Ticha beav

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Nous sommes à quelques jours du 9 Av, Tish’a BeAv, dont l’évocation la plus marquante est la destruction du 1er  et du 2nd Temple de Yeroushalayim (nous vous invitons à relire la Lettre de Dvar Torah n° 7 à l’adresse : https://dvartorah.org/content/6-lettre-dvar-torah )

Depuis les destructions des deux Temples la joie en Israël n’est plus ce qu’elle était auparavant. Elle ne retrouvera son éclat qu’avec l’arrivée du Mashia’h -du Messie-, la reconstruction du Temple, ce sera donc le 3ème. Alors la Shekhina -la présence de Hashem- se manifestera à Yeroushalayim, en Erets Israël et au sein de tout Son Peuple revenu sur sa terre. Une réalisation que nous appelons tous de nos vœux les plus ardents pour que cela se réalise le plus vite possible. Toutes les Nations reconnaîtront alors en nous le peuple choisi par D’ pour Le servir : Mamlekhèth Kohanim vegoye kadoch ! Royaume de prêtres et peuple saint !

Cette formidable espérance est encore, hélas, contredite par le fait que nous sommes toujours en Galouth, en exil, dispersés de par le Monde, avec le lot de conséquences vécues au quotidien.

Or, comment pourrions-nous réellement apprécier la Délivrance tant attendue si nous ne percevons pas ce que nous avons perdu du fait des souffrances, provoquées en ce si triste jour du 9 Av ?

C’est à cette prise de conscience que nos Rabbanim ont voulu nous faire accéder en édictant les règles de deuil détaillées plus bas.

Personne ne l’ignore, un enfant grandit lorsque son regard se porte un peu plus loin, en retire un enseignement et agit en conséquence. Il acquiert peu à peu de l’assurance. Il reconnaît ses bienfaiteurs et il apprend à leur faire confiance. Il apprend, il est éduqué et il s’éduque. Il en est de même pour une assemblée, comme pour un peuple.

Les Hébreux avaient été asservis et cruellement maltraités en Egypte. Après la libération d’Egypte, ils se sont retrouvés dans le désert du Sinaï, placés sous la protection du Ciel. Certes, ils avaient avant cela assisté aux 10 plaies infligées exclusivement aux Egyptiens. Ils avaient vécu les miracles qui les ont accompagnés lors de la traversée de la Mer Rouge et leur sauvetage de la main des Egyptiens qui les pourchassaient. La Tora décrit tout cela et tous les foyers d’Israël le rappellent chaque année lors du Séder de Pessa’h.

Le désert est aride, mais ils avaient de l’eau à profusion grâce au puits de Miriam. La manne tombait chaque jour et ils n’avaient qu’à la ramasser pour se nourrir. Elle prenait le goût des mets souhaités. Des nuées aplanissaient le chemin et le déblayaient de toute embûche, comme des serpents et des scorpions. Une colonne de feu les éclairait la nuit. Leurs vêtements et leurs chaussures ne s’usaient pas. Ceux-ci étaient toujours propres et adaptés à la taille de ceux qui les portaient. Bref, ils vivaient un miracle permanent, en étant constamment placés sous la protection de Hashem.

Certes, ils eurent des manquements graves, comme la faute du veau d’or, que Hashem a ensuite pardonnés. Peu avant d’entrer en Erets Israël, ils demandèrent à envoyer des explorateurs qui, à leur retour, ont fauté en parlant mal de la Terre d’Israël. Hashem avait promis aux Patriarches de la donner en héritage aux Bené Israël, leurs descendants, et voilà qu’ils la dénigraient ! C’en était trop ! « Vous pleurez sans raison ! Vous aurez des raisons de pleurer ce jour là ! » C’est en substance ce qu’il a en résulté. L’attitude des Bené Israël traduisait un rejet des bienfaits de Hashem à leur égard. Une forme de trahison ? Comme un enfant qui se rebelle ! En tout cas, elle exprimait un manque de reconnaissance et, partant, de confiance, intolérables. Or, aussi longtemps que le peuple juif sera influencé par des considérations étrangères, elles l’éloigneront de la proximité de Hashem. Une situation qui durera tant que Mashia’h ne sera pas venu pour remettre les pendules à l’heure et nous faire prendre le bon chemin.

Nous avons perdu la proximité de Hashem ! Nous avons perdu de pouvoir vivre constamment dans la félicité, sous Sa protection ! Nous avons perdu de vivre au quotidien le rayonnement de Sa splendeur, de vivre Ses miracles, de sentir Sa présence, de vivre en harmonie avec Lui.

Au contraire, nous avons eu à souffrir et à supporter des affres et des douleurs immenses. Nos êtres les plus chers étaient assassinés, ils mouraient de faim sous nos yeux, des ruisseaux de sang emportaient notre peuple. Quels désastres ! Puis suivirent les tourmentes et les calamités des exils. Comment ne pas s’affliger ?

