Israël-Iran-Hezbollah-Hamas : « Tsahal est-il prêt ? »

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Conférence de Ron ben Yishai au
JISS – Jerusalem Institute for Strategy and Security
Décembre 2019
Ron Ben-Yishai, journaliste militaire israélien, est né à Jérusalem en 1943. Il fréquente l’école Reali School de Haïfa, d’où il sort en 1961. Il rejoint les Forces de Défense d’Israël (Tsahal) et sert dans les parachutistes et la Brigade Golani. Il reçoit un BA. en économie et en géographie de l’université hébraïque de Jérusalem en 1967. Il est chargé de cours sur les médias et le journalisme à l’université de Tel Aviv. Il parle hébreu, anglaisallemand, et partiellement arabe et français.

 

Missiles balistiques et le tournant du 14/9/2019

Je vais vous parler de la manière dont Israël se mesurera à une attaque de missiles contre son territoire et ses civils. Les missiles dont je parlerai, ce sont les missiles balistiques qui décrivent une parabole, sur une distance de centaines ou milliers kilomètres, puis qui touchent leur cible. Ou alors il s’agira même d’obus de mortier, qui tirent à une distance de quelques kilomètres. La façon qu’ont les militaires israéliens d’appréhender le problème des guerres balistiques a été brusquement modifiée à partir du 14 septembre 2019.

À cette date, Iran a attaqué, à l’aide des missiles de croisière et de drones, des installations pétrolières en Arabie saoudite, situées dans la région du Cha’at el Arab, tout près de la frontière irakienne. Les missiles et les drones sont partis du territoire iranien. Toutes ces armes ont suivi un parcours, qui par un large détour, ont contourné les équipements radar des batteries« Patriot » américains, qui protégeaient, outre l’Arabie, le Bahreïn et le Koweït. Puis ils ont attaqué leur cibles à revers. Les Iraniens ont réalisé un véritable exploit, car les cibles ont été détruites une par une, apparemment par 17 missiles de croisière et drones suicidaires, comme sur un stand de tir.

Cette attaque, créa un effet de tremblement de terre dans l’armée israélienne, car nous (Israël) jusqu’alors, utilisions les drones suicides, développés par notre industrie, pour attaquer des radars des batteries antiaériennes soviétiques. Nous-mêmes, à l’époque, n’avions pas compris la portée tactique de ces armes, contrairement aux Iraniens, qui eux, ont très bien assimilé l’utilité de tels drones et ils en ont fait un excellent usage. En ce qui concerne l’attaque iranienne, les Américains non pas réagi. Les militaires israéliens, en revanche, avaient considéré, que l’absence de réaction américaine était une bourde absolue, car cette non réaction a entraîné l’effondrement de la dissuasion américaine, encourageant les Iraniens à devenir de plus en plus téméraires.

À propos… Dans tous ce qui concerne les agissements des Iraniens, l’action de Trump, à mon avis, est juste, car il leur applique des sanctions, qui les empêchent de réaliser nombre de leurs objectifs militaires. De plus, il ne se laisse pas entraîner dans une confrontation armée avec ce pays, donc sanctions et retenue s’avèrent être la bonne tactique face aux pays des mollahs.

Bref, lorsque nous parlons de la défense des civils israéliens, il s’agit de la défense contre des engins balistiques et des mortiers de la nouvelle génération du nom « Bourkan », fabriqués en Syrie. En fait, les Syriens ont placé sur la tête d’obus de mortiers un ballon de gaz rempli d’explosif et boulons. Ce curieux engin est tiré par les mortiers de 120 mm, à une distance jusqu’à 4 km. Vous pouvez imaginer le résultat, lorsqu’il tombe sur un quartier résidentiel. Il provoque des dizaines de morts et de blessés et creuse un cratère de 10 m de diamètre et de 4 m de profondeur.

