Rabbi ‘Hayim ‘Hizkiyahou Medini halévy,

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Hemed

Rabbi ‘Hayim ‘Hizkiyahou Medini halévy, le Sdé ‘Hémed
(1833 – 24 kisslev 5665/1905)

Le rav Sdé ‘Hémed a servi sa communauté, celle de Karassoubazar (ou Bilohirsk de nos jours) en Crimée, durant 33 ans. Il s’est ensuite installé à ‘Hévron. Sa monumentale encyclopédie « Sdé ‘Hémed », où il aborde les grands sujets de Halakha, l’a fait connaître dans l’ensemble du monde juif.

Le rav ‘Hayim ‘Hizkiyahou Medini est né à Jérusalem dans une famille sefarade de souche ancienne. Il s’est marié à l’âge de 13 ans, en présence de « pratiquement tous les grands rabbanim de la génération », selon son propre témoignage, eu égard au haut niveau de connaissance qu’il avait déjà atteint. Il avait 20 ans quand son père est décédé. Il dut se soucier de nourrir toute sa famille. Il partit pour Istanbul, où des proches de sa famille s’étaient enrichis, mais il n’y trouva que peu d’aide. Il vécut d’abord de cours privés. En 1867, il fut appelé à devenir le Grand rabbin de Karassoubazar, une ville de Crimée.

Une communauté disparue
Cette communauté était composée de Juifs locaux et d’achkenazes venus de Russie. Les Juifs locaux sont nommés les Krymchaks et suivent un rite qui leur est propre. Leur dialecte est assez proche du turc, mais des mots hébreux et araméens y apparaissent. Les Tatars de Crimée les désignaient sous le nom de zuluflı çufutlar (« Juifs avec papillotes ») pour les distinguer des Karaïtes, appelés zulufsız çufutlar (« Juifs sans papillotes ») !
Les Krymchaks ont longtemps vécu dans une relative sécurité, mais leur situation s’est très fortement dégradée après le rattachement de la Crimée à l’empire des Tsars en 1783 (double taxation en 1794, service militaire de 25 ans en 1827, inégalité juridique). À compter de la conquête russe, de nombreux Juifs achkenazes sont venus s’installer en Crimée, et ont progressivement assimilé les populations juives locales. En 1900, les Krymchaks n’étaient plus que 6 000 en Crimée, pour 60 000 achkenazes. De nos jours, cette communauté a totalement disparu.

Une vie au service de la communauté
Le Sdé ‘Hémed témoigne lui-même de l’ignorance qui régnait dans cette communauté, car les rabbanim qui l’ont précédé ne connaissaient pas leur langue. Sous son influence, la vie juive reprit. Il fonda une Yechiva.
Son influence sur la communauté fut énorme, selon les témoignages qui en ressortent.
En même temps, il eut à combattre les influences karaïtes qui étaient très fortes en Crimée. Il eut à s’opposer au « chercheur » karaïte Avraham Firkowicz qui cherchait à affilier les Krymchaks au Karaïsme.

Le rav lui-même a connu une vie difficile : son fils unique est décédé en 1868 ; aucune descendance n’est connue de ses trois filles, pourtant mariées à des gendres engagés dans la Tora et formés par le rav.
Il fut respecté par les chrétiens et les musulmans de Crimée – ils firent appel à sa prière lors d’une épidémie qui frappa le pays.
Dans le cadre de la rédaction de son œuvre monumentale, il fut en relation avec les principaux Grands de la Tora tant achkenazes que sefarades (Russie, Pologne, Hongrie, Afrique du Nord et Asie), et d’un autre côté, sa notoriété et ses immenses connaissances lui attirent une réputation dans l’ensemble du peuple juif.

Le dernier rabbi de Loubavitch lui vouait un grand respect, et a invité ses disciples à se plonger dans l’étude de ses écrits.
Son retour en Terre sainte fut très remarqué, tant à Jaffa qu’à Jérusalem. Les rabbanim voulurent le nommer « Richon leTsion », mais il donna la préférence à la ville tranquille de ‘Hévron, où il désirait terminer son livre. Toutefois, le rav de la ville, le rav Ra’hamim Yossef Franco décéda, et le rav Medini fut amené à le remplacer. Il fonda une Yechiva dans la ville dès son arrivée, et il y donna un cours tous les jours.
A cette époque, l’Alliance tenta d’ouvrir une école à ‘Hévron, projet qui fut fortement combattu par les rabbanim de Jérusalem. Finalement le rav Medini leur demanda de ne pas le faire.
Le rav tomba malade en 1905. Il décéda en veille de ‘Hanouca, et il fut enterré à ‘Hévron. Il légua son importante collection de livres à l’hôpital Misgav ladakh situé dans la vieille ville de Jérusalem, pour le public (il se peut que, par la suite, ces livres aient été vendus au profit de l’hôpital).

Son encyclopédie hilkhatique reste une pièce majeure dans la littérature rabbinique.

Par Ya’aqov Manela

Magazine kountrass numéro 170

 

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