Mélenchon fort en idéologie, mais nul en maths ?

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Faisons semblant de croire Jean-Luc Mélenchon de bonne foi (sans préciser laquelle).

Faisons semblant de croire qu’il est la même personne que celle qui, sur la tombe de Charb, jurait fidélité à la liberté, à l’égalité, à la fraternité et à la laïcité.

C’est difficile, mais essayons : faisons semblant de croire que lorsque l’homme en bleu de chauffe, chemise blanche et cravate rouge déclare : « Nous avons eu trois siècles de guerre de religion, il ne faut pas mettre le doigt là-dedans », il pense ce qu’il dit et pas plus que ce qu’il en dit.

Car après la guerre de cent ans, nous avons fini par faire la paix avec les Rosbifs, après deux guerres mondiales nous sommes en couple avec les Chleus et après avoir subi la Saint Barthélémy, nous fêtons la Saint Valentin. Mélenchon, lui, fête l’Aïd.

Il faut être deux pour faire la paix, mais un seul suffit pour déclarer la guerre et on n’a pas l’impression de voir un fauteur de paix quand on écoute le chantre islamophile indigent de la république.

De l’universalisme comme religion à la religion comme séparatisme

L’homme qui s’enorgueillissait de ce que « nos révolutions n’ont jamais été des révolutions pour les Français mais pour l’humanité universelle[1] » en briguant les suffrages de tous les Français, avait certainement déjà modifié sa définition de l’universel, deux semaines plus tard, devant un public plus homogène : « Il faut se souvenir que les gens du Maghreb sont nos frères et nos sœurs, qu’il n’y a pas d’avenir pour la France sans nos frères et sœurs du Maghreb.[2] »

Il visait d’ailleurs l’approbation des mêmes, lorsqu’il écrivait « Retraite à points, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF : c’est non. Et non c’est non (Blog de J-L. Mélenchon). »

Défendu par Le Monde, le lendemain (15 décembre 2019), cela donnait un titre en forme d’apologie des guillemets : « ‘’Les ukases arrogants des communautaristes’’ : le CRIF dénonce des ‘’propos inadmissibles’’ de Jean-Luc Mélenchon (le Monde) ». Pour les non francophones, ou pour ceux qui estiment que la ponctuation n’est qu’une décoration de l’alphabet, traduisons ce titre : le communiqué du Crif démontre le bien-fondé des allégations mélenchoniennes.

On ne reproche pas à l’Insoumis de prêcher ce que veulent entendre ceux dont il pêche les voix, mais son indifférence à l’effet que peut avoir son incohérence sur les électeurs est choquante.

Touche pas à mon voile

En 2010, Jean-Luc Mélenchon voyait dans les femmes voilées des gens qui « se stigmatisent eux-mêmes (Yahoo News) ». Moins d’une décennie plus tard, ce pacifiste universaliste avait changé son fusil d’épaule : le 10 novembre 2019, voilé de son écharpe de député, il participait à la « marche contre l’islamophobie » suite à la tribune qu’il avait signée dans Libé à la Toussaint, avec des proches des frères musulmans, plus proches de lui que la Licra. « STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.- STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur (Libération). » On a envie de demander au défileur combien de victimes musulmanes ont fait les juifs, les chrétiens et les coiffeurs déshumanisants. On a envie de savoir s’il regrette que les frères Kouachi aient discriminé celles qui devraient lire le Coran en échange de leur vie (l’Obs) tout en tirant dans le tas des journalistes blasphémateurs de Charlie.

Dans quelle confiture l’insoumis refuse-t-il de mettre le doigt ?

Son Tweet anti-guerre de religions est une réponse à la loi contre le séparatisme qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux.

« Ce n’est pas au gouvernement de dire aux gens comment ils doivent prier, où ils ne peuvent pas prier – dans la rue, sur les trottoirs. » Le gouvernement ne doit pas non plus « se prononcer » sur le « contenu des religions » et sur « leur pratique ».