Bref, nous avons à faire à des missiles de croisière, des drones d’attaques avec fusées air-sol, des drones suicidaires et toutes sorte d’engins volants, capables de porter des explosifs au cœur d’une cible. Le Hezbollah au Liban, par exemple, possède des missiles Scud 7, qui depuis le Liban sont capables d’atteindre des cibles au-delà de Beer-Shev’a, soit 220 km de la frontière israélo-libanaise. Et les milices chi’ites en Syrie sont équipées de fusées similaires qu’ils tireront en même temps que le Hezbollah. Et n’oublions pas le Hamas à Gaza qui rejoindra « la fête », en balançant des missiles « Grad », dits « Katioucha » avec 20 kg de TNT, qui vont jusqu’à Achdod (40 km) et des « Kassam » 10 kg TNT, au-delà d’Ashkelon à 20 km.

La prochaine guerre se déroulera au moins sur deux fronts

Donc, après cette entrée en matière, j’aimerais aborder 2 questions spécifiques. La première question est stratégique, et il y a là du nouveau, puis la question de tactique militaire. Les deux, sont liées au problème de missiles et j’expliquerai ce que j’entends par là.

La prochaine guerre se déroulera simultanément, au moins sur deux fronts. Le premier, depuis le nord, Liban et Syrie, où nous aurons à faire à l’axe chi’ite, puis depuis le sud, Gaza avec le Hamas et Jhihad islamique, qui nous balanceront tous ce qu’ils possèdent en fusées. Ensuite il faut être conscient, qu’il existe une réelle menace depuis l’Iran, l’Irak et même dans le futur proche le Yémen. Sachez que déjà aujourd’hui, il y a depuis l’Iran et l’Irak, des fusées pointées sur Israël et le Yémen ne tardera pas en faire de même. Il faut préciser que la menace yéménite concerne surtout nos débouchés maritimes depuis Eilat, vers le détroit de Bab-el-Mandeb, ainsi que l’entrée sud du canal de Suez.

Victoire par non-défaite

Dans cette prochaine confrontation, tous nos ennemis essayeront d’obtenir des succès militaires sur notre sol, une sorte « d’égalité de victoires », afin d’asseoir un équilibre stratégique et pour la première fois réaliser une dissuasion. Jusqu’à aujourd’hui, le Hamas, le Hezbollah et le Djihad, lors des confrontations passées, telles que la « 2e Guerre du Liban » ou « Pilier de défense » à Gaza, se satisfaisaient d’une « victoire par leur non défaite ». Pour illustrer ce concept, nous avons vu le chef du Hezbollah, à la fin de la guerre, planqué dans son bunker le plus profond, mais faisant le « v » de la victoire et Haniya (chef du Hamas), une fois les bombardements israéliens terminés, est sorti de son QG, enterré sous l’hôpital « Chiffa » de Gaza, a secoué la poussière de ses habits et avec un grand sourire faisait le « v » de la victoire de deux mains.

Tous les deux étaient super satisfaits du résultat, car la situation était redevenue exactement identique à celle qui prévalait avant le conflit, donc pour eux cela revenait à une victoire. Mais si on regarde de près, depuis 14 ans, Nasralla (le chef du Hezbollah) s’enterre dans son bunker et n’ose pas tirer une balle, à l’exception de quelques incidents sporadiques, où c’est nous qui lui avons forcé la main, par un jeu de basse politique, que je ne vais pas détailler ici. Bref, 14 ans de tranquillité relative à la frontière du Liban. Et à Gaza, après  « Pilier de défense », il y a eu 4 années de tranquillité.

Donc, la « victoire par la non défaite » est une victoire de propagande et en aucun cas sur le terrain. Aujourd’hui, grâce aux Iraniens, le Hezbollah et le Hamas ont développé une sorte « d’équilibre de victoire » différent, qui a entraîné une dissuasion par la masse de fusées intelligentes de précisions, acquises grâce à la complicité des autorités libanaises et les Iraniens. Malgré cela, l’armée israélienne, ne mène aucune action militaire contre le Liban.

