Trump veut réduire de 100 milliards de dollars les exportations chinoises vers les Etats-Unis

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La Chine est devenue de loin le premier fournisseur des Etats-Unis, où elle réalise les deux tiers de son excédent commercial mondial, qui a atteint 422,5 milliards de dollars en 2017. Mais Donald Trump a-t-il les moyens d’une guerre commerciale ?

Il aura fallu une semaine à la Maison Blanche pour rectifier : dans un tweet du 7 mars sur son compte Twitter personnel, le président des Etats-Unis avait annoncé : «Il a été demandé à la Chine un plan d’action pour réduire de 1 milliard de dollars son déficit commercial massif avec les Etats-Unis.» Mais le 14 mars, le service de presse de la Maison Blanche clarifiait la pensée de Donald Trump : le président voulait dire «surplus» et non «déficit» et «100 milliards» et non «1 milliard», ce qui est beaucoup plus cohérent avec la réalité des échanges commerciaux entre les deux pays.

En 2017, ils ont atteint un record de près de 635 milliards de dollars au détriment des Etats-Unis, qui accusent avec l’empire du milieu un déficit de 375 milliards de dollars. En effet, l’année dernière, selon le Census bureaul’Insee américain, les Etats-Unis ont importés pour près de 505 milliards de dollars de produits et services en provenance de Chine contre environ 130 milliards d’exportations. Ce déficit, en hausse constante depuis plus de 35 ans, a d’ailleurs explosé depuis le début du siècle… parallèlement à l’augmentation spectaculaire du commerce entre les deux pays. En 2000, les importations en provenance de Chine représentaient 100 milliards de dollars et les exportations américaines 16 milliards de dollars.

Mais, au-delà de la rectification des propos de Donald Trump, l’administration américaine n’a pas donné d’indication sur les orientations que le plan évoqué pourrait mettre en œuvre. La Chine est-elle invitée à acheter plus d’avions et de soja américains ou à cesser de subventionner ses entreprises exportatrices et réduire sa capacité de production d’acier et d’aluminium ? En tout cas, le déséquilibre avec la Chine est spectaculaire et représente à lui seul les deux tiers du déficit commercial total des Etats-Unis. Ce dernier a atteint un record de 566 milliards de dollars en 2017, alors que la Chine, la même année, enregistrait un excédent commercial mondial de 422,5 milliards de dollars.

On comprend mieux pourquoi le président Chinois Xi Jinping s’était fait l’apôtre du libre-échange lors de sa dernière participation au forum de Davos en 2017. En attendant, la réaction officielle de Pékin a été on ne peut plus convenue et, le 15 mars au matin, Lu Kang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, s’est contenté, lors d’une conférence de presse, de déclarer qu’une guerre commerciale n’était dans les intérêts de personne et que la Chine et les Etats-Unis pouvaient résoudre leurs différends par le dialogue.

Mais quelques jours auparavant, un éditorial publié dans le Global Times, tenait un discours moins diplomatique :

Si les Etats-Unis veulent réduire leur déficit commercial, ils doivent s’efforcer de rendre les Américains plus productifs et de conduire des réformes en cohérence avec la demande des marchés internationaux plutôt que de demander au reste du monde de changer

Quelques jours plus tard, un éditorial du même journal rendait compte de la position confiante et confortable de la Chine en se basant sur une note d’analyses de la banque d’investissement UBS. Cette dernière estimait qu’une barrière douanière américaine contre la Chine d’un montant de 10% sur l’ensemble de ses exportations aux Etats-Unis ne représenterait que deux points de réduction de la croissance du commerce extérieur de la Chine et n’aurait un impact sur son PIB que de 0,4%.

Des mesures de rétorsion américaines auraient peu d’impact sur le commerce extérieur chinois

Cette hypothèse ne sort pas de nulle part. En effet, selon plusieurs sources reprises par Reuters, l’administration Trump préparerait un paquet de taxes douanières contre les produits électroniques grand public chinois (hifi et téléphones portables principalement) pour un montant de 60 milliards de dollars, soit, justement, près de 10% de la valeur des exportations de la Chine aux Etats-Unis.

Ces mesures seraient justifiées par une enquête américaine sur les violations chinoises de la propriété intellectuelle, mais non conformes au cadre réglementaire de l’OMC. Elles pourraient en outre affecter les partenaires traditionnels des Etats-Unis.

En effet, les produits électroniques grand public chinois exportés aux Etats-Unis utilisent des composants produits par le Japon et la Corée du Sud, et sont assemblés en partie dans des pays comme le Vietnam et la Thaïlande. Quant aux taxes sur l’acier et l’aluminium de 25% et 10% évoquées récemment, elles affecteraient surtout les partenaires européens des Etats-Unis, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suède et l’Italie, car la Chine vend surtout son acier en Asie.

Source francais.rt.com

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