Bobigny : procès des accusés de la séquestration d’une famille juive

Bobigny : procès des accusés de la séquestration d’une famille juive

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La séquestration d’une famille juive jugée devant les assises à Bobigny (notre photo : entrée du tribunal de grand instance à Bobigny)

Ils sont accusés d’avoir violenté, volé et séquestré un couple de personnes âgées juives et leur fils en Seine-Saint-Denis en 2017 : neuf personnes comparaissent à partir de mardi.
Le 8 septembre 2017, peu avant 11 h 30, Mireille Pinto, 75 ans, appelle la police. En état de choc, elle explique que son mari Roger, 85 ans, personnage influent de la communauté juive, leur fils de 52 ans et elle-même viennent d’être séquestrés par trois hommes dans leur pavillon cossu de Livry-Gargan.

Après avoir ligoté et frappé l’octogénaire, entrepreneur retraité et président de l’association caritative Siona, et son fils, les trois agresseurs, visages dissimulés par des foulards, les ont menacés avec un couteau et un tournevis avant de fouiller et vandaliser la maison pendant deux heures. Avec une obsession : « Trouver l’argent ».

Selon les victimes, un des agresseurs leur a lancé : « Vous les Juifs, vous avez de l’argent, nous, nous n’avons rien. Vous les Juifs, vous êtes les gâtés de la Terre, et nous nous sommes les laissés-pour-compte ».

Les trois hommes ne trouveront que 500 euros en espèces mais repartiront avec des bijoux de valeur et des cartes bancaires. C’est en suivant la piste d’une jeune fille de 19 ans qui avait retiré de l’argent juste après le cambriolage que la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis a retrouvé neuf personnes soupçonnées d’être impliquées dans cette affaire.

Outre les trois agresseurs âgés d’une vingtaine années, les enquêteurs ont identifié le « commanditaire », un homme de 53 ans déjà condamné pour de nombreux faits de vols, la jeune femme du distributeur et quatre receleurs.

Les trois cambrioleurs, l’organisateur et la jeune femme, qui attendaient dans une voiture devant le pavillon pendant l’agression, seront jugés pour séquestration en bande organisée sous la menace d’armes, avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme.

« Antisémitisme viscéral »

Lors du procès qui doit durer jusqu’au 2 juillet, la cour d’assises de Bobigny tentera de répondre à la question de savoir si la famille Pinto a été ciblée en raison de sa confession.

Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, le commanditaire aurait repéré Mireille Pinto, « une dame chic avec de beaux bijoux », puis suivie jusqu’à son domicile plusieurs semaines avant les faits. Seul un des agresseurs reconnaît, en partie, les faits. Mais affirme qu’il ignorait la confession des victimes.

La maison des Pinto abritait de nombreux objets et photos, avec l’ex-président israélien Shimon Peres notamment, ou un drapeau israélien qui signaient leur appartenance à la communauté juive.

Pour l’avocat des trois victimes encore traumatisées, Marc Bensimhon, il ne fait aucun doute que les Pinto, qui vivent dans une rue voisine de la synagogue et où résident plusieurs familles juives, ont été visés en raison de leur religion.

« C’est une affaire emblématique de l’antisémitisme viscéral ancré dans l’être humain par le biais du préjugé antisémite », dit-il.

« Avec les affaires Ilan Halimi (torturé et tué par le » Gang des barbares en 2016 »), Sarah Halimi (tuée en 2017), Mireille Knoll (une rescapée de la Shoah tuée en 2018), la famille Pinto a subi dans sa chair une agression odieuse et une séquestration avec une lourde violence en raison de sa confession », ajoute Me Bensimhon.

Plusieurs associations antiracistes se sont portées parties civiles (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, Ligue internationale contre le racisme, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

Pour l’avocate du « commanditaire », Margot Pugliese, la motivation antisémite est « contestée et contestable ». « Les faits n’ont pas été commis en raison de la religion des victimes », affirme-t-elle.

À l’époque, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb avait dénoncé une « odieuse agression » semblant « directement liée à la religion des victimes » et affirmé que « la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme » était « une priorité » de ses services.

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