Israël s’était contenté de rendre publics et notamment par Benyamin Netanyahu, à l’ONU, les emplacements d’usines de missiles au Liban, sans pour autant agir militairement à leur destruction, par opposition aux équipements identiques en Syrie ou Irak, où Tsahal n’hésite pas à mener des raids destructeurs de façon récurrente. Même les Russes en Syrie, tant qu’on ne les touche pas directement, tolèrent les actions de l’armée de l’air israélienne.

Que voudra dire « l’équilibre de victoire » pour le Hezbollah, Hamas, Djihad Islamique et tous les autres « proxis » iraniens, agissant depuis le Liban, la Syrie ou Gaza ? Dans leur tactique cela signifie : causer un maximum de destructions et surtout de victimes sur le sol même d’Israël.

De même que l’armée de l’air israélienne s’efforcera d’infliger aux ennemis la destruction de leurs bases de départs de missiles et autres infrastructures, eux les ennemis à leur tour, essayeront d’atteindre les installations militaires israéliennes : centres de commandement, bases d’air force, bases logistiques, etc.

Ensuite, en réponses aux pénétrations de l’armée de terre, en profondeur du Liban, de la Syrie et de Gaza, pour nettoyer définitivement les territoires de la présence terroriste, nos ennemis essayeront de rentrer dans les villes et villages israéliens pour faire un maximum de victimes civiles. Nous en avons déjà vu : tentatives au moyen de tunnels, aussi bien sous notre frontière avec le Liban, qu’avec Gaza. Israël a développé des méthodes révolutionnaires, basées sur la coordination entre le renseignement militaire, ingénierie géologique et l’intelligence artificielle, pour identifier l’emplacement des tunnels, grâce auxquelles l’effet de surprise a été pratiquement annulé. Il se peut toutefois qu’il subsiste un ou deux tunnels, hyper profonds qui n’ont pas encore été trouvés, mais comme les méthodes de recherche s’améliorent, je reste optimiste quant à leur localisation et destruction. D’ailleurs sous la frontière de Gaza, Israël construit un mur souterrain, d’une technologie secrète, appelé « Zohar dromi » (lueur du sud), qui devrait empêcher le Hamas de construire des tunnels

Outre la réponse aux incursions israéliennes sur les territoires au-delà de nos frontières, les incursions en territoire israélien doivent servir la propagande du Hezbollah et du Hamas. Imaginez le retentissement médiatique, si le Hezbollah réussissait à planter son drapeau dans le village d’Avivim (ce village se trouve à 200 m de la frontière libanaise, en face des villages libanais Bint-Jbeil et Aitaroun, dans le secteur central de la frontière Israël-Liban), ou le drapeau du Hamas dans la ville de Sderot (à 5 km de Gaza). Pour eux, ce serait une victoire de prestige énorme à présenter au monde arabe.

Israël sait que le Hezbollah a désigné comme objectif militaire prioritaire, le port de Haïfa. Pour le Hamas, la priorité constitue l’aéroport international de Tel-Aviv Ben-Gourion et le kidnapping d’un ou plusieurs soldats israéliens. D’ailleurs, les deux organisations possèdent des missiles capables d’atteindre Ben-Gourion. L’aéroport est certain de recevoir des missiles de précision, aussi bien du nord que du sud, ainsi que des drones suicidaires. Et pour couronner le tout, nos ennemis essayeront de bloquer nos infrastructures civiles et militaires, au travers de larges attaques informatiques.

À tout ce qui vient être dit, il faut ajouter que même si Israël règne militairement sur de larges parties des territoires du Liban, de la Syrie et de Gaza, les tirs de missiles se prolongeront jusqu’à la fin de la confrontation et même après le cessez-le-feu, car il est impossible de trouver la totalité de rampes de tir de fusées, surtout si elles sont enterrées et télécommandées. D’ailleurs, les organisations terroristes considèrent, que leur « honneur » est sauf, si c’est elles qui tirent le « dernier coup de feu ».

