En Syrie, de nouveaux soupçons d’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta orientale

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Men are seen in a hospital in the besieged town of Douma, Eastern Ghouta, Damascus, Syria February 25, 2018. Picture taken February 25, 2018. REUTERS/Bassam Khabieh

SYRIE – Les habitants de la Ghouta orientale attendent dans l’angoisse un début d’application du cessez-le-feu. Mais les bombardements se sont poursuivis dimanche 25 février dans cette enclave rebelle aux portes de Damas, au terme d’une semaine ayant causé la mort de plus de 530 civils, dont au moins 130 enfants.

Les forces du régime ont lancé le 18 février une intense campagne aérienne contre la Ghouta, qui est le prélude, selon un média pro-régime, à une offensive terrestre pour reconquérir cette région. Le régime a poursuivi dimanche ses raids aériens sur la région -même s’ils étaient moins intenses que les jours précédents – au lendemain d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu d’un mois en Syrie, pour distribuer de l’aide humanitaire et évacuer des blessés dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière.

Alors qu’un médecin a fait état de cas de suffocation, de nouvelles accusations d’attaque chimique ont été lancées par un groupe rebelle qui a pointé du doigt le régime de Bachar al-Assad. Moscou, allié indéfectible de Damas, a réfuté ces allégations.

« Une odeur de chlore » qui se dégage « des vêtements et de la peau »

Mais dimanche, 14 cas de suffocation ont été rapportés après un bombardement du régime, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a précisé que parmi eux figurait un enfant qui est décédé.

« De nouvelles victimes dans les bombardements aériens sur la Ghouta orientale aujourd’hui, dimanche, portent le nombre de morts à 14. La moitié d’entre eux sont des enfants et des femmes »

Un médecin a évoqué auprès de l’AFP des « soupçons d’armes chimiques, probablement une attaque au gaz de chlore ». « Une odeur de chlore se dégage des vêtements et de la peau de la plupart des patients. Beaucoup ont des difficultés respiratoires et des irritations au niveau des yeux et de la peau », a-t-il précisé.

Un responsable du puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, Mohamed Allouche, a accusé sur son compte Twitter le régime d’avoir utilisé du « gaz de chlore ».

Plusieurs accusations d’utilisation de gaz sarin et gaz de chlore

Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, les forces en présence, en particulier celles du régime de Bachar al-Assad, ont été accusées à de nombreuses reprises d’avoir eu recours à des armes chimiques, que le président syrien avait reconnu posséder en 2012 et menacé d’utiliser en cas d’intervention militaire occidentale, mais pas contre sa population.

Plusieurs rapports ont conclu à l’utilisation de gaz sarin par les forces du régime, en 2013 lors d’une attaque dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, près de Damas (au moins 1429 morts, dont 426 enfants), ou en avril 2017, lors d’un raid aérien sur Khan Cheikhoun, faisant 83 morts selon l’ONU (en représailles, les États-Unis tireront 59 missiles de croisière Tomahawk vers la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate).

Fin août 2016, une commission d’enquête de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) conclut que des hélicoptères militaires syriens ont répandu du gaz de chlore, cette fois-ci, sur au moins deux localités de la province d’Idleb, à Talmenes en 2014 et Sarmine en 2015. En octobre 2016, un rapport de cette même commission d’enquête conclut que l’armée syrienne a mené une attaque à l’arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas (province d’Idleb) en 2015.

Les cas de suffocation se sont multipliés entre la fin janvier et le mois de février. Le 22 janvier, l’OSDH rapporte 21 cas de suffocation à Douma, dans la Ghouta orientale, des habitants et des sources médicales évoquant une attaque au chlore. Le 13 janvier, une attaque similaire avait visé la périphérie de Douma, selon l’ONG.

Le 4 février, au moins 11 cas de suffocation sont rapportés à Saraqeb (province d’Idleb). L’OSDH cite des habitants et des sources médicales faisant état d’un « gaz toxique » répandu sur la ville.

Chaque jour, les mêmes scènes

Chaque jour depuis le début de l’offensive du régime le 18 février, les correspondants de l’AFP ont assisté aux mêmes scènes: des corps alignés dans les morgues d’hôpitaux de fortune, des enfants en pleurs et le visage ensanglanté, des secouristes à bout de force, enveloppés dans des nuages de poussière grise et qui tentent de dégager des victimes des décombres.

Mais le ministère russe de la Défense a pointé du doigt les insurgés, assurant qu’ils prévoyaient « un recours à des substances toxiques afin d’accuser les forces gouvernementales d’utiliser des armes chimiques contre la population civile », selon un communiqué.

Par le passé, plusieurs cessez-le-feu temporaires ont été adoptés en Syrie. Leur entrée en vigueur et leur respect par les belligérants peuvent parfois prendre du temps, et elles finissent souvent par voler en éclats.

La résolution de l’ONU prévoit des exceptions au cessez-le-feu pour les combats contre divers groupes jihadistes, mais elles peuvent donner lieu à des interprétations contradictoires car Damas qualifie tous les rebelles de « terroristes ». La Ghouta, où vivent quelque 400.000 habitants, est pourtant une des quatre « zones de désescalade » instaurées en Syrie et censées garantir localement une trêve des combats.

Source www.huffingtonpost.fr

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