Les Tchèques s’inquiètent de la montée de Daech dans le pays

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Tomáš Zdechovský, membre de Commission européenne du contrôle budgétaire

Environ 3 000 citoyens européens ont rejoint les rangs de Daech en Syrie et en Irak. Certains d’entre eux ont été entrainés dans les Balkans, selon un rapport Europol, qui ne manque pas d’inquiéter les Tchèques.

Dans les pays des Balkans, l’Islam militant est apparu lors des guerres qui ont suivi la chute de la Yougoslavie dans les années 1990. Il en reste surtout des traces en Bosnie-Herzégovine.

Les combattants islamistes y ont en effet développé des communautés après la guerre de 1992-1995. Des centaines de « moudjahidines bosniens », c’est-à-dire des volontaires musulmans étrangers qui se sont battus dans le pays, ont reçu la citoyenneté bosnienne après la guerre, augmentant ainsi les rangs des radicaux.

« Outre les structures d’entrainement en Syrie, il existe des centres plus petits dans l’UE et dans les pays des Balkans », avertit un rapport d’Europol, notamment des camps de formation à la survie qui « permettent aux recruteurs de Daech de tester l’endurance et la détermination des aspirants ».

Les statistiques du gouvernement albanais révèlent que 110 combattants opèrent en Bosnie. Des sources non officielles estiment pourtant que ce nombre est en réalité plus proche de 200. Des camps similaires se trouveraient également au Kosovo et en Macédoine.

« C’est un problème, surtout pour les services de renseignement et de sécurité », estime Tomáš Zdechovský, eurodéputé tchèque responsable du dossier pour le Parti populaire européen (PPE), de centre droit. « Ils se concentrent sur les personnes qui voyagent vers la Turquie et la Syrie, pas sur ceux qui se rendent dans les Balkans. »

Le problème de l’islam radical ne concerne pas seulement le voisinage de l’UE. Selon Tomáš Zdechovský, au moins dix islamistes macédoniens et kosovars ont habité dans des pays d’Europe occidentale, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège, la Suède et la Suisse. « Des Albanais qui tentaient d’atteindre l’Irak et la Syrie ont également été arrêtés au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne, en Italie, en Grèce, en Turquie, en Égypte et en Arabie saoudite », assure-t-il.

Parmi les profils originaires des Balkans qui ont rejoint Daech, certains disposaient aussi d’une nationalité européenne

Les spécialistes du terrorisme international sont convaincus que pour améliorer la situation, il faut davantage de partage d’informations, non seulement entre les services de renseignement des Balkans, mais aussi au sein de l’UE.

La coordination et le partage d’information entre les agences gouvernementales des États membres sont les responsabilités principales du Centre européen de la lutte contre le terrorisme (ECTC). Le centre a été lancé en janvier 2016 en réponse aux attentats qui se sont déroulés à Paris en novembre 2015 et ont coûté la vie à 130 personnes.

L’eurodéputé Tomáš Zdechovský estime que l’UE devrait forcer les États candidats à l’adhésion, comme l’Albanie, la Macédoine et la Bosnie, à lutter contre l’islam radical. « Le problème principal est de convaincre la Bosnie d’expulser les imams radicaux, qui financent aussi des projets caritatifs dans ce pays très pauvre », estime-t-il.

 

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