Qu’est-ce que fait Hachem depuis qu’Il a créé ce monde ?

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Autour de la table du Chabbath, 288 Mattoth Massé

Notre paracha cette semaine est double. Il s’agit de deux parachioth qui concluent le 4ème livre de la Tora : Mattot et Masseï. Au début de la section Mattot il est question des vœux et des promesses d’un homme, puis de la guerre contre Midian, Bilam y trouvera d’ailleurs sa mort et enfin l’épisode des tribus de Gad et Reouven. Cette semaine je commenterai ce passage.

Il est mentionné que ces deux tribus Gad et Reouven avaient un immense cheptel. Or, à l’approche de l’entrée en Terre Sainte, ils virent les grands pâturages du Gilad et du Yoézer de l’autre côté du Jourdain. Ils demandèrent exceptionnellement à Moché Rabénou de rester sur cette terre bénéfique pour leurs bétails et de ne pas monter en Terre Sainte. Moche accepte cette demande à une condition que les deux tribus participent activement à la conquête d’Israël en étant en première ligne des combats et seulement ensuite ils jouiraient du Gilad. Sans remplir cette condition, ils ne pourraient pas se dissocier du peuple. Finalement, Gad et Reouven acceptent l’injonction de Moché et partiront au combat en première ligne et ils reviendront résider de l’autre côté du Jourdan.

Cependant les Sages ont un regard très perçant sur la manière dont se sont déroulés ces pourparlers avec Moché Rabbénou (voir Rachi 32,16). En effet, au départ les tribus ont dit : « On placera des barrières pour notre bétail en terre de Gilad, on construira des villes pour nos enfants et ensuite on partira en guerre ». Moché répondit sévèrement : « Si vous partez en tête de combat, que vous construisez les villes pour vos enfants et des enclos pour votre bétail, alors… ». Un fin linguiste pourra discerner que Moché a inversé l’ordre de la phrase : d’abord vous construirez vos villes pour les enfants …et ensuite les enclos pour le bétail. Le Midrach enseigne que les deux tribus ont d’abord fait passer leurs richesses, le bétail, avant leur progéniture. Le Midrach termine par ces mots: « Ils ont fait passer l’accessoire, les biens comme étant le principal, tandis que l’essentiel, les enfants ont été passés en accessoire».

Moché Rabbénou et la Tora viennent nous apprendre un principe pour la vie : il faut faire passer le principal avant l’accessoire ! La difficulté, que certains de nos lecteurs ont, et béni soit Hachem, pas tous, est de savoir quels sont les points importants dans la vie. Est-ce la boutique, le cabinet ou l’emploi salarié qui doit passer avant les enfants, ou non ? Est-ce qu’on doit sacrifier un peu de sa carrière, par exemple ne pas faire des heures supplémentaires afin de rentrer plus tôt à la maison et s’occuper des devoirs et du couchage des enfants ou non ? Pour la Tora, l’argent, le pouvoir, ne sont que des instruments afin de mieux réaliser le but de sa présence sur terre. Et ceux qui me suivent depuis, Béni soit Hachem, quelques années déjà, le savent bien : on est venu sur terre afin de se rapprocher de son Créateur, de se réjouir avec Lui dans ce monde et dans le monde à venir. Donc l’argent, le pouvoir n’ont d’intérêt que pour mieux faire les Mitsvoth comme soutenir les institutions de Tora (Collelim et Yechivoth), l’aide à la veuve et à l’orphelin. Lorsque Moché Rabbénou exige de faire passer les enfants avant tout (avant la réussite financière) c’est que les enfants sont l’avenir et la pérennité du Clall Israël et de sa sainteté dans ce monde…

Le même Midrach enseigne qu’il existe trois grands cadeaux dans le monde : la sagesse, la force et la richesse. Dans le cas où elles sont perçues comme provenant des hommes alors elles finiront par se tarir. Tandis que si elles proviennent de la Tora, elles perdureront… C’est à dire que si l’homme considère que sa réussite provient de sa sagacité, de son esprit aiguisé et que le Ciel n’a pas du tout sa place dans ses choix de sa politique publicitaire et de management, alors Hachem se retirera de son business et le laissera se défendre avec les impondérables, et il en existe de nombreux…. Tandis que lorsque l’homme réfléchit et agit avec humilité, car il sait pertinemment que sa réussite est un cadeau de D’, alors il y aura de bonnes chances que cela continue. Le Midrach enseigne : une fois une dame de la société romaine est venue demander à un grand Sage de la communauté, « que faisait Hachem depuis la création du monde ? ». Le rav Yossi ben Halifta lui répondit : « Hachem place de grandes échelles dans ce monde et fait monter les uns et descendre les autres… ». Comme on le voit aussi avec les tribus de Gad et de Reouven où le verset notifie que la royauté de Midian s’est effondrée devant le peuple. Puis, le verset mentionne la grande richesse des tribus de Reouven et de Gad, à l’exemple de ces grandes échelles, quand les unes chutent, d’autres grandissent. Et le Midrach de conclure : puisque Reouven et Gad ont donné trop d’importance à leurs réussites financières, au détriment des enfants, alors ils n’auront pas la bénédiction. Et en effet, ces deux tribus seront les premières à partir en exil.

