On a les dirigeants et les médias qu’on mérite

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Les Français, mais aussi les citoyens des autres pays de l’Union européenne, doivent avoir un karma lourdement chargé, pour être représentés par des individus aussi bas-de-plafond et amoraux, de même que pour, « en même temps », être informés par des médias au tropisme aussi monolithique…

Secret de Polichinelle

Mohsen Fakhrizadeh, surnommé « père de la bombe iranienne » par certaines chancelleries, a été assassiné le 26 novembre dernier (2020) dans sa voiture, à Téhéran.

La pertinence de ce surnom avait été démontrée par le premier ministre israélien, en 2018, quand il avait présenté les documents secrets du programme atomique militaire iranien, saisis par le Mossad. D’après ces documents, Mohsen Fakhrizadeh, professeur de sciences physiques et officier des Gardiens de la révolution, dirigeait bien ce programme, appelé en V.O., « projet Amad ».

Notre Libération national, prisonnier de son préjugé anti-israélien s’est chargé, sous le titre « Iran : un haut scientifique du nucléaire assassiné, Israël montré du doigt », de citer un expert américain. Là, il s’agissait d’éliminer… tout soupçon contre l’Iran :

«‘’Il est approprié de désigner Fakhrizadeh comme le père du programme passé d’armes nucléaires de l’Iran, celui qui s’est terminé en 2003 selon les États-Unis et l’AIEA. Il n’y a aucune preuve d’un programme actuel d’armes nucléaires en Iran’’, a ainsi souligné l’expert américain Richard Johnson (Libération). »

Ariane Tabatabai, politologue associée à la commission politique de l’OTAN, n’a pas voté ce quitus. Elle a comparé l’importance politique et militaire de Fakhrizadeh à celles de Soleimani, assassiné dans les mêmes conditions par les États-Unis, qui n’en ont pas fait mystère, au contraire.

Hypocrisie européenne : notre seule médaille olympique

L’Union européenne (UE) a condamné l’assassinat du scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh dans une déclaration officielle publiée sur son site Web des affaires étrangères :

« Le Haut Représentant exprime ses condoléances aux membres de la famille des personnes qui ont été tuées, tout en souhaitant un prompt rétablissement à toute autre personne qui aurait pu être blessée (News Front.

Impossible, pourtant, 24 heures plus tard (dimanche 29 novembre 2020 à 13h45), d’en trouver la moindre mention dans un média français. Bizarre. Bizarre, vous avez dit antidreyfusard ? Non, le Jerusalem Post a dit du Qatar :

« Le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a condamné ce meurtre, lors d’un appel téléphonique samedi avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, selon un communiqué du ministère. Al Thani a présenté les condoléances du Qatar au gouvernement et au peuple iranien et a appelé à la retenue après le meurtre de vendredi, que le président iranien a imputé à Israël, selon le communiqué (JPost). »

La presse française, elle, n’a remarqué que l’indignation de la Turquie :

« La Turquie a condamné dimanche l’assassinat d’un des principaux scientifiques du programme nucléaire iranien, y voyant un acte de ‘’terrorisme qui trouble la paix dans la région. La mort de Mohsen Fakhrizadeh à la suite d’une attaque nous a peinés. Nous condamnons ce vil assassinat et présentons nos condoléances au gouvernement iranien et aux proches du défunt’’, a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. ‘’La Turquie est contre toute initiative visant à troubler la paix dans la région et contre toute forme de terrorisme, quels que soient son auteur et sa cible », a-t-il poursuivi, tout en appelant ‘’toutes les parties au bon sens et à la retenue’’ (Ouest France) ».

La Turquie serait opposée à toute initiative visant à troubler la paix dans la région et contre toute forme de terrorisme et personne n’a jamais rien remarqué ? Allo, les Kurdes ? Allo, Chypre ?