Alors que Hakadosh Baroukh Hou nous a prodigué tant de bien ! Qu’Il n’a voulu pour nous que le meilleur en nous rapprochant de Lui. Combien a-t-Il été patient et tolérant malgré nos errements ?

Combien donc il nous faut regretter nos divagations pour enfin revenir à Lui !

Ce qu’Il nous demande est insignifiant eu égard à tout ce qu’Il nous procure, tout ce que nous obtenons en accomplissant ce qu’Il nous ordonne. C’est en réalité avec grande joie que nous devrions réaliser chacun de Ses Commandements ! Et parmi ceux-ci, il y a celui d’écouter les décisions et les directives de nos Rabbanim.

Quelques règles essentielles sur Tish’a BeAv, le 9 Av Notamment, pour ce qui concerne les jours qui précèdent le 9 Av, plus précisément depuis Rosh ‘Hodesh Av, le 1er jour de Av et jusqu’au 9 Av, où l’on restreint toute expression de joie. Certes il y aura des exceptions, comme à l’occasion de la circoncision d’un nouveau-né, ou encore lorsqu’il en va de la santé de personnes qui ne pourraient pas supporter des privations.

Ainsi, on ne procédera à aucune inauguration qui procure de la joie, comme celle d’une maison, d’un vêtement et même d’un nouveau fruit qui n’a pas encore été consommé depuis Rosh Hashana, le Nouvel An, sauf dans des cas exceptionnels. On peut acheter de nouveaux vêtements avant le 9 Av si l’on sait que leurs prix vont augmenter par la suite, à la condition de ne pas les porter avant le 11 Av. On n’écoute pas de musique déjà depuis le 17 Tamouz et ce jusqu’au 10 Av inclus.

Cette année, Rosh ‘Hodesh Av est tombé depuis le jeudi 1er août à la nuit jusqu’à l’entrée de Shabbath. En temps ordinaire, lorsque le 9 Av ne tombe pas un Shabbath, les restrictions se durcissent dans la semaine qui précède le 9 Av. Or, ce n’est pas le cas cette année puisque la date du 9 Av tombe effectivement ce prochain Shabbath ! Or, comme nous ne jeûnons pas un Shabbath, hormis à Yom Kippour, qui tomberait un Shabbath, on ne jeûnera donc pas ce 9 Av, mais bien le 10 Av. En reculant la date du 9 au 10 Av – soit cette année le samedi 10 août 2019 dès 21h15 à Paris jusqu’au dimanche 11 août à 21h58 à Paris – on espère que Mashia’h, le Messie, viendra entre temps. Alors, non seulement il annulera toute raison de s’affliger, mais le Jour de Tish’a BeAv, le 9 Av, deviendra un jour de fête !

Jusqu’au 10 Av inclus, on ne construira pas, on n’installera ni on ne décorera une nouvelle maison. On ne plantera pas non plus d’arbres d’agrément. On évitera d’entreprendre des achats ou de conduire des transactions qui réjouissent.

La Havdala à la fin du Shabbath ‘Hazon (qui précède la célébration de Tish’a BeAv) se fera exclusivement sur les flammes de la bougie. La Havdala à la fin de Tish’a BeAv ne comprendra elle que la bénédiction sur le vin, qui pourra être bu, et le texte de la Havdala elle-même.

Depuis Rosh ‘Hodesh les Ashkenazim ne se lavent ni avec du savon, ni avec de l’eau chaude et ne se baignent pas.

Les Sefaradim ne se l’interdisent que pour la semaine qui précède le 9 Av. Mais du fait que cette année la célébration du 9 Av est repoussée au dimanche -qui relève d’une autre semaine- la règle de la semaine qui précède le 9 Av n’est pas appliquée, ni donc ses restrictions.

Chacun est autorisé à se laver pour des raisons d’ordre médical ou en cas de souillures ou s’il l’on ne supporte pas cette privation. D’aucuns permettent de se laver à l’eau froide que dans certaines conditions, plus particulièrement veille de Shabbath. Aussi parce qu’il y a lieu de tenir compte de l’environnement. Il pourrait ne pas comprendre le respect de ces restrictions, en être perturbé et enclencher à des effets négatifs qu’il vaut mieux éviter.

Il n’y a pas de Se’oudat mafséketh -le repas d’avant le jeûne- proprement dit lorsque le 9 Av est repoussé au 10 Av. C’est le 3ème  repas de Shabbath qui le remplace, si l’on peut dire, sans en diminuer pour autant la joie du Shabbath. Il faudra que ce repas soit obligatoirement terminé avant 21h15 à Paris.

