Le Fonds d’Abraham ou la prospérité… dans la sécurité

Le Fonds d’Abraham ou la prospérité… dans la sécurité

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Le 20 octobre 2020, les Emirats Arabes Unis, les Etats-Unis et Israël ont annoncé la création d’un fonds d’investissement économique portant le nom « fonds Abraham », qui s’inscrit dans le prolongement de la normalisation des relations diplomatiques signées à la Maison Blanche entre Israël, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn (le 15 septembre 2020). Ce fonds, destiné à financer « la promotion et la coopération économique dans la région » suppose toutefois, une parfaite sécurisation de la région. Il  s’agit, bien évidemment, de l’autre volet de la coopération israélo-arabe.

La délégation officielle des Emirats a été accueillie à l’aéroport Ben Gourion par le Premier Ministre, Benjamin Netanyahou. Les représentants arabes américains et israéliens y ont signé des accords dans les domaines économiques et en matière de visas : il est notamment ainsi du principe d’une dotation du « fonds Abraham », d’un montant de 3 milliards de dollars, abondé par les EAU, la Société Financière Américaine pour le Développement et Israël. L’objectif de ce fonds est triple : financer des investissements dans le secteur privé, assurer la promotion de la coopération économique régionale et permettre de lancer un vaste mouvement de prospérité au Moyen Orient.

Pour mémoire, l’objectif des accords d’Abraham est d’aboutir à une reconnaissance de l’Etat d’Israël par l’ensemble des pays arabes (tout comme l’ont déjà fait les EAU et le Bahreïn), de pacifier le Moyen Orient et de promouvoir le progrès dans la région. Aussi, et avec l’institution du fonds d’Abraham, il est prévu que les pays contractants ouvrent un bureau de développement en Israël, destiné à « lancer des projets stratégiques, développer la croissance économique et créer des emplois de qualité et à forte valeur ajoutée ».

Il sera alors offert aux populations de la région un avenir meilleur, dans « le respect de la diversité », avec des « échanges renforcés » et une « humanité partagée ». Sur le plan énergétique, le développement des infrastructures stratégiques augmentera la sécurité du secteur et permettra une plus grande distribution des énergies, notamment électrique. Sur le plan agricole, le fonds conduira à une amélioration de la productivité et facilitera l’accès à l’eau potable dans la région.

Une ère nouvelle est donc véritablement en train de s’ouvrir au Moyen Orient : le fonds d’Abraham démontrera « les avantages de la paix en améliorant la vie des peuples de la région ». Aussi, est-il présentée comme  « une manifestation du nouvel esprit d’amitié et de coopération entre les trois pays, ainsi que de leur volonté commune de faire progresser la région » afin de « redonner l’espoir à la région et à sa jeunesse en leur permettant de construire un avenir qui les servira, eux et leurs communautés ».

C’est dans ces termes que les responsables signataires s’en sont félicités : Ahmed Ali al-Sayegh, Ministre d’Etat des Émirats arabes unis, a déclaré que le fonds « reflète le désir des trois pays de donner la priorité au bien-être des personnes, quelles que soient leurs croyances ou leur identité ». Il a ajouté que son pays est « convaincu que l’initiative peut être une source de force économique et technologique pour la région, et en même temps améliorer la vie de ceux qui ont le plus besoin de soutien ».

Pour Adam Boehler, Directeur exécutif de la Société financière américaine pour le développement international : « Le fonds d’Abraham permettra de relever les défis auxquels la région est confrontée et d’accroître les opportunités économiques pour tous. Nous sommes enthousiastes à l’idée de faire passer ce partenariat historique à un niveau supérieur pour promouvoir une prospérité partagée »

Enfin, le Directeur général du bureau du Premier ministre israélien, Ronen Peretz, a déclaré que « le fonds d´Abraham que nous lançons sera un outil essentiel pour réaliser la vision de nos dirigeants en matière d’amélioration de la coopération régionale. Elle soutiendra l’ingéniosité de nos entrepreneurs, permettra la mise en place nécessaire d’outils financiers et facilitera la tâche de nos gouvernements. L’association des entreprises, des finances et du gouvernement est essentielle pour créer des projets sur le terrain ».

Bien évidemment, une telle prospérité ne peut être envisagée que dans la sécurité. A cet effet, Israël et les EAU ont décidé de renforcer leur coopération qui s’opère (de façon informelle) depuis de nombreuses années dans ce domaine. Le PDG adjoint d’Israël Aerospace Industries, Eyal Yunian, a eu l’occasion de confirmer en quoi le savoir-faire régional d’Israël en matière de sécurité séduit les Émirats Arabes Unis pour les technologies de pointe. Aussi, la normalisation des relations entre les deux pays laisse augurer un partenariat fructueux pour chacune des parties.

Rappelons que les EAU se procurent les logiciels de surveillance israéliens depuis de nombreuses années. Plus précisément, en 2007, les Émirats arabes unis ont passé un contrat avec la société américaine 4D Security Solutions, dirigée par Mati Kochavi, israélien installé aux Etat unis. Il s’agissait alors de déployer un système de surveillance intelligent à Abu Dhabi. La technologie a été fournie par une filiale située en Israël : Logic Industries de Kochavi, projet qui a été achevé en 2016. Le système de surveillance a alors été appelé « Falcon eye »

Notons également qu’en 2016, les EAU ont utilisé le logiciel espion israélien, Pegasus (exploité par le  groupe NSO), contre des opposants au régime. Enfin, le programme émirati de cyber-intelligence DarkMatter, engagé dans la surveillance de personnes hostiles à la Monarchie, est resté en lien très étroit avec Israël. De même, d’autres pays du Golfe sont friands de la cyber industrie israélienne mais préfèrent ne pas ébruiter leurs relations avec des sociétés israéliennes. Aussi, préfèrent-ils traiter avec des entreprises israéliennes installées à Chypre, dans un souci de discrétion.

Les Etats-Unis sont bien évidemment partie prenante dans la sécurisation du Moyen Orient. Aussi, ont-ils passés un accord avec les EAU aux termes duquel il se sont engagés à leur vendre des avions F-35 de cinquième génération. Cet accord profitera indirectement à Israël dans la mesure où la société LOKHEED MARTIN, spécialisée dans l’armement, a attribué à la société israélienne Elbit System, une exclusivité dans l’assemblage de pièces du F35. Il s’agit, notamment des systèmes d’affichage monté sur le casque et l’écran panoramique du cockpit, domaine dans lequel Elbit System s’est spécialisée depuis de nombreuses années.

Cette utilisation, par les EAU, de la technologie israélienne est bien évidemment critiquée non seulement par les opposants à la Monarchie mais aussi, en raison de l’intervention d’Abu Dhabi dans la guerre contre le Yemen. Les EAU sont également critiqués par les palestiniens en ce que le fonds Abraham devrait également servir à moderniser les systèmes de reconnaissance faciale des check-points situés en zone C de Cisjordanie (sous contrôle israélien, en vertu des accords israélo-palestiniens de paix), destinés à assurer une meilleure protection des soldats de Tsahal contre le terrorisme palestinien. Abraham est le père des 3 religions monothéistes. Comme les palestiniens en sont issus, gageons qu’ils comprennent où se trouve leur intérêt.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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