Si Macron veut sauver le Liban, le Hezbollah doit partir

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Pendant trop longtemps au Liban et dans toute la région, le comportement malveillant du Hezbollah a reçu un laissez-passer gratuit. Malgré la naïveté de nombreux Occidentaux, la «réforme» du Hezbollah est impossible. Depuis l’explosion du mois dernier, après des décennies de comportement destructeur, il est clair que le mouvement politique corrompu n’est que l’arme polie et médiatisée de ses paramilitaires violents et extrémistes.

Le mépris du Hezbollah pour la modernité et la démocratie est profond. Des affaires en coulisses avec les élites politiques, au soutien ouvert et à la coopération avec un régime iranien déterminé à déstabiliser le Moyen-Orient. Des décennies de dialogue ont été inutiles. Depuis qu’il est parvenu à un accord avec le président libanais Michel Aoun après le meurtre du Premier ministre Rafik Hariri en 2005, le groupe s’est lancé dans les affaires courantes, bombardant sans discrimination des civils et provoquant Israël et les États-Unis.

Les personnes qui souffrent le plus sont les Libanais. Pris entre deux feux, littéralement, alors que le Hezbollah intègre son infrastructure militaire dans des zones civiles, sans parler de ses opérations transfrontalières.

Le Tribunal spécial pour le Liban, qui a enquêté sur la mort de l’ancien Premier Ministre et de 21 civils innocents aux mains ensanglantées du Hezbollah, aurait dû demander que le groupe soit entièrement expulsé du Liban. Mais il est clair que le tribunal a évité, craignant que cela ne déclenche encore plus d’effusion de sang.

Cette lâcheté n’est pas justice pour ceux qui souffrent des crimes du Hezbollah. La justice pour ces victimes et d’innombrables autres ne peut être rendue d’aucune autre manière. Le Hezbollah a prouvé pendant des décennies qu’il ne pouvait pas faire confiance, et encore moins gouverner.

Le président français Emmanuel Macron a été chaleureusement accueilli à Beyrouth par une population désespérée en colère contre leur vie gâchée par l’extrémisme et la corruption. Mais maintenant, il doit agir.

Macron doit rectifier l’omission flagrante du tribunal et attacher la condamnation totale du Hezbollah à la réforme politique comme condition préalable à l’aide au Liban. Une proposition récemment présentée par l’ambassadeur de France à Beyrouth, vue par Reuters, est insuffisante, et appelle uniquement à l’action sur le COVID-19, la reconstruction du port, des réformes économiques et une élection anticipée.

Le soutien international à court terme ne suffit pas, faute de restaurer la capacité du Liban à s’auto-gouverner, ce qui s’est avéré impossible avec le Hezbollah. Alors que les enquêtes sur l’explosion sont en cours, ce serait la plus grande injustice pour un principal suspect du stockage imprudent du produit chimique de se voir confier un rôle dans la reconstruction du Liban aujourd’hui.

Les troubles intérieurs au Liban se reflètent dans toute la région. En Syrie, le Hezbollah et d’autres milices chiites, combattant aux côtés de leurs soutiens iraniens, ont cherché à soutenir Assad, faisant passer des armes et tuant des milliers de civils. Sans contrôle, la violence du Hezbollah est devenue enhardie et déliée.

En tant que milice et mouvement politique, le Hezbollah répondra toujours aux puissances étrangères hostiles par la voix du peuple libanais. Les deux ont fait passer les intérêts de l’Iran devant le Liban ouvertement, dans le pays et à l’étranger, et cette fausse distinction ne peut plus être faite, ni d’autres excuses données, si le pays veut véritablement se remettre de la crise actuelle.

Il n’est pas surprenant non plus qu’en tant que seule milice refusant toujours de désarmer et premier groupe islamiste connu à utiliser des kamikazes, le Hezbollah se soit une fois de plus mis à semer le chaos et à semer le chaos au Liban. Fondé sur l’islamisme chiite radical, le manifeste de 1985 du Hezbollah a prêté allégeance au guide suprême iranien, promettant de construire un régime islamiste d’inspiration iranienne au Liban.

Avant même l’explosion, le Hezbollah s’est vu devenir la cible des manifestations de masse qui se sont rassemblées dans tout le pays depuis le 17 octobre 2019, même dans les bastions traditionnels du groupe. Alors que l’élite politique fait face à un examen international minutieux, le Liban sait que le Hezbollah est également au cœur de la pourriture après des décennies de promesses non tenues et de corruption révélée.

Comme l’a rapporté Al Arabiya Englishet le groupe de réflexion basé à Washington que le Conseil de l’Atlantique a décrit, le Hezbollah et ses alliés du Mouvement patriotique libre (FPM) ont même commencé à utiliser les tribunaux pour saper l’état de droit au Liban. Le Hezbollah et le FPM auraient utilisé des juges alignés sur le FPM pour porter des accusations sans fondement et à motivation politique contre des politiciens et des entrepreneurs de l’opposition, y compris le célèbre homme d’affaires libanais Teddy Rahmeh.

Il faut faire confiance aux acteurs politiques libanais pour respecter l’état de droit, des interdictions de meurtre aux règles d’une économie qui fonctionne. Pourtant, le Hezbollah a toujours montré qu’il ne pouvait pas s’acquitter de cette tâche. Pour rétablir l’ordre, le président Macron doit écouter les manifestants libanais appeler depuis la rue pour que le Hezbollah ne puisse jouer aucun rôle dans l’avenir du pays.

La reconstruction du port de Beyrouth et des réformes légères ne suffisent pas. La liste des revendications de Macron doit inclure le désarmement complet de sa milice, le limogeage de ses politiciens et le désaveu de l’idéologie du Hezbollah pour assurer la paix, la démocratie et la croissance économique au Liban.

La jeunesse libanaise mérite une représentation politique qui n’est pas enracinée dans la guerre civile. Un véritable système politique doit être présenté comme une alternative au dysfonctionnement actuel. Traiter avec le Hezbollah n’est que la pointe de l’iceberg, en particulier avec ses blocs politiques et ses alliances. Ce n’est pas une tâche facile, mais des mesures auraient dû être prises il y a des années.

La communauté internationale est déjà arrivée à un point de vue. Le moment est venu pour le «nouveau pacte politique» de Macron de le promulguer pour le peuple libanais en refusant au Hezbollah un siège à la table.


Ruwan Al-Rejoleh est un consultant politique indépendant et un analyste spécialisé dans la géopolitique et les groupes religieux extrêmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ressortissant syrien né à Washington DC, Ruwan est actuellement basé à DC et est le fondateur et PDG d’un cabinet de conseil géopolitique et un ancien analyste du Tony Blair Institute.

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