« Nous avons vu les roquettes dans le ciel au-dessus de nos têtes »

« Nous avons vu les roquettes dans le ciel au-dessus de nos têtes »

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Illustration : Kiev bombardée
Des centaines de Juifs ukrainiens ont fui leur pays en proie à l’invasion russe et à la folie meurtrière; parmi eux, la famille Forys a choisi Israël comme terre d’accueil. Nataly, son mari Andrei et leurs deux enfants Arina et Maskym, originaires de la banlieue de Kiev, arrivés en Israël le 3 mars, ont livré à i24NEWS un témoignage poignant de leurs derniers instants en Ukraine jusqu’à la préparation de leur alyah en temps de guerre.

« Ma famille a vécu sans regarder les informations à la télévision pendant plus de 10 ans, mais je ne sais pas pourquoi, la veille, le soir du 23 février, j’étais très anxieuse. J’ai eu comme un pressentiment et j’ai supplié mon mari de nous en aller. Nous avons alors décidé d’examiner la situation le lendemain avant de prendre une décision », a déclaré Nataly à i24NEWS.

Nataly se souvient de la première explosion à 5h du matin le 24 février, marquant le début de la guerre, « gravée à tout jamais. »

« Le bombardement a eu lieu juste à côté de l’aéroport, près de là où nous habitons. Effrayée, j’ai rapidement habillé les enfants, pendant que mon mari est allé faire le plein d’essence. Après une heure d’attente à la station-service, il s’est rendu compte que beaucoup allaient prendre la route immédiatement et qu’il n’était pas prudent de partir tout de suite. Nous nous sommes alors cachés dans le sous-sol des voisins et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à remplir le dossier d’alyah pour l’agence juive », raconte Nataly à i24NEWS.

« Pour sortir de Kiev, les gens patientaient dans les embouteillages pendant environ 8 heures, nous avons donc compris qu’il était beaucoup plus dangereux de rester sur la route pendant les explosions que dans les sous-sols » relate-t-elle.

Quelques heures plus tard, la famille part pour l’Ouest, direction la ville de Lviv, à environ 500 kilomètres de Kiev.

« Les rues de Kiev étaient vides, il n’y avait que des chars et des soldats, les enfants dans les voitures fermaient les yeux pour s’épargner ces horribles images », décrit-elle, précisant que sur la route, « nous roulions au pas, à 20 km. »

« Nous avons trouvé une source d’information russe qui publiait en avance les explosions et grâce à cela, nous avons circulé en évitant les zones de bombardements », dit-elle.

A proximité de la ville à Jytomyr, à quelques kilomètres de Kiev, les enfants ont demandé à manger, mais selon les prévisions, 30 minutes après, des bombes devaient viser l’aéroport de Jytomyr ץ « Les enfants étaient affamés mais si nous nous étions arrêtés, nous aurions été bombardés » raconte Nataly.

« Le pire moment a été lorsque nous avons lu que vers 3h du matin, il y aurait une explosion près de la ville de Rivne. Nous étions alors coincés dans un embouteillage tout près de là et nous avons vu les roquettes dans le ciel au-dessus de nos têtes, c’était terrifiant », poursuit-elle.

L’arrivée en Pologne

Tard dans la soirée, la famille a traversé la frontière polonaise et a pu se restaurer grâce à l’aide de bénévoles. Ils ont ensuite été transférés dans un hôtel à Varsovie, où Nataly explique avoir reçu un énorme soutien psychologique de la part de la communauté polonaise.

« Mes parents sont restés en Ukraine. Nous avions planifié notre alyah, mais nous voulions nous y préparer plus longuement. Mon père est très malade, il a récemment subi deux opérations et nous souhaitions être auprès de lui avant de prendre notre envol, mais le destin en a décidé autrement, » a déclaré Nataly.

Organiser l’alyah en urgence

La famille a séjourné à l’hôtel jusqu’à l’obtention des visas d’alyah pour Israël. Arrivés sur le sol israélien le 3 mars, ils ont eu le bonheur de retrouver la maman d’Andrei qui vit déjà à Beer Sheva (sud) depuis 2012. Nataly nous a fait part de la rapidité et de l’efficacité avec lesquelles leurs demandes d’alyah avaient été traitées.

« Le consulat a essayé de nous aider de toutes les manières possibles. Ils ont vérifié les documents très vite et en moins d’une heure, nous avons obtenu les visas dans nos passeports » a-t-elle dit.

Après son installation à Netanya et une étude approfondie de l’hébreu, cette professeur d’anglais et de tourisme international, détentrice d’un MBA en marketing international rêve de travailler dans la communication ou dans l’événementiel.

« J’aimerai un poste où je pourrais être utile au pays qui a sauvé la vie de mes enfants » a-t-elle conclu.

Si Nataly a réussi à évacuer sa famille des horreurs de la guerre, elle n’en oublie pas pour autant ceux qui n’ont pas eu cette chance, affirmant avec un brin d’optimisme: « Poutine est un homme abominable qui fait souffrir le monde entier, mais je crois que mon pays pourra vaincre ce monstre grâce à l’union de ses forces. »

Plus de 2000 Ukrainiens ont atterri en Israël depuis le 24 février dernier, dont des centaines ce dimanche. 100 orphelins ukrainiens seront accueillis dans la journée tandis que 731 demandes d’alyah ont été reçues ce week-end par le ministère de l’Immigration et de l’Intégration.

« Nous nous préparons à une grande vague d’immigration de dizaines de milliers de réfugiés juifs bénéficiant de la loi du retour en provenance d’Ukraine, » a déclaré dimanche Pnina Tamano-Shata, la ministre de l’Immigration et de l’Intégration.

Au 11e jour de la guerre, plus d’1,5 million d’Ukrainiens ont quitté leur pays, dont environ 10.000 Israéliens.

Caroline Haïat est journaliste pour le site français d’i24NEWS
Caroline Haïat

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