Il a raison au moins sur un point : ce n’est pas au gouvernement de dire que l’assassinat d’un prêtre au cri de « Allah akhbar » n’a rien à voir avec l’islam et ce n’est pas à lui de définir si une femme voilée fait l’apologie d’une religion universaliste ou d’une idéologie séparatiste.

À l’origine d’une énième polémique victimaire, l’étudiante voilée, qui partage ses recettes de cuisine sur BFMTV, estime hilarant le fait que l’antiracisme de Macron soit celui « bisounours, universaliste et républicain de Black Lives Matter. »

Si BLM peut être qualifié de « bisounours », on mesure la distance qui sépare les séparatistes des républicains !

D’ailleurs la gastronome en culotte voilée n’y va pas avec le dos de la cuiller, quand elle décrit le voile dans tous ses états de correction islamique :

La septième condition de ce voile-là est inséparable du séparatisme : le voile idéal « ne doit pas ressembler aux vêtements des mécréants ». Des mécréants dont malgré sa danse des sept voiles, Mélenchon fera toujours partie…

Séparatisme et symétrologisme, les deux mamelles de l’immobilisme

Alors que la loi sur LE séparatisme est devenue un projet de loi sur « LES séparatismes » et que sa présentation officielle attendra le 2 octobre, les Français ont de quoi s’effarer en lisant que le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, insère l’entrisme islamiste dans une tendance générale à un retour au spirituel, comparant le voile qui « ne doit pas ressembler aux vêtements des mécréants » au nombre croissant de jeunes prêtres portant soutane : « On constate une expression plus visible de la religion chez certains croyants de toutes les religions. Par exemple, avec les signes vestimentaires extérieurs chez certains musulmans et une pratique parfois plus conservatrice (…) avec la croissance du mouvement Loubavitch dans le judaïsme français alors qu’il était très faible dans les années 1990 ; avec le retour du traditionalisme catholique ou… celui du port de la soutane chez les jeunes membres du clergé (Huffington). »

Si tout est égal à tout, pourquoi n’y a-t-il amalgame qu’entre islamisme et terrorisme Allah Akhbarien ? Et comment se fait-ce que Monsieur le rapporteur n’en voie aucun dans le fait de définir tout Blanc comme coupable de racisme ? La réponse au premier tient dans l’histoire coloniale de la France, « ensuite, il y a bien sûr le contexte terrible des attentats terroristes islamistes qui créent de possibles, bien qu’inacceptables, amalgames. Aussi, il faut évoquer l’insuffisante mixité sociale dans l’habitat » et puis l’importation des conflits en général et de celui du Moyen-Orient en particulier, mais Monsieur le rapporteur est forcé « de constater que de nombreux prescripteurs d’opinion jouent sur ces crispations. » Euh, plus précisément ? Son constat forcé, c’est « un constat factuel : celui du remplacement par l’extrême droite de son racisme anti-Arabes par une opposition permanente à l’islam, prétendument au nom de la laïcité. »

On résume : les Français sont crispés pour des billevesées secondaires et l’extrême-droite joue là-dessus pour obtenir un effet de rejet primaire de l’islam.

Il n’y a pas de réponse au deuxième amalgame, celui entre mâle blanc et raciste systémique, parce que l’interview était conduite par un Huffington Post d’impeccables correction politique et politesse corrective. La question n’a donc pas été posée.

Le séparatisme existe, seul Mélenchon ne l’a pas rencontré

Certains élus perçoivent quand même le malaise de leurs concitoyens. Ainsi, celui de Nice s’est rendu acquéreur de la statue de Napoléon, que le mère, oups maire vert amer de Rouen veut remplacer par une représentante d’un autre sexe (probablement quelque Hun sujet aux menstrues[3]) :

Du temps où il était Charlie, le Lider Maximo de la gauche insoumise aurait été révolté que Marika Bret, DRH de Charlie, soit obligée d’être exfiltrée de chez elle, suite à des menaces contre sa vie, pendant le procès de la tuerie à laquelle elle a survécu. Aujourd’hui, le Ronchon fait partie de son problème.