Il faut savoir que même si Israël détruit toute l’infrastructure terroriste et capture Nasralah (chef du Hezbollah), mais que Tel-Aviv est détruite, comme Londres après le Blitz allemand, le Hezbollah, ou ce qui en restera, considéra, contre toute évidence, avoir gagné la guerre. Et pareil, bien sûr, pour le Hamas. Les masses arabes, devant le spectacle, qu’à D’ ne plaise, de villes israéliennes dévastées, considéreront, que c’est Israël qui a perdu, malgré la probable quasi éradication du Hezbollah et du Hamas.

D’ailleurs, la question n’est pas de savoir qui aura gagné, ce qui, en soi, n’a aucune signification dans cette future guerre, mais quel prix aura payé la population civile israélienne et avec quelle cartes politiques, entamera Israël, les négociations d’après conflit. En un mot, la victoire ou non victoire, se mesurera à la résilience des civils aux bombardements et les avantages stratégiques et géopolitiques, qu’aura retirés Israël de la confrontation.

Attaque préventive

Concernant le résultat de la confrontation, je vous donne mon avis strictement personnel. La victoire d’Israël sera conditionnée à une attaque préventive, qui à elle seule, réduira de façon significative les dégâts et le nombre de victimes civiles israéliennes. Par ailleurs, seule une attaque préventive, est susceptible de réduire l’intensité et la durée du conflit. Je considère que c’est l’initiative israélienne au premier jour, qui sera décisive pour l’issue de la guerre. Sachons que si nous attaquons en premier, nous serons, pour le monde, des agresseurs, mais qu’est-il préférable ? Un inconvénient politique international significatif ou la destruction du pays et des centaines de victimes et peut-être plus ? Jusqu’à aujourd’hui Israël regrette encore de n’avoir pas attaqué en premier, lors de la Guerre du Kippour.

Les effets d’attaques balistiques

Maintenant je vais vous parler des effets réels, « physiques » d’attaques balistiques par des moyens aériens de toute nature.

À ce jour, le Hezbollah possède 130 mille engins balistiques de toutes sortes. Sans compter des mortiers de calibre 120 mm et plus. Le Hamas et le Djihad Islamique disposent de 18 mille engins balistiques, ainsi que de mortiers de tous calibres. Le Hezbollah et le Hamas, ont fait des progrès dans le déploiement et la dissimulation (souterraine) de leurs lanceurs et surtout la disposition de leurs moyens de tirs, dans la population civile. 90 % de ces fusées et missiles tirent à une distance de 2 à 45 km., c’est-à-dire, pour la zone nord d’Israël, jusqu’à Zikhron Ya’akov (20 km au sud de Haïfa).

Heureusement, nous parlons, jusqu’à maintenant des missiles non intelligents, donc non précis et leur imprécision est égale à 2 à 4 % de la distance. Un missile qui parcourt 100 km, tombe entre 2 à 4 km du centre de sa cible visée. Le Hezbollah et le Hamas tentent d’améliorer la précision de leurs missiles à l’aide d’un projet iranien.

Si ce projet réussit pour la majorité de leurs missiles, à savoir des dizaines de milliers de fusées et missiles intelligents de précision à quelques mètres du centre de la cible, le résultat de cette quantité d’armes balistiques, équivaudra à une petite bombe atomique.

Tous nos moyens anti balistiques, ne sont pas capables, aujourd’hui, de se mesurer à une telle quantité simultanée de roquettes ou fusées, tirées contre les bases militaires, aérodromes militaires, bases logistiques et contre nos centres urbains ou infrastructures civiles : hôpitaux, centrales électriques, voies de communications, usines de dessalement d’eau, etc. Heureusement à ce jour, le projet de transformer tous les engins en engins intelligents est loin d’avoir réussi.

