Sommes-nous de bons époux ?

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C’est dans une prestigieuse salle et dans des conditions féeriques que Reouven a pris Sara comme épouse aux yeux de centaines d’invités ébahis de cette inoubliable cérémonie. À l’issue de cet événement, le jeune couple prit le chemin de leur demeure pour commencer leur nouvelle vie. Mais voilà que le lendemain des noces, le jeune marié sortit faire quelques course sans revenir. Le temps passe, une heure, deux heures… et toujours pas de nouvelles du ‘hatan. Avait-il été subi un accident ? Un malaise? A-t-il était agressé ? La nuit tomba, la jeune épouse se retrouva seule et angoissée de savoir ce qui a pu bien arriver à son jeune mari. Elle déclara l’incident à la police qui fit son enquête, et lança un avis de recherche. Mais le temps passe, et toujours pas de nouvelle, une semaine s’écoula, puis deux, et toujours pas de ‘hatan, il s’était volatilisé ! Aucun signe de vie, ni mails ,ni sms… Juste les mouvements du compte en banque qui prouvent que le jeune marié était bel et bien en vie, et usait paisiblement des cadeaux du mariage.

Couverte de honte, après une année de torture et de solitude, le soir de l’anniversaire de leur mariage, la jeune femme regarda seule et tristement les photos, seuls vestiges de son mariage.

Soudain elle entendit frapper à la porte, elle se leva pour ouvrir et resta clouée sur place en voyant son mari se tenant sur le seuil de la porte, souriant dans son costume du mariage tenant un bouquet de fleurs. Pensez vous que notre pauvre Cala va accueillir le h’atan à bras ouverts ?

Nous voilà une semiane après Chavou’oth, fête du don de la Torah, alliance entre les Bneï Israël et la Torah. En ces premiers jours de noces, la mariée [la Tora] vérifie l’authenticité de l’acceptation de son ‘hatan [Bené Israël]. Sommes-nous toujours là ou portés déjà disparus comme Reouven ?

La paracha de cette semaine nous offre à travers deux événements distincts, des exemples authentiques de volonté d’accomplir le service divin.

Notre paracha commence par la réaction étonnante de Aharon Hachohen. Rachi (8,2) rapporte le Midrach Tan’houma qui explique que lorsqu’Aharon vit les Nessiim/princes des tribus, apporter leurs offrandes pour l’inauguration du Sanctuaire, il fut affligé de n’avoir pas pu être avec eux, ni lui ni sa tribu.

Évidemment la peine d’Aharon ne provenait ni d’un sentiment de jalousie envers les Néssiim, ni de frustration à un manque de kavod (respect).

Lui qui était le symbole même du désintéressement, qui avait un cœur si pur, qui méritait de porter le ‘hochen [le pectoral] sur sa poitrine, ne nourrissait certainement pas de telles pensées. Pour compenser le fait qu’il n’ait pu offrir cette offrande, Hachem lui déclara « Par ta vie! Ta part est plus grande que la leur! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières [de la Menora ]» (Rachi 8,2 au nom du Midrach Tan’houma)

Le deuxième événement, se passe un an après la sortie d’Égypte. Moché Rabbénou ordonne au peuple de célébrer pour la première fois la fête de Pessa’h et de procéder au sacrifice du korban Pessa’h (sacrifice de l’agneau pascal). Malheureusement, la joie de cette première commémoration ne sera pas partagée par tous. Moché Rabbénou reçoit la visite surprenante d’une poignée de personnes ne pouvant pas procéder à ce sacrifice, car ils étaient impurs (voir Bamidbar 9,7). Néanmoins ils réclamèrent de pouvoir fêter eux aussi ce grand jour. Ils se sont sentis comme « punis » sans raison fondée, car ce n’était pas dû à une négligence de leur part, mais plutôt lié à un cas de force majeur. Suite à cela, Hachem a dit à Moché de leur accorder un « Pessa’h’ chéni » pour qu’il puisse eux aussi procéder au korban Pessa’h’, une fois leur état d’impureté passé.

Nous pouvons voir deux liens entre ces deux événements. La volonté de l’homme à vouloir accomplir le service divin et la récompense de Hachem envers celui qui veut se rapprocher de Lui.

Lorsque Hachem a transmis les Tables de la Loi gravées par Ses soins (Chemoth 31,18), Il a aussi ordonné de faire une arche en bois de Chittim et de les déposer à l’intérieur (Chemoth 25,10). Le Pa’had David demande pourquoi Hachem a-t-il exigé une telle prescription? N’est-il pas mieux que les Tables soient placées à la vue de tout le peuple d’Israël ? A quoi bon les introduire dans une arche spéciale pour les garder ?

Et il répond que Hachem a voulu apprendre aux enfants d’Israël qu’il ne suffit pas de regarder la Tora. Il ne faut pas juste la voir devant les yeux pour faire attention à elle. Même cachée elle doit être gravée dans nos cœurs et nous devons la chercher constamment pour faire briller le monde de sa lumière. L’essence de la Tora est son étude, son utilisation dans la pratique, comme il est dit « C’est un arbre de vie pour ceux qui s’en saisissent » (Michlé 3,18).

L’authenticité de notre union avec la Tora va dépendre de cette recherche à la connaître.

Le jour du don de la Tora, nous faisons un festin, nous revêtons nos habits de fêtes, nous nous consacrons aux prières et à l’étude. Chavou’oth est passé, Hakadoch Baroukh Hou a donné à chacun de nous la Tora, sans exception. La Tora rangée dans l’arche, il est à nous maintenant de se montrer fidèle à elle.

Mais où est passé notre engouement ? Allons nous faire comme Reouven qui une fois la fête passée, disparaît sans laisser de nouvelles, et réapparaît l’année d’après, dans son beau costume juste pour refaire la fête ?

Chavou’oth signifie « les semaines », mais aussi « les serments :  »Nous accomplirons, puis nous comprendrons » » qui sont un signe d’engagement d’accomplir notre sainte Tora.

Nombreux sont les arguments pour nous distraire de notre étude quotidienne : le travail, le temps. Ce ne sont juste que des excuses, car la disponibilité et le temps dépendent simplement de la volonté et de l’ordre de priorité.

Cette volonté même si elle ne peut parfois être accomplie comme dans notre paracha pour Aharon qui n’a pas donné avec les autres d’offrandes ou comme ce groupe de personnes qui n’ont pu participer au korban Pessa’h. C’est cette volonté qui sera récompensée par Hachem qui lira dans notre cœur la pureté de nos pensées.

La Guemara nous enseigne : « Celui qui cherche à se purifier est aidé est aidé du Ciel » (Chabbath 104a, Yoma 38b), et : «Dans la voie qu’un homme veut suivre, on le conduit » (Makot 10b).

Nous sommes mariés avec la Tora, elle n’est pas la juste là au moment des fêtes ou du Chabbath, nous devons assumer notre rôle d’époux toute l’année et à tout moment. Que l’on passe par des épreuves, des joies ou des difficultés. Si notre volonté sincère est toujours d’aller chercher la Tora et la sortir de son arche pour l’honorer et y découvrir jour après jour tous ses secrets en l’étudiant. Hachem nous récompensera en nous offrant toutes les bénédictions qui y sont promises.

Chabbath Chalom

OVDHM – Rav Mordekhai Bismuth

Rav Mordékhai BISMUTH

Extrait de la Daf de Chabat disponible sur notre site wwww.ovdhm.com

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