Les sondages ne parviennent toujours pas à mesurer les intentions de vote en faveur de Trump

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Les sondages ont encore échoué à mesurer le nombre d’électeurs pro-Trump à l’occasion de la primaire du Parti Républicain pour choisir un candidat au poste de gouverneur de la Virginie.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article de Stephen Dinan et Seth McLaughlin paru dans le Washington Times, jeudi 15 juin.

Les sondeurs ont eu de la difficulté à repérer la montée du soutien en faveur de Corey Stewart lors de la primaire républicaine pour le poste de gouverneur de la Virginie cette semaine, ce qui suggère qu’ils n’arrivent toujours pas à sonder les supporters de Trump.

M. Stewart, président du Conseil des superviseurs du comté de Prince William et président de campagne de Trump en Virginie, s’est présenté comme le candidat pro-Trump, défendant un programme anti-establishment centré sur une approche sévère envers les immigrants clandestins.

Les sondages – étonnamment peu nombreux – montraient que M. Stewart ne réussissait pas à aller chercher au-delà d’un soutien de 20%, traînant derrière Ed Gillespie, le favori de l’establishment républicain, par jusqu’à 27 points de pourcentage.

En définitive, M. Gillespie a dépassé M. Stewart d’un seul point de pourcentage, 44% contre 43%. Cela signifie que beaucoup de partisans pro-Trump de Stewart ont été négligés par les sondages.

Michael McKenna, un sondeur et stratège de Virginie, a déclaré que ces résultats devraient provoquer un choc chez les firmes de sondages. « Les chercheurs ont du travail à faire afin de s’assurer d’obtenir des réponses de la part de toutes les différentes populations pertinentes », a déclaré M. McKenna au Washington Times.

Les firmes de sondages ont éprouvé le même sentiment l’an dernier lorsqu’elles ont compris que les sondages qui annonçaient la victoire d’Hillary Clinton au niveau du vote populaire dans certains États, étaient passées complètement à côté de la popularité de Donald Trump dans plusieurs États chaudement disputés (battleground States).

Les sondages réalisés par les médias étaient particulièrement inaptes à trouver des partisans de Trump. Ils ont négligé les soutiens de M. Trump dans les États chaudement disputés qu’il a facilement gagnés, tels que l’Iowa et l’Ohio, et se sont emballés pour le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie où ils prédisaient une victoire de Clinton.

Les maigres résultats de Clinton dans ces États ont provoqué de vives discussions parmi les enquêteurs qui ont tenté d’expliquer ces erreurs.

Certains ont spéculé sur le fait que les électeurs pro-Trump étaient trop timides pour dire aux enquêteurs de quel côté ils penchaient, tandis que d’autres ont conclu qu’ils s’étaient trompés sur le taux de participation attendue. Les enquêteurs comptaient sur les partisans « mous » d’Hillary Clinton qui, en fin de compte, ne sont pas allés voter (NDT : Pour mémoire Hillary leur a reproché d’avoir surestimé le vote en sa faveur et considère que c’était l’une des causes de son échec !).

M. Stewart a déclaré que les enquêteurs ne savaient pas non plus comment mesurer correctement le degré d’enthousiasme des électeurs sondés via Internet. « Il y a beaucoup de gens qui ont été réveillés, qui se sont mobilisés à cause de la campagne de Trump, et nous ne savons toujours pas qui va se présenter et voter dans les primaires républicaines à venir », a-t-il déclaré à propos des sondages qui ont sous-estimé le soutien pour Trump.

Selon Stewart, les sondages pendant la majeure partie des primaires étaient basés sur de «mauvais échantillons» et des outils tels que les médias sociaux ont permis aux travailleurs des campagnes électorales d’atteindre des électeurs que les sondages négligeaient. « Il y avait une manière très conventionnelle de déterminer le vote qui est maintenant dépassé. De nos jours, les gens sont davantage mobilisés par les médias sociaux et ils le sont rapidement et facilement, alors qu’avant c’était prévisible. Il y avait seulement les médias traditionnels et à peu près les mêmes personnes apparaissaient à gauche ou à droite. Les médias sociaux ont tout transformé. »

L’un des plus gros ratés de cette année a été un sondage du Washington Post associé à l’Université George Mason, en mai, qui prédisait un raz-de-marée. Il montrait que M. Gillespie obtenait 38 pour cent des intentions de vote et M. Stewart traînait de l’arrière à 18 pour cent à peine devant les 15 pour cent de M. Wagner.

