Réponse au reportage calomnieux de CNN sur les orthodoxes d’Israël

Réponse de Avi Shafran, directeur des relations publiques de Agudath Israel of America au reportage calomnieux de CNN sur les orthodoxes d’Israël (rabbiavishafran.com)

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Réponse de Avi Shafran, directeur des relations publiques de l’Agoudath Israël des USA au reportage calomnieux de CNN sur les orthodoxes d’Israël (rabbiavishafran.com).

Reza Aslan, présentateur du programme de CNN modestement intitulé «Believers with Reza Aslan», a rendu son verdict : les Juifs «ultra-orthodoxes» en Israël sont à l’Etat juif ce que les mollahs étaient en Iran en 1979.

Le sensationalisme n’est pas tout à fait inattendu de la part d’un présentateur qui, sur le segment de son show dédié à l’hindouisme, s’est penché sur une secte de nomades hindous qui mangent des cerveaux humains. Mais au moins cette secte existe-t-elle réellement. La menace «ultra-orthodoxe» qu’imagine Aslan, non.

Pour promouvoir son programme intitulé «The Haredim», le journaliste né en Iran a écrit un article, publié par CNN.com, qui commence par la phrase «Je connais mieux que la plupart la façon imprévue dont un pays peut être changé de l’intérieur» et dont la chute est «Et en tant que quelqu’un qui a perdu son propre pays à un groupe petit mais puissant de fanatiques religieux, je m’inquiète vraiment pour le futur d’Israël».

Il y a certainement des raisons de s’inquiéter pour Israël, notamment la haine de ces mêmes fanatiques iraniens qui se sont engagés à «rayer Israël de la carte». Mais faire passer les orthodoxes d’Israël pour une espèce de péril noir visant à établir une théocratie oppressive est énorme. Aslan doit bien admettre qu’aucune révolution violente dans le style de la révolution iranienne ne se déroule en Israël. Mais il imagine plutôt une insurrection qui «se produira tranquillement et graduellement», et que les Israéliens « se réveilleront un jour en découvrant que les ‘Harédim se sont plus ou moins emparé de l’Etat».

Le programme introduit ce scénario effrayant avec une contre-vérité hideuse, l’affirmation selon laquelle les ‘Harédim croit qu’« ils sont les vrais et peut-être les seuls Juifs en Israël ». Si c’était le cas, l’immense quantité d’énergie et de ressources que les orthodoxes en Israël et à travers le monde consacrent à l’introduction de Juifs non religieux à l’étude et à la pratique, et aux services sociaux en faveur de tous les Juifs – réformés, conservateurs ou laïques – serait un gaspillage incompréhensible. La réalité est très simple et ne devraient choquer personne: les orthodoxes croient que les lois de la Tora sont éternellement valides, et qu’elles rejettent de nombreux aspects de ce qui passe pour de la civilisation  aujourd’hui. Mais ils accueillent pleinement tous les Juifs, y compris ceux qui sont éloignés de la pratique ou embourbés dans leur environnement.

Qu’en est-il de l’accusation ridicule selon laquelle les ‘Harédim sont sur le point de s’emparer d’Israël et qu’ils le transformeront en théocratie de style iranien?

Eh bien, les Juifs religieux, dont un grand pourcentage sont orthodoxes, sont en pleine croissance démographique en Israël, comme aux États-Unis. Il y a certainement des raisons d’imaginer qu’ils joueront un rôle plus important dans leurs corps politiques respectifs. Mais Aslan déforme les aspirations des orthodoxes israéliens. Ce qu’ils cherchent, et ont toujours cherché, n’est pas une théocratie, mais simplement un modus vivendi avec les autres Juifs israéliens, qui protège leurs espaces et leurs traditions. Malgré ce qu’affirment Aslan et certains Israéliens, les orthodoxes ne cherchent pas étendre l’influence de la tradition religieuse juive en Israël, mais seulement à la préserver.

Quelques antécédents : le 19 juin 1947, peu de temps avant que Israël ne déclare son existence, David Ben-Gurion et d’autres fonctionnaires de l’Agence juive pour Israël ont signé ce qu’on appelle «l’Accord de statu-quo religieux». L’accord garantissait la liberté religieuse dans l’État naissant pour tous ses habitants et promettait l’observance par l’Etat du Chabbath juif comme jour officiel du repos, la fourniture de nourriture uniquement cachère dans les cuisines gouvernementales et l’option d’un système d’éducation religieuse juive traditionnelle. Il englobait également les questions de « statut personnel » juif comme le mariage, le divorce et la conversion, assurant à la communauté religieuse que «tout ce qui est possible serait fait pour éviter, à D. ne plaise, de diviser la Maison d’Israël en deux» (le premier Premier Ministre d’Israël comprenait que plusieurs normes de statut personnel résulteraient inévitablement en de multiples «peuples juifs».)

Depuis près de 70 ans, les Israéliens ont accepté ce niveau de respect de la loi juive. Lorsqu’il y a eu des escarmouches religieuses – sur la reconnaissance par le gouvernement des conversions non hala’hiques, les restrictions du Chabbath sur les entreprises, quel type d’offices religieux sont acceptables au mur occidental – ce sont ceux qui souhaitent démanteler le statu-quo religieux qui ont été les initiateurs du conflit.

Bien sûr, tout comme certains ultra-laïcistes s’irritent du statu-quo, certains ‘Harédim individuels peuvent agir de manière grossière. Mais quand certains jeunes immatures avec trop de temps libre et pas assez d’amour pour les autres Juifs, les insultent ou les agressent en se prenant pour des justes, ils ne le sont pas. Et ils sont aussi éloignés que les marginaux de toute autre société. Et certains nationalistes religieux – mais pas les orthodoxes – peuvent considérer Israël comme un potentiel royaume davidique. Ces nationalistes peuvent vénérer le «grand Israël» et vouloir expulser les Arabes, mais les orthodoxes – à la fois ceux qui participent au système politique du pays et ceux qui l’évitent – ne partagent aucun des objectifs politiques de ces nationalistes.

source, adaptation française Malkiel Heller

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