Donc si on veut la bénédiction dans nos foyers, il faudra veiller au bien-être des petites âmes de la maisonnée, les enfants, avant sa propre réussite financière.

Je finirai par un petit mot d’un grand de la ‘Hassidout : le rabbi David de la ville de Lélov,  Admour, il y a près de 2 siècles. Il disait : »Si Kora’h, pour ceux qui ne connaissent pas ce personnage (voir mon développement d’il y a 4 semaines), avait su que les indigents qui se blottissent derrières les réchauds du Beth Hamidrach ont un immense ‘Olam Haba, monde futur, alors il n’aurait pas mené cette révolte… » (Il y a quelques siècles, les petites gens de la communauté qui n’avaient pas de quoi payer les fagots pour alimenter le foyer de leur maison, avaient l’habitude de se blottir derrière le réchaud à longueur de journée au Beth Hamidrach).

Idem pour nous. Si on connaissait la vraie valeur des petites gens, humbles, de la communauté. Ceux qui participent à la prière quotidienne, pratiquent le Chabbath, la cacherouth et ont une peur révérencielle des Talmidé Hahamim… Alors on n’aurait plus besoin de faire des pieds et des mains pour vouloir à tout prix accéder aux gros revenus au point de sacrifier la vie de famille…N’est-ce pas mes chers lecteurs ?

Quand tout est noir… il reste l’espoir !

Cette semaine, j’ai choisi cette histoire véridique (tirée du feuillet « Pini Emin ‘Hémed »), qui je l’espère fera partie d’un nouveau best-seller (saison 2 de « Au cours de la Paracha »). Le sujet n’est pas directement lié avec notre Paracha mais avec notre période : les 3 semaines de deuils « Bein Hamétsarim ».