Mark Rozell, doyen de la Schar School of Policy and Government, qui s’est associé au WaPo pour ce sondage, a trouvé qu’un certain nombre de facteurs ont favorisé la performance surprenante de M. Stewart. « La participation était faible et dans ce cas, le candidat idéologique dont les appuis étaient plus intenses, s’est surpassée par rapport aux autres. C’est le genre d’effet surprise qu’on obtient lorsqu’il y a un faible taux de participation dans une campagne électorale qui se tient en dehors du cycle habituel ».

Selon Rozell, ce vote lors d’une primaire suggère que M. Gillespie aura de la difficulté à l’emporter lors des élections générales.

Un sondage a réussi à prédire presque exactement le résultat de cette primaire républicaine. Change Research, qui a mené son sondage entre le 8 et le 10 juin, montrait que M. Stewart menait par 42% contre 41% pour M. Gillespie, alors que les partisans de M. Stewart semblaient plus engagés à aller voter.

Par contre, cette réussite de Change Research a été assombrie par l’échec total à prédire le résultat de la primaire démocratique, alors que la firme donnait l’ancien représentant, Tom Perriello, facilement gagnant. Au lieu de cela, c’est le lieutenant-général Ralph Northam qui l’a emportée largement.

Pat Reilly, porte-parole de Change Research, a déclaré que (concernant la primaire républicaine), les enquêteurs avaient construit leur bassin de répondants en ligne, principalement avec Facebook. Cela leur a permis de bâtir un échantillon beaucoup plus large que lors des enquêtes traditionnelles par lignes téléphoniques dont le taux de non-réponse est énorme. Selon lui : « Le principal soutien de Stewart se trouvait parmi les plus grands fans de Donald Trump – ceux qui donnaient à Trump une note de 9 ou 10 sur 10 – parmi lesquels il menait devant Gillespie par près de 20 points. Parce que nous avons continué de sonder jusqu’aux derniers jours de l’élection, nous avons vu ce sentiment se développer en ligne ».

Selon Larry Sabato, un politologue de l’Université de Virginie, les premiers sondages en Virginie cette année « étaient terriblement mal faits». « Les sondages ont généralement mis de l’avant deux thèmes qui se sont transformés en sagesse conventionnelle.
Premièrement, Gillespie était le favori, allait l’emporter haut la main et la primaire républicaine n’était pas réellement contestée. Deuxièmement, Northam et Perriello étaient dans une lutte à mort dans un primaire démocratique très serré que Perriello était sur le point de gagner. Les deux propositions étaient absolument fausses ».

Dans les sondages, les dangers de rater la cible sont multiples.

Mais le fait de négliger les électeurs pro-Trump augmente le risque de biaiser les statistiques et de fausser la perception en ce qui a trait à l’approbation et à la popularité du Président, et d’être incapable de prédire la popularité ou l’impopularité du projet de loi sur les soins de santé des Républicains à la Chambre des Représentants. « Les chercheurs doivent être honnêtes. Ils sont considérés par un grand nombre de personnes comme faisant partie du problème », selon M. McKenna. « Que ce soit ou non mérité, cette méfiance est réelle. Elle affecte les taux de réponse et les baisses de nombres de répondants lors des sondages politiques ».

David Paleologos, qui dirige des sondages à l’Université de Suffolk, n’a pas mené de sondages en Virginie, mais il pense que les électeurs négligés présentent un problème qui n’a rien de majeur.

Selon lui, les primaires d’État, telles que la course Gillespie-Stewart-Wagner, sont pleines d’embûches. Elles comprennent un grand nombre d’électeurs indécis et davantage qu’un choix binaire entre deux candidats. Beaucoup d’électeurs de Stewart pouvaient se dissimuler dans d’autres catégories. « S’il y a un nombre élevé d’indécis, et que se présente un candidat comme Trump ou partisan de Trump, vous pouvez facilement masquer votre soutien dans la colonne des indécis » (NDT: Il ne dit pas pourquoi un pro-Trump voudrait dissimuler son soutien!).

M. Paleologos croit cependant que ce n’est probablement pas un problème aussi important lorsqu’on examine le taux d’approbation du travail de M. Trump, où la question est simple et il n’y a pas d’autre réponse possible. « Lorsque le sondeur arrive avec une question binaire (vous approuvez ou désapprouvez), et lorsque l’échantillon est correctement formé et que toutes les autres possibilités sont vérifiées d’avance, les sondages sont très proches du résultat » (NDT : Sauf que si les pro-Trump se dissimulent comment former un échantillon représentatif ?).

© Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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