Quant à notre presse, elle a la vue basse, car si l’on en croit le Jerusalem Post, qui cite une dépêche Reuters (pas AFP, of course !) l’UE, le Qatar, la Turquie, l’Allemagne et la Syrie avaient réagi à cette date et heure.

Un accord n’implique-t-il pas nécessairement deux parties ?

Début novembre 2020, le président iranien Hassan Rouhani avait appelé le président élu Joe Biden à « réparer les erreurs du passé (Associated Press) » et à ramener les États-Unis à l’accord nucléaire que Barack Obama avait unilatéralement signé en 2015, accord qui n’engageait pas Téhéran puisque nul officiel de la République islamique d’Iran ne l’avait paraphé.

Cet « accord » stipulait un certain nombre de contraintes et de contrôles, les premières n’obligeant pas Téhéran et les secondes ne pouvant s’effectuer qu’avec son autorisation.

Cela n’avait pas empêché un de nos ex-ministres, responsable mais pas coupable (BFMTV), de pontifier, en point-gouv-point-fr dans le texte, qu’un « accord qui n’est pas vérifiable est un accord qui n’est pas appliqué ». Dont acte.

On ne devrait donc pas être surpris que la Perse n’ait pas tenu une parole qu’elle n’avait pas donnée.

De fait, l’Agence internationale de l’énergie atomique a rapporté, dans un document confidentiel distribué aux pays membres de l’ONU (sa maison-mère), que l’Iran disposait, au 2 novembre 2020, d’un stock de 2442,9 kg d’uranium faiblement enrichi, soit plus de dix fois les 202,8 kg que l’accord JCPOA lui autorisait, et qu’il continuait de l’enrichir jusqu’à une pureté de 4,5 %, alors que 3,67 % était le maximum autorisé. L’Iran avait ouvertement annoncé à l’avance toutes les violations de l’accord nucléaire, après la décision des États-Unis de se retirer unilatéralement en 2018. En août 2019, suite au G7 présidé par Macron à Biarritz, Mohammad Javad Zarif, qui y avait été invité, déclarait : « La troisième phase (du gel des obligations nucléaires) allait débuter le 6 septembre. … Mais cette étape, comme les deux précédentes, sera réversible. »

Au cas où on ne l’aurait pas cru, en mars 2020, l’AIEA avait déjà averti l’ONU que la République islamique triplait sa production d’uranium enrichi et augmentait considérablement le nombre de machines utilisées pour enrichir l’uranium et produire plus de combustible nucléaire plus vite.

Certains mesurent leur morale en dollars

C’est le cas de notre pays, qui est à l’origine, en 2019, de la création d’Instex (Wikipédia), une société chargée de contourner les sanctions américaines, afin de continuer à commercer avec les mollahs, au détriment du peuple iranien (dont la patrie des droits de l’homme se fiche autant que des civils israéliens, officiellement visés par la future bombe atomique).

Sur le site de la diplomatie française, l’article sur « La question nucléaire iranienne » commence par une contre-vérité flagrante :

« La France exprime sa profonde préoccupation face à la poursuite par l’Iran d’activités non conformes aux engagements qu’il a pris dans le cadre du Plan d’action global commun (JCPOA). L’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a en effet confirmé que l’Iran avait dépassé la limite autorisée pour son stock d’uranium faiblement enrichi, et commencé à enrichir l’uranium au-delà du niveau limite autorisé, dans deux rapports parus respectivement le 1er et le 8 juillet 2019 (Diplomatie). »

Et d’une, l’accord n’engage que ceux qui ont signé, en l’occurrence Barack Obama, en tant qu’individu et non ès qualité de président des États-Unis, car il lui eût fallu obtenir l’accord du Sénat, qu’il n’a pas sollicité, conscient que la réponse serait négative. D’ailleurs, la « diplomatie française » finit par l’avouer, beaucoup plus loin : « Il s’agit d’un accord politique : il n’est ni signé, ni ratifié mais est endossé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité. » Euh, un accord ni signé ni ratifié, qu’est-ce que c’est, précisément ?

