Terrorisme : former les israéliennes, notamment orthodoxes, à la médecine urgentiste

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En Israël, 89 femmes, dont beaucoup proviennent de communautés ultra-orthodoxes, ont participé au tout premier exercice d’évacuation massive de blessés (MCI). Elles ont récemment terminé leur formation EMT (Emergency Medical Technician) dans plusieurs régions du pays. Elles se sont retrouvées à Jérusalem mardi dernier pour un exercice qui simule une attaque terroriste de masse sur un lycée de jeunes filles, organisé sous la supervision de formateurs certifiés, de paramédicaux et de médecins de United Hatzalah. 59 personnes ont été maquillées comme des blessées, et pour donner plus de réalisme à la scène, des sirènes, des cris enregistrés, des feux clignotants et des machines à fumée accompagnaient l’exercice.

United Hatzalah regroupe plus de 3000 volontaires à travers tout Israël qui interviennent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an.

Batsheva Soussan, récemment diplômée en EMT témoigne : « L’exercice a été bien orchestré et nous a permis de percevoir concrètement ce qu’est un accident de masse. Pour la première fois, nous avons pu voir les différents acteurs EMS (Emergency Massive Response) travailler ensemble sur une même scène. Ce fut surprenant de voir des femmes d’horizons et milieux très différents et des spécialistes EMS se réunir pour mieux sauver des vies. Le sentiment de participer à une démarche commune pour le bien de tous prévalait chez toutes les femmes, comblant les clivages religieux et sociaux. Beaucoup de femmes venaient de milieux très religieux. C’était fascinant de voir ces femmes très religieuses s’extraire de leurs responsabilités domestiques ou professionnelles pour se projeter dans un autre univers. Cela illustre comment chacun d’entre nous peut sortir de ses propres zones de confort et amener quelque chose de différent dans sa propre communauté« .

Batsheva Soussan a commencé à travailler chez United Hatzalah après avoir entendu des histoires de sauvetage, elle a compris qu’elle voulait aussi devenir une EMT. « Une fois l’un de nos formateurs a aidé une mère à sauver son propre enfant à distance. Cela m’a beaucoup ému et j’ai su que je voulais devenir une EMT pour sauver des gens. Je suis très reconnaissante envers cette organisation qui permet aux femmes de rejoindre les rangs des volontaires qui sauvent des vies chaque jour. Elles nous permettent d’apprendre en tant que femmes, de nous entraîner ensemble et de travailler ensemble en petits groupes ou seules, selon nos propres horaires, en tant que bénévole. »

Une autre participante, Bracha Zicherman, raconte : « Cet exercice a été le premier avec des personnes et non des poupées. Lorsque vous voyez une personne avec un couteau sortir de la tête, même si c’est un faux couteau et un maquillage professionnel, vous avez un sens du réalisme qui n’est pas présent dans les cours de formation, aussi professionnels soient-ils. Lorsqu’une femme souffre d’une lésion thoracique ou d’une blessure qui affecte son système reproducteur, c’est aussi plus confortable et moins intrusif pour elle d’être traitée par une autre femme ».

 

Pour Bracha Zicherman, seules des femmes EMT peuvent s’occuper de femmes dans certaines circonstances, «lors d’accouchements, les femmes préfèrent préserver leur intimité. Un jour, nous aurons assez de femmes EMT que nous pourrons envoyer soigner des femmes pour des urgences médicales. Cela nous permettra de diminuer les traumatismes« .

L’exercice a été organisé par Gitty Beer, récemment diplômée EMT, épouse du fondateur et président de United Hatzalah, Eli Beer. Gitty Beer explique « qu’elle a organisé l’exercice pour mieux préparer les EMT fraîchement diplômées au pire scénario possible ». Selon Eli Beer, « mon épouse est devenue de facto le chef de ce qui va devenir la division femmes de l’organisation, en se concentrant sur les femmes fournissant une assistance médicale d’urgence à d’autres femmes. Dans cet esprit, l’exercice était dirigé par des femmes et uniquement par des femmes« .

 

Gitty Beer ajoute : «Nous avons formé quatre groupes de femmes récemment diplômées, qui ont toutes terminé leurs formations EMT au cours des derniers mois. Les cours, dont certains ont été parrainés par l’organisation de femmes Lions of Judah, ont été mis en place afin de permettre aux femmes qui voulaient apprendre à sauver des vies de pouvoir le faire dans un environnement confortable et «cacher», de construire des liens d’amitié et de camaraderie avec d’autres femmes semblables », a expliqué Gitty Beer. «Nous savons tous que les urgences médicales peuvent être terriblement stressantes et dangereuses. Notre souhait est d’éliminer autant que possible ce malaise ressenti par les femmes. Les gens sont déjà dans un état vulnérable en cas d’urgence, nous visons à minimiser ce stress supplémentaire. Je suis très satisfaite de la participation pendant l’exercice et des résultats ».

 

« Le nombre important de personnes impliquées dans l’exercice, et le professionnalisme dont chacune d’elles a fait preuve, était spectaculaire. Beaucoup de femmes ne faisaient pas de service militaire ou national en raison de leur mode de vie religieux. Beaucoup estiment qu’il leur manque quelque chose en dehors de leur famille ou de la vie professionnelle pour les autonomiser. Pendant les cours, elles apprennent les compétences nécessaires pour sauver des vies. Ces compétences peuvent les motiver et les aider à devenir plus sûrs d’elles-mêmes dans leur vie personnelle et dans leur propre communauté. C’est gagnant-gagnant pour tout le monde. Les femmes reçoivent les connaissances et la capacité d’aider leurs communautés, les communautés reçoivent des soins médicaux supplémentaires et les patients reçoivent des soins médicaux plus rapides et moins intrusifs de soignants partageant les mêmes idées qui sont maintenant formés EMT. Ce projet est idéal pour les femmes de toutes les communautés, qu’il s’agisse de soignants ou de patients. En fin de compte, ce sont les patients qui sont prioritaires. Ce sont eux qui bénéficieront le plus de ces types de formations », conclut Gitty Beer.

Traduction/adaptation Esther Amar pour Israël Science Info

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