TUNNEL VISION SUR FRANCE 2

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La chronique de Michèle MAZEL

Tunnel de Gaza

Jeudi soir les journaux télévisés israéliens s’étendaient longuement sur le nouveau tunnel d’attaque du Hamas de Gaza qui aboutissait deux cents mètres en territoire israélien. L’armée venait de le neutraliser. C’était le quinzième cette année. Les experts s’accordaient pour dire que c’était le plus perfectionné. Béton de qualité, système de téléphonie performant, aération et éclairage.

Immeubles détruits de Gaza non reconstruits

On sait que Gaza n’a pas assez de ciment pour construire des habitations et que les Gazaouis ne disposent que de quelques heures d’électricité par jour. L’eau aussi est distribuée au compte-gouttes. Les tunnels, eux, ont droit à toutes les sollicitudes. Leur but est de faire pénétrer en territoire israélien des commandos armés et de faire un maximum de victimes civiles, avec, en prime, l’espoir de capturer quelques otages.

Mais ce n’était pas ce qui préoccupait la deuxième chaine française. Elle diffusait un reportage sur Gaza. Le titre : «la jeunesse estropiée de Gaza».  Sujet porteur. Raccourci de l’émission : les  Israéliens tirent sans provocation aucune sur des gamins pacifiques, les visant délibérément aux jambes pour les rendre infirmes à vie.

Analysons en les clés. Le décor : Gaza évidemment. Le «témoin» un reporter français qui parle arabe. Le Hamas lui a ouvert grand toutes les portes et c’est le Hamas qui a choisi pour lui les victimes à rencontrer. Il a également fourni les statistiques et ce chiffre de 5.000 estropiés que personne ne peut évidemment vérifier. Remarque sémantique : quand la télévision israélienne cite un intervenant étranger, ce dernier parle dans sa langue et des sous-titres en hébreu en donnent la traduction.

Rien de tel à France-2 et le reporter-traducteur n’est pas très fidèle au texte. Ainsi quand un gamin explique qu’il ne faisait rien de mal quand il a été touché, il jetait juste des pierres contre «l’ihtilal Wa Yehud»soit l’occupation et les Juifs, en français ça donne «il jetait des pierres contre les colons». Et tout à l’avenant. Relevons quand même cet autre «jeune» expliquant que, privé de sa jambe, il ne pourrait réaliser son rêve : partir étudier en Israël, obtenir son permis de conduire et prendre un camion… pour faire un méga attentat.

Les adolescents interrogés ne cachent pas que le but des manifestations à la frontière – réunissant parfois plus de vingt mille Gazaouis – est «de rentrer chez eux».  Chez eux, c’est-à-dire à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël. Le reporter veut bien dire du bout des lèvres que les habitants de Gaza y sont arrivés après avoir fui leurs villages ou en avoir été chassés. Pour mémoire, selon les statistiques de l’UNRWA, il y avait à Gaza en 1950, soit deux ans après la guerre d’indépendance d’Israël et la création de l’état, un peu moins de deux cent mille réfugiés inscrits sur ses registres.

L’émission ne mentionne évidemment pas les trois guerres causées par les milliers de missiles tirés de Gaza sur les populations civiles israéliennes de l’autre côté de la frontière et ne s’étend pas sur les raisons qui ont poussé l’Egypte, pays frère, à fermer sa frontière avec Gaza et à détruire les centaines de tunnels par lesquels passaient militants djihadistes, armes et munitions destinés à fomenter et à entretenir l’insurrection djihadiste dans le Sinaï.

L’émission ne mentionne pas non plus l’éducation à la haine contre les Juifs, les incitations à la violence. Qu’importe.  L’image qui va rester, ce sont ces gros plans sur des malheureux gosses ou adolescents infirmes aux rêves brisés. Succès assuré : l’émission va cartonner dans les réunions du BDS et dans les pays arabes,  et hélas aussi dans les banlieues françaises.

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