Lors de la prochaine confrontation, les spécialistes évaluent la quantité journalière de missiles autour de 1000 unités, qui tomberont jusqu’au sud de Haïfa. Chaque salve comprendra des dizaines de missiles, en simultané. De Gaza, dès le début, arriveront des centaines de missiles, qui cibleront la région de Tel-Aviv, cette région qu’on appelle Gouch Dan. C’est la partie centrale d’Israël. Dans la région de Beer-Sheva, tomberont des dizaines de missiles,venant de Gaza. Le centre du Néguev, ne recevra pratiquement pas de missiles, sauf quelques-uns, par les restes de DAESH, depuis le Sinaï.

En ce qui concerne la population civile, si elle se comporte suivant les instructions de la Défense Civile, les victimes se compteront par quelques tués et des dizaines de blessés par jour. Toujours d’après les évaluations des spécialistes, si la population suit les instructions de la Défense Civile, 92 % des engins envoyés sur Israël, ne causeront pas de pertes humaines.

En conclusion, la discipline de la population vis-à-vis de la Défense Civile, s’avérera le moyen le plus efficace à la sauvegarde des vies humaines.

Donc, durant la première semaine de guerre, où les tirs seront les plus intensifs, Israël recevra journellement entre 1000 à 2500 engins balistiques de toutes sortes, soit entre 40 à 100 missiles par heure, ce qui suppose des dégâts matériels importants et autres conséquences néfastes pour les infrastructures. On ne peut pas décrire les menaces, sans rappeler l’Iran. Les Iraniens sont compétents dans la cyber guerre, pas aussi bons qu’Israël, mais ils sont capables d’infliger des dégâts significatifs à nos réseaux de communication ou  infrastructures. Le Hamas aussi n’est pas mauvais dans la cyber guerre.

Comment Israël pourra faire face aux missiles et roquettes ?

La défense anti missiles se décompose en sept domaines, et à mon grand regret, chacun de ces domaines, souffre d’insuffisances matérielles ou conceptuelles.

Le premier domaine c’est la défense antiaérienne, à savoir le système multi couches (5 couches), qui commence par la couche la plus basse qui est le « Dôme de fer », qui aujourd’hui est capable de performances extraordinaires, tenues secrètes, contre des engins à courte portée. On peut qualifier ce moyen de « miraculeux », tellement ses performances sont en avance par rapport à d’autres systèmes anti balistiques similaires.

La couche au-dessus du « Dôme de fer », c’est la « Fronde de David », qui constitue la réponse aux missiles de moyenne portée et missiles de croisière ainsi que les drones.

La couche suivante c’est les missiles sol-air « Patriot », contre les missiles lourds et avions. Puis vient le « Khetz 2 », contre les missiles balistiques dans la haute atmosphère et le « Khetz 3 » contre les missiles balistiques hors atmosphère, venant de centaines ou milliers de kilomètres, à têtes multiples conventionnelles et nucléaires, qui heureusement n’ont pas encore été utilisés dans notre région.

Israël dispose donc de toutes ces armes, alors où est le problème ?

Tout simplement la quantité d’équipements, le nombre de missiles, les services d’aide au déploiement et les servants pour faire marcher tout cela, sont nettement insuffisants. Et si par malheur, le projet iranien de missiles intelligents aboutit, alors tous les manques énumérés ci-dessus deviendront catastrophiques. En un mot, le parapluie antiaérien israélien d’aujourd’hui, sera inefficace contre les milliers de missiles ciblant le territoire israélien simultanément. Et j’ajoute, que le projet iranien pour le Hezbollah et le Hamas, de missiles intelligents, tant que les Iraniens ne disposent pas d’armes nucléaires, est la plus grande menace stratégique actuelle sur Israël.

