Une lumière divine

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1950
Une lumière divine

Le récit surprenant d’un soldat sauvé d’un danger imminent…

 

Chaï a grandi dans une famille traditionaliste bénie d’enfants, habitant à Yavné. Après la bar-mitswa, son père lui suggéra de mettre les tefilinnes chaque jour, afin d´acceder à la réussite. Conseil qu’il eut du mal à prendre à cœur…

 

Grâce à ses capacités, il fut envoyé à l’école Beuer à Jérusalem, où il se lia à des jeunes émanant de kiboutsim du Hachomer hatsa’ïr, à l’opposé de la pratique et de la Tora. Gil n’éprouvait pas de haine envers la Tora, mais plutôt de l’indifférence. Lorsqu’il lui arrivait de revenir à la maison pour le Chabbath, il y était reçu comme un invité venant de l’extérieur, un étranger.

Soldat, il fut engagé dans l’une des troupes d’élite. Excellent tireur, il était capable de prendre part à des opérations particulièrement délicates, et passionné par son rôle, il préférait même se passer parfois des permissions mensuelles accordées aux soldats. Un vendredi, à la station centrale des autobus de Jérusalem, il s’arrêta devant un kiosque de fallafel pour se restaurer. Un jeune ‘habad l’accosta et lui demanda s’il avait déjà mis les tefilinnes ce matin-là. D’habitude, Chaï préférait éviter ce genre de rencontres et tourner la tête, voire mentir, afin de ne pas devoir mettre ces lanières noires. Mais cette fois-là, sans vraiment savoir pourquoi, il avoua ne pas les avoir mises. Avant même de pouvoir comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva avec la manche relevée, la lanière enroulée autour de son bras gauche, et l’autre boîtier posé sur la tête. Il ne restait plus à Chaï qu’à dire Chema’ Israël, ce qu’il fit. Il sentit une sorte d’air doux, caressant, et son sang se rafraichir, comme si, en ce midi, sa vie prenait un autre sens..

 

Un jour comme un autre…

Quand Chaï arriva à son unité au début de la semaine suivante, les préparatifs pour la capture d’un terroriste de sombre renommée battaient leur plein. Cet homme, habitant Chekhem, avait tué trois Juifs. Tsahal avait obtenu suffisamment de renseignements à son égard pour lancer cette opération. Chaï, habitué à ce genre d’entreprises, fut préposé à un groupe de quatre soldats. Ils revêtirent des habits civils, et se laissèrent pousser la barbe pour passer inaperçus. Deux d’entre eux étaient d’origine yéménite, et ne détonnaient pas par rapport aux autochtones, mais Chaï dut porter des lunettes et se faire passer pour un étudiant.

Le projet consistait à surprendre le terroriste le vendredi matin, sur son chemin en direction de la mosquée, à 4 h. Les soldats prirent place dans l’un des immeubles situés sur son parcours. Le plan prévu était le suivant : Chaï devait l’accoster, le faire rentrer dans l’immeuble, lui mettre des menottes et, avec le reste du groupe, le traîner dans une voiture pour filer… En cas de difficultés, les ordres étaient évidemment d’abattre le terroriste. Chaï attendait, restant en contact radio avec les autres qui observaient les rues attenantes, et avec le QG qui suivait l’opération à distance.

Chaï connaissait ce genre de mission, pour avoir opéré plus d’une fois. Il avait connu des situations bien plus inquiétantes que celle-ci. Il lui était déjà arrivé de « prendre » un terroriste à l’entrée de la mosquée, au sein même d’une foule peu favorable. Une autre fois, il avait attrapé un consommateur attablé à la table d’un restaurant, en plein ‘Hévron : il savait exactement où l’homme était assis et comment il était habillé ; les autres clients furent frappés de surprise, et n’eurent pas le temps de réagir…

Les Arabes sont loin d’être naïfs ; ils savent parfaitement que des gens comme Chaï se promènent parmi eux, et ils sont très méfiants, et ne font confiance à personne. Chaï, toutefois, avait toujours su passer inaperçu, en particulier grâce à son excellente maîtrise de la langue arabe. Aussi, se sentait-il tout à fait calme, pour cette mission également.