Et de deux, le gouvernement français prétend que nonobstant le retrait américain,

« le JCPOA fonctionne et permet d’assurer que le programme iranien demeure encadré et à vocation exclusivement pacifique. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) vérifie la mise en œuvre de l’accord et publie des rapports réguliers à ce sujet. »

Les rapports qui font l’objet de la première phrase et qui montrent que l’Iran l’outrepasse à centrifugeuses que veux-tu ?

La cerise sur le turban, c’est que notre « diplomatie » prétend avoir adhéré avec enthousiasme à cet accord qui n’en est pas un, parce qu’il visait à « résoudre l’une des plus graves et des plus longues crises de prolifération nucléaire au Moyen-Orient, garantir le caractère exclusivement pacifique du nucléaire iranien et contribuer à la paix et à la stabilité de la région. »

Le coq gaulois a fait un couac

La paix et la stabilité, cela se met en œuvre, notamment par la signature de traités de paix. C’est ce qui s’est passé, sous l’influence américaine, entre Israël et trois pays, pour l’instant.

Qualifier de « tiède » la réaction de la France à la publication de cette nouvelle est l’euphémisme de l’année. Arctique est beaucoup plus proche du ton défait et de la déclaration alambiquée (les Echos).

En réalité, il manquait une précision aux objectifs tels qu’ils sont définis sur le site du gouvernement. La phrase intégrale était : « contribuer à la paix et à la stabilité de la région, une fois que l’Iran aura éliminé Israël de la carte, comme il revendique de vouloir le faire depuis des décennies. »

Ah oui, comme ça, c’est beaucoup plus clair !

L’Iran est pour la paix et le montre chaque jour

Par exemple avec l’attentat déjoué à la dernière minute, en 2018, qui devait faire sauter le bâtiment de Villepinte où se tenait un meeting d’opposants aux mollahs. La bombe a été interceptée à son départ de la Belgique pour la France. Le Monde, qui est habituellement tout en tendresse enrobé pour les islamistes, admet cependant que la responsabilité de l’Iran ne fait aucun doute et que « Les experts belges sont formels : l’onde de choc causée par la bombe aurait pu s’étendre sur une centaine de mètres, faire de nombreuses victimes et créer un mouvement de panique potentiellement mortel étant donné le nombre de personnes présentes. L’engin, à base de peroxyde d’acétone (ou TATP) et télécommandé à distance, aurait dû exploser le 30 juin 2018 à Villepinte (le Monde). »

Mais l’opération a raté, donc exit le terrorisme, circulez, y a rien à voir avec l’islam et en plus, cela date du temps du Padamalgam, dont la cote décroît depuis la décapitation de Samuel Paty. Parions donc que l’on ne verra pas de gros titres sur le procès des auteurs de cet attentat avorté, qui se tient ces jours-ci à Bruxelles.

De la même façon qu’on a cherché en vain, dans notre presse mainstream, une information directement liée à la même problématique, lorsque la grille des salaires pour les « martyrs » palestiniens, indexée sur le nombre de leurs victimes civiles, a été rendue publique, en novembre 2018 (Palwatch).

Les médias médisent ou se taisent

Le silence médiatique hexagonal avait-il un rapport avec le fait que ces salaires ne peuvent être versés que grâce aux subventions de l’Union européenne et qu’il a fallu les augmenter substantiellement quand les États-Unis ont cessé de verser leur quote-part, du fait que l’Autorité palestinienne refusait de renoncer à salarier les terroristes (Jews for Justice for Palestinians) ?

Meuh non ! Nous, nous sommes la patrie des droits de l’Homme et nous faisons tout pour contribuer à la paix et à la stabilité.

Alors, nous sommes amoraux. Ou incompétents. Lequel des deux ?

Pourquoi ? L’un est exclusif de l’autre ?

Liliane MessikaMABATIM.INFO

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