Royaume-Uni : So British, la charia ? La peur panique de l’islamophobie a ouvert la voie aux islamistes

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>> Cet article a été publié dans le numéro de Causeur du mois de juin 2016.

Soucieux d’expier les brutalités de la colonisation, le Royaume-Uni découvre aujourd’hui que, dans sa quête d’une société multiculturelle idéale, il est devenu le terrain de prédilection de l’entrisme islamiste.

Mais tandis que les travaillistes sont enlisés dans leurs affaires d’antisémitisme, chez les Tories, depuis un an, on joue la carte du sursaut national face à la menace islamiste, et les mea culpa de l’establishment sont de mise.

Peu après l’assassinat, revendiqué par l’EI, de 30 touristes britanniques en Tunisie, le 26 juin 2015, David Cameron dénonce « le poison de l’islamisme radical ». Il reconnaît publiquement que les autorités n’avaient pas pris la pleine mesure de la situation et annonce, dans la foulée, la mise au point d’une stratégie nationale pour combattre l’extrémisme (Counter-Extremism Srategy).

« Le politiquement correct institutionnalisé et la peur d’être taxé de racisme »

Dans un discours mémorable du 20 juillet 2015, le Premier ministre pointe la municipalité de Tower Hamlets : « Dans une atmosphère où les responsables craignaient de prendre les mesures qui s’imposaient de peur d’être accusés de racisme […], la corruption au niveau politique avait atteint des proportions épiques et les électeurs étaient soumis à des intimidations. » L’ancien maire travailliste Lutfur Rahman, un Britannique d’origine bangladaise, avait été contraint de démissionner à la suite d’une enquête ayant révélé, en plus de ses pratiques corrompues et de ses connivences avec la pègre, qu’il avait été élu grâce à l’aide financière du Forum islamique de l’Europe (Islamic Forum of Europe, IFE), une organisation fondamentaliste affichant ouvertement son objectif de création d’un État islamique au Royaume-Uni.

Déjà, en 2014, on avait appris qu’à Rotherham, ville connue pour être sous l’emprise conjointe de groupes criminels et d’extrémistes islamistes, un gang d’origine pakistanaise avait perpétré, entre 1997 et 2013, des abus sur plus de 1 400 enfants, avec la complicité des services de police et de nombreux politiciens (300 personnes sont mises en cause). La ministre de l’Intérieur Theresa May déplorait alors que « le politiquement correct institutionnalisé et la peur d’être taxé de racisme aient contribué à couvrir ces crimes pendant de si longues années ».

De même, Cameron se dit aujourd’hui « dégoûté » par les mutilations sexuelles des femmes – en particulier l’excision –, imposées par des familles musulmanes à 4 000 fillettes et femmes sur le territoire national en 2014. Une loi de 1985 interdit ces pratiques, mais personne n’a jamais été poursuivi pour de tels faits. Le Premier ministre est également préoccupé par les crimes d’honneur et les violences perpétrées sur les femmes au nom de la charia. Entre 2010 et 2015, les autorités britanniques ont eu connaissance de 11 000 cas !

Cette apparente prise de conscience remettra peut-être à l’ordre du jour une proposition de loi déposée à deux reprises, en 2012 et 2014, à la Chambre des lords, par la baronne Caroline Cox, pour assurer la suprématie du droit britannique sur la loi islamique. On peut espérer également que la campagne « Une loi unique pour tous » (« One Law for All »), en faveur de l’abolition de la centaine de cours de justice islamiques qui fonctionnent actuellement au Royaume-Uni, soit un jour relancée. En 2014, une circulaire du barreau (la Law Society) communiquait à tous les avocats du pays des recommandations qui leur permettraient de rédiger « des testaments compatibles avec la charia », selon lesquelles, par exemple, la femme n’a droit qu’à la moitié des parts prévues pour un homme (sic).

Finance islamique

Il est cependant peu probable que le Premier ministre conservateur renonce à son ambition de faire de Londres la première place financière islamique parmi les pays non musulmans. En 2013, il considérait que la City devait être en mesure de rivaliser avec Dubai en tant que centre financier charia-compatible.

À cette fin, lors de la neuvième réunion du Forum économique islamique mondial – le « Davos musulman » – à Londres, en mars 2013, il lançait (comme avait voulu le faire, dès 2009, en France, Christine Lagarde) une obligation publique islamique (sukuk) pour un montant de 200 millions de livres sterling. La Bourse de Londres a mis au point un index financier pour le marché islamique (Islamic Market Index). Et il y a trois ans, plus d’une vingtaine de banques telles que l’Islamic Bank of Britain offraient déjà des produits financiers « islamiquement corrects ». Côté travailliste, le Daily Mail a révélé, en 2016, que l’ancien Premier ministre Tony Blair avait gagné, pendant des années, plusieurs dizaines de millions de livres sterling grâce aux pétromonarchies du Golfe, en usant de son statut d’envoyé spécial pour le Moyen-Orient.

À l’assaut de l’enseignement

Depuis les réformes radicales de Tony Blair dans l’Éducation nationale, des établissements scolaires peuvent être complètement autonomes à l’égard des pouvoirs publics. Leur fonctionnement, leurs méthodes et leurs programmes sont aux mains de « conseils des gouverneurs », formés par des parents d’élèves, des enseignants et des organisations caritatives. En 2010, les autorités ont découvert que, grâce à cette faille majeure, une quarantaine d’écoles coraniques appartenant au réseau des Clubs et écoles des étudiants saoudiens au Royaume-Uni et en Irlande enseignaient aux élèves du primaire le programme scolaire en vigueur en Arabie saoudite, antisémitisme et homophobie inclus. Puis, en 2014, le scandale dit du « cheval de Troie », à Birmingham, montrait l’existence d’une véritable stratégie d’islamisation des établissements scolaires comptant une majorité d’élèves musulmans.

Le prosélytisme islamique dans les universités – y compris les plus prestigieuses – est également inquiétant. Les associations universitaires musulmanes (islamic societies), financées par l’Arabie saoudite œuvrant sous la houlette de leur fédération nationale, travaillent à propager les idées de califat et de rejet de la démocratie – ainsi qu’à ostraciser les étudiantes. Plus grave, ces associations tentent d’avoir la mainmise sur les départements dédiés à la recherche sur le Moyen-Orient et la Méditerranée, et d’en écarter toute recherche sur Israël. Ce faisant, elles s’assurent que les diplômés contribueront, à long terme, à l’élaboration d’une politique étrangère qui leur sera favorable.

Sans surprise, les associations musulmanes ont violemment réagi à ces révélations, en évoquant une chasse aux sorcières et en agitant le spectre de l’islamophobie.

Déjà en 2006, dans son ouvrage-phare Londonistan1, la journaliste Melanie Phillips considérait que rien ne semblait pouvoir détourner le cours de « la marche somnambulique » des Britanniques vers une islamisation certaine du pays. On pense à George Orwell, qui écrivait en 1944 dans sa « London Letter » : « Pour évaluer à sa juste mesure le danger du fascisme, la gauche aurait dû reconnaître ses propres défauts, ce qui se serait avéré trop douloureux. C’est ainsi que l’ensemble du phénomène fut ignoré ou mal interprété, avec des effets désastreux. » Nul ne sait, pour l’heure, si les Britanniques auront la force morale nécessaire pour sauver leur société d’un désastre annoncé.

Source http://www.causeur.fr/londres-royaume-uni-islamisme-43390.html

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