L’heure zéro approchait. Chaï fut averti que le terroriste sortait de son domicile, seul. Se préparant moralement à l’attaque, il se voyait déjà en train de le prendre à la gorge, de le faire tomber par terre, de lui mettre les menottes … Puis ce fut le dernier message : « Vas-y ! »

 

Et alors…

Chaï vit en face de lui, dehors, une grande lumière. Une lumière indescriptible. Il était certain que quelqu’un avait  allumé un projecteur immense dans sa direction. Il sentit une chaleur émanant de cette source, et l’enveloppant. Il se retourna, mais ne distingua rien de spécial. Il tourna à nouveau son regard vers l’avant, et la lumière était toujours là, sans changement. Il s’attendait à une fusillade, à sentir d’un moment à l’autre des balles lui traverser le corps, mais rien ne venait. Il sentait ses pieds rivés au sol. Cela ne dura qu’un court instant, mais il lui sembla comme une éternité.  Il abandonna aussitôt le projet, et se replia vers son camarade Roni, resté en faction dans l’immeuble : « Nou, où est-il ? » Les autres soldats placés en observation lui apprirent qu’en fin de compte, au détour d’un carrefour, deux terroristes s’étaient ajoutés au premier, armés jusqu’aux dents. Chaï saisit immédiatement qu’il avait échappé à une mort certaine : lui, tout seul, contre trois !? Les autres soldats s’en seraient tirés, mais pas lui. « Roni, il y avait une lumière ! Je te dis : une lumière ! »

– Quelle lumière ? Dans ta tête ? »

Chaï tenta d’expliquer au responsable :

« Il y avait de la lumière, on nous avait découverts…

– Tu parles de quoi ? »

Les camarades de Chaï sortirent avec prudence pour inspecter la rue, mais aucune trace de lumière n’y était visible, pas même une lampe électrique. Rien. Chaï, qui n’avait en aucune manière la réputation d’être un rêveur ou un fou, insista pour qu’on continue à vérifier, pensant encore qu’il s’était agi d’un coup monté par les terroristes. Mais ce fut peine perdue : il n’y avait aucune source de lumière.

Le groupe attendit que le soleil se lève. Chaï se souvint alors des tefilinnes qu’il avait mises la semaine précédente, à la station centrale de Jérusalem, et fit le bilan de toute sa vie écoulée. Un sentiment de vide s’empara de lui. Il savait bien que les opérations auxquelles il prenait part étaient vitales pour la défense physique des habitants du pays, mais il sentit que sur le plan moral, il n’avait absolument rien accompli. Il réalisa subitement qu’il était en train de gâcher sa vie. « Chaï, se dit-il, il y a des choses importantes, et tu passes totalement à côté … »

Le vendredi, l’allumage de la sixième bougie de ‘Hanoucca fut entrepris dans la base militaire, avant celles de Chabbath. Chaï tint à être présent. Ces bougies le confortaient dans l’idée qu’une Force Supérieure le gardait, et que toute sa vie avait un sens, unique. Ces lumières lui rappelaient celle de la veille, fantastique. Il comprit alors qu’il devait laisser le Tout-puissant entrer dans sa vie…

Plus tard, eut lieu l’enquête concernant l’étrange incident qui lui était arrivé. Les enquêteurs ne savaient pas comment comprendre ce qui s’était passé avec Chaï, et l’un d’eux lui lança avec sarcasme : « C’est peut-être D’ Qui avait allumé cette lampe ? » A quoi Chaï répondit : « Tu sais quoi ? Tu as peut-être bien raison ! »

Le dimanche, à bout, il demanda à l’officier le droit de prendre quelques jours hors de la base, afin « de se nettoyer la tête ».

A son arrivée à la maison, son père était justement en train de mettre les tefilinnes. « Dis-moi, qu’est-ce qui se passe ?

Tout va bien chez toi ? »

– Oui, papa, pourquoi me demandes-tu cela ?

– Sans raison particulière … J’ai pensé à toi tout le Chabbath, je m’en faisais pour toi sans vraiment savoir pourquoi ».

Emu, Chaï raconta alors son histoire surprenante. En entendant le récit de la lumière exceptionnelle qui l’avait sauvé de la mort, sa mère se mit à pleurer : « Je sais… Tu as droit à une surveillance divine particulière ! Je ne te l’ai jamais dit, mais tu es né circoncis, le mohel a juste du faire couler un peu de sang ce jour-là. Quand tu étais jeune, tu étais plutôt casse-cou, mais tu finissais toujours par t’en sortir. Une fois, tu es tombé sur la route, à un moment de circulation intense, mais tu t’en es tiré sans dégât. Je sais que tu es sous surveillance directe d’En-Haut. Je ne suis pas surprise par ce que tu me racontes…

– Mais pourquoi ai-je dû passer par les voies les plus dures et les plus dangereuses pour arriver à découvrir la vérité ?

– Peut-être sont-elles les meilleures pour toi, pour te permettre de découvrir qui tu es et avec quoi tu dois combattre… »

Depuis lors, Chaï prit sur lui de mettre les tefilinnes chaque jour et de respecter le Chabbath. Il commença également à suivre des cours de Tora.

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