Le domaine suivant la défense antiaérienne, que je considère comme plus important que la défense antiaérienne, c’est le manque criant de moyens balistiques d’attaque. La politique d’armement de Tsahal, qui prévalait hier et aujourd’hui est de mettre la plupart des moyens sur l’achat d’avions, de production de chars bref, équipement prioritaire d’armées de l’air et de terre. Par ailleurs, il n’y a pas en Israël d’armée balistique indépendante au même titre que les armées de terre, air et mer.

Sous une attaque balistique massive, aucune branche d’armée israélienne ne pourra s’organiser à temps, pour donner une réponse à cette attaque. Durant les premiers jours, les bombardements par missiles seront si intensifs, que la seule chose à faire sera de baisser la tête et rester dans les abris. Donc, en attendant que l’armée réussisse à s’organiser, la seule réponse aux attaques de missiles ne pourrait être qu’une contre-attaque balistique israélienne, mais cela, en l’état actuel de nos stocks de fusées et de lanceurs, s’avérera impossible.

Domaine suivant : la défense passive de la population. La majorité de la population du centre Néguev et sud Néguev (Néguev, la grande partie sud Israël, jusqu’au port d’Eilat, sur la mer rouge), ne dispose pas d’abris souterrains ou de chambres fortes. Un tiers de la population dans la zone de 45 km ne dispose pratiquement d’aucun abri et j’y inclus la population arabe essentiellement bédouine. Et dans le nord d’Israël la situation est pire. Par manque de temps je ne détaille pas, mais par exemple dans les villages arabes de la Galilée, les abris sont une rareté. Dans ce domaine, de la protection des civils, l’État d’Israël reste absent et pratique la politique de l’autruche, pour ne pas voir le problème.

Après la première guerre du Golfe en 1991, quand Saddam Hussein a bombardé Israël à l’aide de Scud, la loi israélienne obligera les constructeurs de bâtiments à équiper toutes les constructions de chambres blindées. Mais cette loi est peu respectée, d’où un manque scandaleux de ces abris. Ces chambres blindées offrent une protection très efficace contre les missiles Kassam, Grad et Scud, qui seront la majorité de missiles lancés contre Israël.

Le domaine suivant est la résilience de la population aux attaques massives de missiles.

Cela dépend de l’efficacité des différentes branches de l’économie à fournir les moyens d’existence. À savoir, la nourriture, l’eau, l’électricité, aide d’urgence, hôpitaux, etc. En Israël ce sont les municipalités qui sont responsables de la fourniture de tous ces services. Mais, nous avons vu que durant la 2e guerre du Liban en 2006, nombre de municipalités ont complètement dysfonctionné. À l’instar de la mairie de Safed, en Haute Galilée, où du fait d’absence des fonctionnaires, a implosé. Le problème de non fonctionnement des municipalités en temps de guerre est toujours actuel, mais aucune instance politique, ni le parlement, ni le gouvernement ne se sont jamais penchés sur ce problème, qui continue de « flotter » dans un vide juridique.

D’ailleurs, la continuité de l’État en temps de guerre n’a pas été revue et adaptée depuis des lustres. Qui fait quoi, quelles sont des interactions entre différents, ministères, directions et autres entités étatiques ? Qui est responsable de quoi, et comment tout cela se coordonne-t-il ? Chaque commandement régional établit son propre plan d’action, sans coordination avec les autres régions. Dans la guerre moderne, l’organisation de l’État, définie il y a 40 ans est devenue obsolète. Nous avons vu encore en 1991, quand les Scud tombaient, la désorganisation, et l’anarchie sociale et politique, où a été entraîné le pays.

Dernière chose : les services d’urgence de sauvetage et d’évacuation.

Je citerai l’auditeur de l’État Schapira, qui dans le rapport du mars 2018 écrit : « Il y a un manque criant des moyens de sauvetage de la Défense Civile et le niveau médiocre de la préparation des unités des réservistes est patent ».

Édouard GrisMABATIM.INFO Traduction et adaptation

NDLR : Tout ceci prouve à quel point nous avons besoin de l’aide du Ciel ! Que l’Eternel nous l’accorde !

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