On ne s’enduira pas non plus de crèmes ou d’huile le jour de Tish’a BeAv, le 9 Av qui est cette année repoussé au 10 Av. Ni on se lavera ce jour-là, si ce n’est les premières phalanges des doigts, ou bien encore en cas de souillure, ni on ne se rincera la bouche. On ne respirera pas de parfums. On s’assiéra à même le sol ou sur un siège bas, au moins jusque dans l’après-midi du dimanche. On n’aura non plus pas le droit d’étudier la Tora, si ce n’est des passages qui se rapportent au deuil et qui attristent, comme la Meguila Ekha, les Lamentations de Ekha, qui décrivent les atrocités vécues lors du siège et de la destruction des deux Temples de Jérusalem. On évitera de travailler le 9 Av (cette année le 10 Av) ; aucun bienfait ne pourrait en résulter. On ne portera pas ce jour-là de beaux vêtements.

Depuis Rosh ‘Hodesh, on ne fait pas de lessive, sauf pour les besoins des jeunes enfants ou pour les personnes malades, si l’on n’a pas d’autres vêtements ou s’ils risquent d’être abîmés. On ne donne pas non plus d’habits à nettoyer.

Pour les Sefaradim, la restriction de laver du linge n’intervient que pour la semaine qui précède le 9 Av. Elle n’a donc pas lieu cette année puisque le 9 Av est repoussé au 10 Av.

On ne mettra pas de vêtements trop bien repassés ou qui sortent du pressing. Soit on aura porté avant Rosh ‘Hodesh quelques vêtements durant une heure ou deux, le temps de les défraîchir. Soit on les aura étalés sur le carrelage ou le plancher pour leur donner un air de « déjà mis » avant Rosh ‘Hodesh. Ils peuvent alors être portés, selon les besoins, jusqu’à la fin de Tish’a BeAv, jusqu’au lendemain du 9 Av. Cette année, ce sera jusqu’à la nuit, veille du 11 Av.

Depuis le 17 Tamouz on ne se rase pas, ni on ne se coupe les cheveux. Pour les Sefaradim, ces interdits n’ont cours que depuis Rosh ‘Hodesh. Cette année on pourra se raser et se couper les cheveux dès la nuit après la fin du jeûne. Bien entendu on ne se mariera pas jusqu’au 11 Av.

Le jour du 9 Av (qu’on se le rappelle, cette année ce sera le 10 Av) on se comportera comme un jour de deuil à par entière. On devra en outre jeûner –ni boire, ni manger- depuis le le samedi 10 août 2019 dès 21h15 à Paris jusqu’au dimanche 11 août à 21h58 à Paris. Seules les personnes présentant des exigences médicales avérées pourront boire et manger ce jour-là. Il est vivement recommandé de s’en assurer auprès d’une autorité rabbinique. Il est par ailleurs absolument interdit de mettre sa vie en danger !

Ce jour-là on ne portera pas de chaussures de cuir. On n’aura aucune relation conjugale. On se réunira à la synagogue pour prier et lire les Kinoth – lamentations, sur la destruction des deux Beth Hamikdash – Temples. Le soir il est bien d’éteindre les lumières de la synagogue et de lire les lamentations à la lueur d’une bougie ou une petite lampe.

On s’assiéra sur des sièges bas. On ne manifestera aucune joie, au point que toute légèreté ou distraction seraient déplacées. Au contraire, on gagnera à se remémorer et à détailler les épreuves et souffrances infligées au peuple juif depuis son existence. On réfléchira sur leur raison d’être et sur les enseignements qui en découlent. En signe de deuil, on ne se saluera pas.

Les hommes (achkenazes) ne mettront ni le Talith, ni les Tefilines lors de la prière du matin, mais seulement à Min’ha, la prière de l’après midi. Le Talith et spécialement les Tefilines sont aussi des ornements de splendeur prestigieux qui nous relient à Hashem. Les porter nous réjouit et nous honore. En s’abstenant de s’en vêtir et de les porter à la prière du matin, nous marquons notre retrait par rapport à la joie qu’ils procurent, qui n’est pas alors de mise. Quelques allègements sont introduits depuis la mi-journée du 10 Av, notamment en s’asseyant sur une chaise normale plutôt qu’une chaise basse ou à même le sol.

Il nous reste à prier pour que Mashia’h vienne cette année et que le 9 Av, qui est repoussé au 10 Av, se transforme en un très grand jour de fête ! Et si nous ne devions pas encore être en mesure de l’accueillir, qu’il nous soit donné qu’en vivant ce jour -le plus triste de notre calendrier- comme cela est attendu de nous, nous hâtions sa venue. Que nous puissions tous l’accueillir prochainement et de nos jours, Amen !

Et n’oubliez pas sur notre site    www.dvartorah.org    trois cours sont en audition libre en permanence (bas de la page d’accueil) dont 1 spécifique à cette période.

Association DVAR TORAH, 33 (0)1 48 29 65 29, Yehiel Yoel Gronne info@dvartorah.org  www.dvartorah.org

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