nous donnons une vie à l’image, nous ravivons la néchama/âme qui est en nous.

De plus, le chiffre 7 s’écrit en hébreu שְׁבַע/chéva’, mot ayant la même racine que שבוע/chevoua qui signifie serment. Ce serment est un signe d’engagement d’accomplir notre sainte Tora, qui ne sera donnée qu’à la fête de Chavou’oth/שבועות, nom que l’on peut traduire soit par fête des semaines soit par fête des serments.

Nous pouvons constater que Chavou’oth n’a pas de traité de Guemara portant son nom, contrairement aux autres fêtes : Pessa’him pour Pessa’h, Meguila pour Pourim, Soucca pour Souccoth, etc. Cependant, il existe le traité שבועות/Chevou’oth qui a priori n’a rien à voir avec la fête, car il traite principalement des serments. Mais curieusement, ce traité comporte 49 pages !

Il y a un lien intrinsèque entre le serment, le fait de s’engager, et le don de la Tora.
Lors du don de la Tora, chacun des Bené Israël a fait le serment de recevoir la Tora. L’ouvrage « Minagué ‘Hatam Sofer » rapporte que le ‘Hatam Sofer avait pour habitude d’étudier ce traité entre Pessa’h et Chavou’oth.

La fusion des notions de serment et d’intégrité sont des éléments essentiels envers Hakadoch baroukh Hou pour recevoir la Tora.  A suivre…

Rav Mordekhai Bismuth

Extrait de l’ouvrage “49, chaque jour compte” Disponible en téléchargement sur notre site www.ovdhm.com

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