Qu’est ce qui arrive à Netanyahou?

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Prime Minister Benjamin Netanyahu speaks during a press conference at the Kirya government headquarters in Tel Aviv, on November 18, 2018. Photo by Tomer Neuberg/Flash90 *** Local Caption *** ??? ?????? ?????? ?????? ????? ???????? ?????? ?? ????

Qu’est-ce qui arrive à Binyamin Netanyahou ?

Netanyahou est-il entré dans une zone crépusculaire comme l’annonçait en fin de semaine un grand quotidien israélien?

Une majorité de commentateurs en Israël et sur la scène internationale s’entend pour considérer  le président américain Donald Trump comme une personnalité politique imprévisible. Les derniers événements renforcent ce sentiment. Toutefois on ne pouvait jusqu’a présent en dire autant de Netanyahou, plutôt assez prévisible malgré ses aller-retour et tergiversations sur certains dossiers comme la question palestinienne et la perspective d’annexer ou pas la Judée-Samarie.

Devant les difficultés à décider, on pouvait en général deviner les véritables intentions du Premier ministre en sachant que comme chaque fois, il reviendrait dans une sorte de rituel convenu, sur ses propos pour les démentir après un test de popularité et des sondages.

Un constat, dans toutes les décisions de Netanyahou, celles jugées bonnes comme celles controversées, on pouvait constater la présence d’une constante, une formidable énergie, un désir de gagner, la volonté de séduire.

Ces derniers jours Netanyahou n’est plus Netanyahou. Il est gagné par une sorte de léthargie,une attitude de tourner en rond. Il ne parle presque plus à personne même à des amis avec lesquels il n’avait cesse autrefois d’échanger.

C’est comme s’il ne savait plus où aller, qu’il se sentait en trop dans une configuration criblée d’incertitudes quant à son propre destin.

Il lance ses mains en avant, mais elles ne saisissent plus rien, lui qui avait toujours un dossier brûlant, une déclaration fleuve à faire, convoquant des conférences de presse soigneusement préparées,avec un jeu d’acteur consommé.

”Bibi n’est plus Bibi” se laisse dire certains de ses fans.

Autrefois chaque mot pesait son vrai poids, chaque silence appelait le public à en redemander.

Les révélations sur les sites secrets nucléaires iraniens, les usines de transformation de missiles au Liban, la découverte et la destruction des tunnels au Liban. Autant de partitions qui constituaient un répertoire célèbre du Premier ministre jusque sur la scène internationale.

Le silence de Netanyahou actuellement inquiète son entourage, il n’a plus de texte à jouer, il n’a rien à dire, il répète sans cesse la nécessité pour les formations politiques tous azimuts de le rejoindre pour former un gouvernement indispensable à la sécurité d’Israël.

Toutefois la mayonnaise ne prend pas, personne ne croit plus vraiment à la sincérité du Premier ministre, ses alertes sécuritaires récurrentes ont usé son auditoire.

Le contexte actuel et son impossibilité présente à constituer un gouvernement le desservent gravement. Ses amis à l’étranger dont il a tant vanté la proximité l’ont lâché, Vladimir Poutine a désormais autre chose à faire que de recevoir ce candidat comme un autre qui essaye en vain de former un gouvernement.

Netanyahou tente bien de relancer le président russe dans des conversations téléphoniques, mais Poutine a l’oreille distraite,d’autant qu’il a renforcé maintenant la position de l’Iran en Syrie par de nouvelles dispositions sécuritaires et une protection stratégique consolidée.

Donald Trump, le géant américain prêt à tout promettre à Israël, le confident de Bibi s’est lui aussi détourné brusquement, on ne peut s’empêcher de penser à  cette  scène pathétique de Falstaff dans Shakespeare.

Donald Trump a fait comprendre à son ex-complice qu’il ne fréquente que les gagnants et Netanyahou a perdu aux dernières élections, incapable de former un gouvernement majoritaire, trompant les sondages.

Le président américain lui-même empêtré dans ses propres problèmes et sa course acharnée à la réélection a oublié Israël.

Un Donald Trump qui a estimé que la pire erreur des Etats-Unis avait été de mettre les pieds dans le bourbier du Proche-Orient, dénigrant ”Ces gens qui passent leur temps à se massacrer réciproquement dans des guerres inutiles sans fin, ils n’ont qu’à se débrouiller seuls”. ”America first”.

