Consistoire et antisémitisme: réveillons-nous de l’anesthésie

Consistoire et antisémitisme: réveillons-nous de l’anesthésie

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Illustration : synagogue de Carpentras

Evelyne Gougenheim - JForum

Il y a quelques jours, dans la chaleur de cet été masqué, suite à la hausse des actes antisémites et à leur violence, le Centre Simon Wiesenthal Europe a adressé un message au ministre de l’Intérieur, afin d’appeler à une sécurité renforcée de la communauté.

Un homme tabassé dans un ascenseur puis jeté dans un escalier aux cris de « sale race », une femme frappée dans un immeuble à Neuilly/Marne « trop de Juifs », sans parler de l’actualité la plus récente : croix gammées, campagne de boycott et menaces lancées contre les coureurs de l’équipe israélienne qui doivent participer au Tour de France.

Enfin, vendredi 21 août, le Mémorial d’Oradour sur Glane, ville martyr, a été dégradé par des tags négationnistes.

Le Covid-19, a entraîné dans son sillage, les relents d’antisémitisme liés aux épidémies qui sont venus raviver un terrain déjà fort propice.

Mais que fait la direction du Consistoire en termes d’antisémitisme ?

Le concert des sbires et affidés immédiatement se fait entendre:  » Ce n’est pas son rôle ! ».

Théoriquement, oui. Néanmoins quelques éléments appellent à largement pondérer cette remarque.

Lorsqu’en 2004, le regretté Jean Kahn (z’l) , alors Président du Consistoire Central se retire du Crif pour des questions notamment de représentation du Consistoire, dont les droits de vote sont jugés insuffisants au sein des instances du Crif, qui pouvait  se douter que seize ans plus tard, aucune solution n’aurait été trouvée et n’est plus même recherchée.

A l’époque, la demande était de faire passer le poids consistorial de 10% à 25%. Aujourd’hui et depuis 16 ans le Crif est donc amputé du quart de son potentiel de représentation et d’action. Sans que le Consistoire ne se fasse entendre si ce n’est en organisant des de commémoration. Les pleurs ne suffisent pas.

Sans parler de synagogues qui restent pour une grande majorité muettes quant aux événements et appels à manifester, sous couvert de ne pas mélanger politique et religieux. Peut-être, mais alors pourquoi tant de politiques reçus, notamment en période préélectorale ? Si l’on ajoute à cela, les subventions de plus en plus importantes reçues par le Consistoire, notamment pour ses constructions, au détriment du tissu associatif communautaire considérablement rétréci, le Crif s’est encore plus affaibli. Avec pour conséquence, une communauté fragmentée dont la capacité à se mobiliser n’est plus qu’un lointain souvenir.

Le Consistoire a choisi de ne rien faire en terme d’antisémitisme

Engagé dans ses constructions à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, le Consistoire ne remplit plus un rôle de relais mais celui d’anesthésiant. La direction du Consistoire le reconnaît : ils sont là pour s’occuper « de ceux qui restent » et non pas de ceux qui partent ou envisagent de partir : comment  faire passer un message lénifiant ?  En construisant !

Faut-il dans une communauté qui diminue inexorablement continuer à investir des millions pour plus de bâtiments, toujours plus luxueux ?  Quelle est la stratégie pour expliquer de tels investissements alors que la population juive se situe désormais autour de 450 000 personnes, France entière.

Enfin comment ne pas mentionner que le BNVCA, Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme, présidé par Sammy Ghozlan, actif sur tous les fronts et notamment judiciaires, dont les bureaux étaient généreusement hébergés au 19 rue St Georges au siège du Consistoire Central, s’est vu signifier son congé à l’annonce du déménagement, et ses bureaux être vidés, sans autre précaution, durant le confinement.

Le BNVCA n’a pas retrouvé sa place dans le centre du XVIIème, un symbole fort de l’action consistoriale en terme de lutte contre l’antisémitisme!

« Ensauvagement » 

Dans un contexte où « l’ensauvagement  » gagne du terrain partout dans le monde, même en Israël, alors que la hausse des actes antisémites s’accélère et que la parole antisémite et/ou antisioniste continue à se répandre, l’affaiblissement visible des réponses de la représentation officielle de la communauté ne fait qu’accroître le mal.

Le Tour de France et son retentissement médiatique vont opérer un changement de braquet: la propagande des boycotteurs va utiliser cette plateforme nationale et les étapes seront également des étapes où seront déversés des seaux de mensonges sur le prétendu « apartheid » d’Israël. Israël où quinze députés arabes siègent à la Knesset !

Quelle réponse de la communauté ? Rien ? Ignorer, dire et répéter ce n’est pas grave ? Si dans une unanimité rare, toutes les instances communautaires se sont unies pour une déclaration émettant les plus grandes réserves sur la caractère antisémite des tortures suivies de la défenestration de Sarah Halimi (z’l) ne peut-on attendre une unité similaire pour combattre cette vague anti-Israël ? L’antisionisme n’est-il pas, par définition, porteur d’antisémitisme?

Il est vrai que le président-sans-mandat du Consistoire Central ne peut plus que se taire, un véritable  boulet. Certains ronchons vont venir expliquer que l’arrivée du Tour de France coïncide avec Roch Hachana ! Est-ce pire que de ne pas avoir restauré le cimetière de Sarre-Union avec ses 200 tombes à terre depuis cinq ans ? Est-ce pire que de collecter pour le Secours juif sans que quiconque ne sache où va le million et demi d’euros récoltés chaque année ? Est-ce pire qu’une te’ouda attribuée à un traiteur qui fait des repas « adaptés à tous régimes »?

Des voix qui portent, qui nous portent

Pourtant, partout dans les médias, des voix juives sont présentes et parlent haut et fort: pour défendre les valeurs démocratiques, pour réhabiliter la puissance des débats, rappelant combien la contribution juive a été et reste importante.

Ces voix illustrent aussi la pluralité du judaïsme, sa singularité et son irréductible vivacité. Des voix qui empêchent la chape de plomb de se refermer et apportent en permanence par leurs questionnements, leurs analyses et leurs engagements, l’espoir d’une vie plus juste, plus respectueuse, plus libre. Qu’ils en soient tous et chacun en particulier remerciés.

N’est-il pas temps pour nous tous de nous réveiller de l’anesthésie pour rejoindre des structures actives et leur apporter un plein soutien. Les communautés ne doivent plus être entravées par l’immobilisme consistorial. Si l’antisémitisme relève, comme le Covid-19, de la responsabilité de tous à agir pour sa prévention, n’est-il pas temps aussi de valoriser les structures en première ligne pour leur donner les moyens de combattre ce fléau.

Le Crif, le BNVCA, l’OJE, le Centre Simon Wiesenthal, sans oublier Meyer Habib ni toutes les structures qui, sans moyen, se mobilisent en permanence dans la rue et sur les réseaux sociaux, tous attendent un soutien actif, visible et engagé. La vigilance et la mobilisation s’imposent, dopons-nous à un supplément de vitalité !

Chavoua tov!

Evelyne Gougenheim

Annexes

https://lemonde.co.il/placer-des-militaires-devant-les-institutions-juives-centre-s-wiesenthal/

https://www.francetvinfo.fr/societe/oradour-sur-glane/oradour-sur-glane-le-village-martyr-profane_4082329.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/02/15/judaisme-le-consistoire-central-israelite-quitte-le-crif_4281212_1819218.html

1 Commentaire

  1. Heureusement que vous êtes la pour casser du bois sur les Juifs, vous pensez que avec les goym on n a pas assez. Que de nuisances !

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