Rav Yerou’ham Halevi LEIBOVITCH (5633/1873 – 18 Siwan 5696/1936)

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Rav Yerou’ham Leibovitch zatsal a vécu dans une période proche de nous, transmettant l’enseignement d’une école et d’une dynamique, celle du Moussar, et son importance était capitale dans le monde des Yechivoth d’avant-guerre. Son influence y était très forte, et nombre de disciples ont, après lui, contribué à la formation des principaux cadres toraniques du peuple juif d’alors.

Il fut le machgia’h mythique de la célèbre Yechivath Mir, en Europe centrale !

 

Le rav Leibovitch est né à Liouban en Biélorussie, à proximité de la ville de Sloutsk. Son éducation a été faite dans la Yechiva de Slabodqa, alors l’une des plus marquantes, puis à Kelm. Ses rabbanim étaient le Saba de Slabodqa, rav Nathan Tswi Finckel, rav Sim’ha Zisel Ziw et son gendre, rav Tswi Hirsch Breude, ainsi que le ‘Hafets ‘Hayim. Il s’agit des plus hautes personnalités du monde du Moussar.

Il occupa lui-même le poste de dirigeant spirituel dans diverses Yechivoth, dont à Mir, à deux reprises. Durant la seconde période où il occupa ce poste, à partir de 5684/1924, il vint avec un groupe de jeunes de la Yechivath Poniewezh où il avait enseigné auparavant, et leur présence imprima à la Yechivath Mir un essor remarquable.

A cette période arrivèrent également des étudiants de l’étranger (USA, Allemagne, France). Ces jeunes, habitués à un environnement tout à fait différent de celui d’Europe Centrale, plongée alors encore dans une grande pauvreté matérielle – et dans un grand amour pour la Tora –, représentèrent pour le rav un grand challenge pédagogique. Le rav, qui savait pertinemment comment s’adresser à chaque jeune selon sa personnalité et ses capacités, parvint à avoir une très grande influence sur ce groupe également.

Pendant la Première Guerre mondiale, il accompagna la Yechiva en Ukraine, puis dut la quitter. A son retour en son sein, 300 nouveaux jeunes s’y étaient ajoutés – et cela ne prit au Machgia’h que 3 mois pour connaître chacun d’entre eux !

La conception de rav Leibovitch reposait sur l’individualisme : l’étude de la Tora et l’application des mitswoth doivent permettre une réalisation de sa propre personnalité, et pour lui, même si sa présence avait un impact exceptionnel sur la génération, l’avancée de chaque individu ne pouvait se réaliser qu’avec ses propres forces, même s’il était obligatoire d’avoir un rav pour assurer sa formation. Il a pu emprunter des notions quasi-qabbalistiques pour parler de « la racine de l’âme qui parvient jusqu’au Trône divin ».

Cette conception a des incidences directes sur le travail moral : on ne pourra concevoir, selon le rav, de jalousie envers autrui, puisque chaque individu a son identité propre (Da’ath ouMoussar I, § 96 et suivants). Les qualités de l’individu ne se réalisent que lorsqu’il parvient à son degré le plus élevé, en fonction de ses capacités, qui n’appartiennent qu’à lui seul. C’est là que se situe un « Ben Yechiva » qui a réussit son parcours.

Sa définition de la techouva, du repentir : « C’est le niveau le plus élevé et le plus fort. Parce qu’il fait monter la personne elle-même à son niveau personnel, à savoir qu’elle revient à elle-même, et cette identité correspond au niveau le plus élevé et le plus fort de parmi tous les degrés que l’homme peut atteindre » (id. III, § 161).

A partir de là, on concevra que rabbénou Yerou’ham voit dans la foi non point un élément qu’il faut renforcer, mais un sentiment que ressent la personne qui est proche de l’Eternel, ou, comme lui-même le dit, « le secret de tout est la proximité ou l’éloignement, car quand on est proche de D’, quand l’Eternel Qui réside parmi nous, est proche de la personne qui se trouve sur terre, il Le verra de ses propres yeux, et non pas, comme on le pense souvent, qu’il faille des preuves… »

Parmi ses grands disciples : le rav Ye’hezqel Lewinstein, rav David Povarski, rav Yossef Bigon, rav ‘Hayim Schmoulévitz, rav Chelomo Wolbe et d’autres.

 

La décision d’interdire la pratique de la che’hita, promulguée en Pologne en 1936interdiction qui concernait donc des millions de Juifs – lui brisa le cœur et il décéda le 18 siwan de cette année.

On a publié le Da’ath ‘Hokhma ouMoussar à titre posthume, sur la base de cours qu’il avait donnés. C’est l’un des livres classiques du monde des Yechivoth.

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