Notre sippour se déroule au plus noir de la Deuxième Guerre mondiale en Slovaquie. Ce pays était allié des Allemands et persécutait tous les Juifs qui se trouvaient sur le territoire en les renvoyant en Pologne dans les camps nazis. A l’époque, les Juifs de Pologne tentaient leur chance pour passer en Slovaquie qui était « moins dangereux » afin de rejoindre la Hongrie plus au sud qui restait encore un havre de paix, pour peu de temps, par rapport au reste de l’Europe. Là-bas, le rav Eliézer Landau avait réussi à fuir la Pologne et se cachait avec sa famille dans la capitale de la Slovaquie, Presbourg. De plus il avait aussi réussi à faire fuir de nombreux Juifs de l’enfer polonais et entre autre l’Admour de Belz, rabbi Aharon Rokéa’h et son frère l’Admour de Biélograde dont le fils est l’Admour actuel de la Hassidout Belz. Dans la capitale slovaque, Eliézer Landau rencontra le rav Dov Weismandel Zatsal qui l’aida et le mit en contact avec un passeur qui devait le conduire en Hongrie. Parmi la communauté religieuse d’Europe centrale, le rav Weismandel a été un homme qui a beaucoup œuvré pour aider ses frères. Il s’occupait d’une organisation secrète afin de faire passer, entre autre, des informations sur l’existence des camps de concentrations vers le monde libre dans l’espoir de soulever les opinions publiques en diffusant des témoignages auprès des autorités américaines et anglaises d’ailleurs, durant la guerre, 500 Rabanim américains ont protesté à Washington contre la « non implication » du gouvernement pour la sauvegarde des communautés juives d’Europe. Durant toutes ces années, il a sauvé près de 8000 Juifs en les aidants à passer vers la Hongrie et par la suite Erets Israël. Il avait même fait des tractations avec les allemands afin de payer une rançon pour le million de Juifs résidant en Hongrie et Slovaquie en 1944. Cependant ce sont les grandes organisations sionistes laïques qui ne virent pas d’un bon œil son travail et firent capoter son projet car ils considéraient que ce qui se passait pour les Juifs en Europe ne les concernaient pas et que cet argent serait plus utile à l’implantation d’un Etat juif… Très lourdes responsabilités qu’endosse le monde sioniste laïc américain durant la dernière guerre… (Quand feront-ils leur mea-culpa?). Comme dans la capitale de la Slovaquie la police était féroce, la famille partit à pieds, de nuit avec le passeur afin de rejoindre une plus petite ville : Lièr. Là-bas certainement c’était plus facile de prendre le train. Mais en arrivant dans la petite gare, le passeur vit rouge, devant lui : la police slovaque patrouillait dans tous les recoins de la gare à la recherche de Juifs pour les renvoyer en Pologne. Le gentil, en voyant le danger, dira qu’il ne peut pas rester avec la famille car s’il était arrêté il serait aussitôt fusillé pour avoir aidé aux Juifs ! Le père l’implora de rester, mais peine perdue, notre passeur prit la poudre d’escampette. Voilà que la famille Landau, le père, la mère et les enfants se retrouvaient seuls, alors que grouillaient les forces de police à la recherche de Juifs. Rav Landau était apeuré car il ne connaissait pas la langue locale et il ne comprenait pas les écriteaux slovaques annonçant quel train allait vers la Hongrie. Il prit son courage à deux mains; pour aller au guichet de la gare. En allemand il demanda qu’on lui vende des billets pour la Hongrie, mais le vendeur ne connaissait pas la langue d’outre Rhin ! Reb Eliézer revint auprès de sa famille et leur demanda de faire Tehilim, à voix basse, car il ne voyait aucune issue à cette situation ! C’est alors qu’un homme bizarrement habillé d’un grand chapeau blanc avec une barbe enroulée qui descendait du menton s’approcha et lui chuchota quelque chose à l’oreille. Puis cet homme étonnant s’approcha du guichet, acheta les billets pour la famille, revint voir les Landau et leur dit de le suivre dans le train à destination de la Hongrie ! Toute la famille le suivit et monta dans le premier wagon. C’est juste au moment où le train prit le départ que la famille poussa un cri de soulagement. Notre homme bizarre dit : « Chalom Alé’hem, reb Eliézer Landau! Sachez que je suis juif comme vous, mon nom est Amram Gestner. » Le père de famille était interloqué de voir quelqu’un qui connaissait son identité alors que c’était un parfait inconnu pour lui ! Reb Amram continua: « J’habite la Hongrie et je suis ‘Hassid Belz. D’année en année, j’ai l’habitude de me rendre au cimetière de Lièr le jour de l’année où mon père a été enterré. Or cette année, j’avais décidé de ne pas me rendre en Slovaquie à cause du danger. Mais hier, alors que je dormais, est venu en rêve l’Admour de Belz qui me dit: « Amram, demain tu dois te rendre au cimetière pour ton père. Au retour, tu verras dans la gare un Juif, Elièzer Landau avec sa famille. Ce Juif a beaucoup œuvré pour mon sauvetage. S’il te plait aide-le ! » D’habitude, je ne prête pas foi aux rêves, mais puisque c’était le Yahrhzeit de mon père, j’ai décidé malgré tout de venir à « Lier ». Pour ce faire, je me suis déguisé en artiste (à l’époque les gens de l’art avaient un vêtement particulier) afin que les gentils ne m’identifient pas comme juif ! Et de suite je vous ai reconnu comme juif dans cette gare. » Après quelques heures de train, ils arrivèrent en Hongrie et les Gestner hébergèrent quelques jours la famille Landau. Finalement, ces derniers prirent le bateau et arrivèrent en Terre Promise.

Coin Halakha: A partir de Roch Hodech Av (ce Chabath – Roch Hodech) commence les lois de deuil du Temple de Jérusalem. On devra donc diminuer toutes joies ou fêtes. On ne pourra pas entreprendre des travaux de rénovation et d’agrandissement d’intérieur, refaire les peintures depuis Roch Hodech jusqu’au lendemain du 9 Av, 19 juillet. Les Poskim déconseillent de déménager durant cette période à moins d’être obligé de quitter son logement. Il existe cependant le cas où l’on a engagé un entrepreneur gentil qui doit faire une rénovation d’appartement. Puisqu’il est libre de faire les travaux quand il veut, il pourra faire son chantier durant ces journées car dans son contrat il n’est pas mentionné de travailler précisément durant cette semaine. Autre cas permis: un mur branlant pourra être réparé (car il y a danger).

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut !

David Gold

Une bénédiction à Fredéric Encel dans tout ce qu’il entreprend.

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