Seconde Guerre mondiale : une famille juive spoliée attaque l’Etat

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Les descendants d’un collectionneur d’art juif spolié sous l’Occupation attaquent en justice demain l’Etat français et deux musées pour demander la restitution de trois tableaux du fauviste André Derain exposés depuis des années à Troyes et à Marseille.

Les débats s’annoncent ardus entre les héritiers du grand galeriste parisien René Gimpel d’une part, et le ministère de la Culture et les musées d’art moderne de Troyes et Cantini à Marseille d’autre part.

Les premiers réclament «justice», les seconds plaident la légalité de l’acquisition des œuvres : «Paysage à Cassis», «La Chapelle-sous-Crecy» et «Pinède, Cassis», peints entre 1907 et 1910. Les musées estiment qu’un doute subsiste sur la concordance entre les peintures réclamées et les toiles qu’ils détiennent, certaines ayant changé de nom ou ont été rentoilées.

Trois Derain en jeu

Pour sa petite-fille Claire, René Gimpel ne fut longtemps qu’une légende familiale, un résistant juif qui mourut au camp de Neuengamme en janvier 1945. Elle découvre tardivement qu’il fut l’un des plus grands collectionneurs d’art de l’entre-deux-guerres. Comme d’autres galeristes juifs, il sera spolié, contraint de vendre à bas prix des œuvres pour financer la fuite de sa famille à Londres ou son réseau de résistance.

Claire Gimpel décide, avec quatre autres héritiers, de se battre pour «retrouver et récupérer toutes les œuvres ayant appartenu à son grand-père» qui n’ont «pas encore été restituées», explique leur avocate Me Corinne Hershkovitch.

Pour l’avocate, qui a obtenu il y a 20 ans la restitution par le musée du Louvre d’un tableau spolié, la propriété comme l’identité des œuvres ne font aucun doute.

Des documents attestent que René Gimpel a acheté six Derain en 1921 aux enchères de Drouot. Pour les héritiers, ce sont trois de ces tableaux qui se trouvent aux musées de Troyes et de Marseille. Or la trace de ces œuvres s’est perdue pendant la guerre. Pour Béatrice Cohen, avocate du Musée d’art moderne de Troyes, «il y a trop d’hypothèses émises en l’espèce pour que l’on puisse véritablement connaître le parcours de ces deux œuvres de Derain» exposées à Troyes et «savoir si elles étaient toujours dans le patrimoine de René Gimpel après le 16 juin 1940».

Source www.ladepeche.fr

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