Viande casher : Vienne n’entend pas lister les Juifs

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Le conseiller Gottfried Waldhäusl, membre du parti d’extrême droite FPÖ, souhaite que les Juifs fournissent la preuve de leur appartenance religieuse pour acheter de la viande casher.

Le service régional chargé de la protection animale de Basse Autriche, l’État le plus étendu du pays, a envoyé un courrier aux représentants de la communauté juive pour leur annoncer qu’ils devraient désormais justifier de leurs besoins de recourir à l’abattage rituel. L’achat de viande casher serait donc conditionné à l’obtention d’une licence. Pour ce faire, il faudrait fournir la preuve de son appartenance religieuse…

Limiter la production de viande casher

L’objectif du projet relayé mardi 17 juillet par le quotidien Wiener Zeitung, est de limiter exclusivement la production de viande casher aux personnes d’appartenance juive de cette région et d’en empêcher l’exportation. Le conseiller Gottfried Waldhäusl, en charge du projet et membre du parti d’extrême droite FPÖ, a expliqué à Wiener Zeitung, « qu’il n’était pas acceptable que des Viennois viennent faire égorger des milliers d’animaux en Basse Autriche ».

La grande majorité de la viande casher consommée à Vienne provient de la région de Basse Autriche.

La crainte de la communauté juive

À la suite du tollé suscité par cette initiative, Gottfried Waldhäusl a affirmé qu’il s’agissait d’un simple « acte administratif ». De leur côté, les responsables de la communauté juive craignent l’établissement d’une « liste » de Juifs habilités à acheter de la viande casher. Ce qui « rappelle les chapitres les plus sombres » de l’Autriche, a souligné le président du parti social-démocrate, Christian Kern.

Les communautés juives et musulmanes, consternées par le projet de décret, y ont vu une campagne de l’extrême droite pour les stigmatiser.

Pour le Consistoire israélite de Vienne (IKG), « la protection animale est un prétexte ». Les membres d’IGGÖ, communauté musulmane autrichienne, se sont également levés contre ce projet qu’ils jugent « inacceptable ». Les conservateurs d’ÖVP, en coalition au côté du parti d’extrême droite, ont également été troublés par cette initiative. Ils ont déclaré que « personne n’inscrira dans un registre ceux qui veulent acheter de la viande casher ».

Une initiative rapidement rejetée

L’initiative du conseiller Gottfried Waldhäusl a été rapidement rejetée, mais pas pour des raisons morales. Le ministère de la Justice, à la demande du jeune chancelier Sebastian Kurz, a trouvé « un point juridique en lien avec la loi sur les données personnelles invalidant le projet » explique le politologue Patrick Moreau. Malgré tout, le projet aura suscité l’indignation d’une partie de la population.

 Pour Patrick Moreau, « l’affaire a également embarrassé le vice-chancelier FPÖ Heinz-Christian Strache qui, depuis plusieurs mois, fait face à des scandales des membres les plus extrémistes de son parti ». Pour autant, le débat provoqué par ce projet n’a « aucune conséquence sur la coalition, explique-t-il. Sebastian Kurz ne s’est pas exprimé à propos de l’affaire, il a seulement fait agir le ministère de la justice pour que le projet prenne fin. »
Arthur Dufau – www.la-croix.com

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