Donald Trump dans lequel en Israël, certains admirateurs voyaient un possible Messie, s’est transformé peut-être de la même façon exagérée, en une personnalité perçue désormais comme dangereuse pour la sécurité d’Israël.

Un Trump que l’Iran a bafoué dans de multiples provocations restées sans réponses et qui abandonne incroyablement le terrain de la Syrie aux russes et à leurs alliés iraniens.

L’effondrement de son paysage politique laisse semble-t-il Netanyahou sans voix.

Par ailleurs il ne paraît pas que les avocats du Premier ministre malgré leurs affirmations aient réussi à balayer totalement les menaces d’inculpations qui hantent son quotidien.

Un vent d’incertitude fait frissonner Netanyahou et l’affaiblit au point qu’il n’est pas parvenu à mobiliser suffisamment de formations politiques pour former un gouvernement.

Un constat étrange, il conserve malgré son immobilisme, le mandat confié par le président de l’Etat, au lieu de le lui remettre pour qu’il envisage de le confier à un autre candidat comme le recommande la loi.

Netanyahou ne se résout pas à ouvrir la main pour lâcher cette carte qui lui brûle pourtant les doigts.

Lassitude ou incapacité à comprendre ce qui lui arrive, Benjamin Netanyahou n’a pas assisté à la réunion durant laquelle son parti lui a réaffirmé son soutien en tant que chef de la formation et candidat au poste de Premier ministre.

Le rassemblement du comité central du Likoud, auquel n’a participé qu’une petite fraction des quelques 3 800 membres qui le composent, avait été organisé après le renoncement de Netanyahou à une proposition de primaires anticipées pour la tête du parti.

Une opportunité qui avait amené son adversaire, Gidéon Saar, à promettre de le défier.

Le comité a approuvé, à la place, une mesure déclarant que Netanyahou sera le seul candidat à la fonction de Premier ministre à la Knesset actuelle et que le parti ne siégera que dans un gouvernement qui serait placé sous son autorité, que ce soit dans le cadre d’un mandat intégral ou d’un accord de rotation.

Le parti n’a pas souhaité donner de chiffres concernant les résultats du vote, mais des photos de l’événement ont montré une salle presque vide. Moins de 10 % des membres du comité ont participé au vote, selon la radio militaire.

Si Netanyahou n’a plus l’air d’y croire comment les membres de son parti y croiraient ?

Tous les ingrédients d’une défaite sont réunis à moins d’un revirement inattendu répète la rumeur, une situation de guerre ou quelque chose de ce genre qui réveillerait le souci national pour une décision urgente.

Un communiqué dérisoire a accompagné le résultat de ce vote au Likoud. ”Merci aux membres du comité central du Likoud pour leur soutien écrasant et pour la confiance qu’ils placent en moi et dans le Likoud ” a commenté Netanyahou sur Twitter.

L’absence de Netanyahou durant la rencontre n’a pas été officiellement justifiée.

Le Premier ministre a pris la mesure de la fatigue de ses troupes au sein du parti et considéré sous la pression de ses conseillers que des primaires annoncées pourraient entrainer l’effet contraire à celui espéré. Netanyahou a vite rétropédalé et annulé le projet.

Des primaires dans cette passe délicate pour Netanyahou pouraient préparer une  campagne de ses rivaux révèlés, Nir Barkat ancien maire de Jérusalem et Guidéon Saar, ancien ministre du Likoud.

La popularité de Netanyahou a reculé dans les sondages, l’issue du vote du mois dernier a ébranlé sa réputation de prince invincible de la politique israélienne.

L’espoir d’un possible revirement d’Agvidor Liberman en faveur d’une coalition avec Netanyahou dans un gouvernement d’unité n’a pas eu de suite, le Likoud en a rejeté les conditions.

Prochaine étape en principe, sauf surprise de dernière minute, Benny Gantz le leader de Bleu Blanc devrait être chargé à son tour de la mission de former un gouvernement si le Premier ministre en exercice échoue.

Les points de vue et opinions exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de JForum.

Source www.jforum.fr

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