D’aucuns font comme si ces menaces provenaient de la fonte des glaces. Marika Bret, elle, met en cause des gens « qui ne nous lisent pas, qui interprètent tout et qui fantasment… Ma colère est aussi alimentée par des responsables politiques d’extrême-gauche… »

Charlie et Mélenchon étaient dans un bateau, Charlie a été fauché à la Kalatch et Mélenchon est tombé dans la boue. « Jean-Luc Mélenchon alimente un climat de haine. Il a partagé sur les réseaux sociaux un dessin de la revue Regards qui faisait parler les morts de Charlie pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils ont toujours pensé… Et lorsqu’un internaute l’a interpellé sur ce dessin plus que douteux, Jean-Luc Mélenchon lui a répondu que le Likoud le rendait fou (le Point). »

Cela fait longtemps que les Juifs ont rendu fou le pourfendeur du Likoud : en juillet 2014, il admirait les jeunes « antisionistes » qui attaquaient les synagogues parisiennes en solidarité avec Gaza, en 2019, il rendait au CRIF ce qui appartenait à Corbyn et aujourd’hui, il « déplore que “Marianne” et “Charlie” soient devenus les bagagistes de ‘Valeurs actuelles’ (la Provence). »

Le génie de l’indigénisme, c’est l’appropriation culturelle

Le Mélenchon des champs (de bataille) est antisioniste, le Mélenchon des villes voit des Juifs partout, surtout quand il organise des concours victimaires. Pour lui, la loi sur les séparatismes, si elle voit le jour un jour, « cultive cette manière de montrer du doigt les musulmans qui aboutit à faire exploser le peuple français […] Pendant des centaines d’années, les juifs ont été montrés du doigt (Valeurs Actuelles) ».

En attendant, son livre de chevet est celui d’Houria Bouteldja, porte-parole du PIR parti de France, celui des indigènes de la République : les Blancs, les Juifs et nous, qui ne montre pas du doigt les musulmans… et sa victime préférée est Danièle Obono, qu’il a freudiennement qualifiée d’irréprochable « militante antiraciste et antisémite (Actu Orange) » un jour où son inconscient remplaçait la caissière du fonds de commerce. Freud : encore un Juif !

L’insoumis est soumis à ses pulsions et respectueux de ses propres principes fluctuants. Par exemple celui qu’il avait énoncé lors de son Meeting pour la paix à Marseille, le 9 mars 2017 : « On ne prépare pas la paix en préparant la guerre : on prépare la paix en travaillant à la paix. »

La Pax Mélenchona conduit à la guerre civile, directement. Pas besoin de prendre de correspondance de Nation à Bastille.

Cécile Attal, MABATIM.INFO

[1] Le 5 avril 2012, lors d’un meeting pour sa candidature à Toulouse.
[2] Le 14 avril 2012, discours sur la plage du Prado, à Marseille.
[3] Pour ceux qui l’ignorent encore, la créatrice de Harry Potter est maintenant stigmatisée comme « anti-transgenre » pour avoir fait remarquer que le mot « femme » définissait mieux et de façon plus concise les « personnes sujettes à menstrues ». Voir : https://mabatim.info/2020/07/24/la-novlangue-un-nouvel-esperanto/

2 Commentaires

  1. Sur le plan humain et intellectuel, la déliquescence quasi-totale de nos sociétés et de leurs (soi-disant) élites montre combien nous nous rapprochons du fond et probablement de la fin.

    Le corona y contribuera très certainement aussi, sur le plan matériel.

    • Oh combien nous partageons votre sentiment, sauf que le corona nous semble participer à cette destruction du monde ancien et à cette reconstruction sur le plan spirituel également…

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