Ces derniers jours, des réunions ont été organisées entre des représentants du Hezbollah et des émissaires du président libanais Nawaf Salam. L’objectif : explorer une solution sur l’avenir des armes détenues par le mouvement. Mais ces discussions se sont soldées par un échec complet.
Selon des sources proches du dossier, le Hezbollah a été clair : toute tentative de réduire ou même de symboliquement limiter ses capacités militaires serait perçue comme un casus belli. Cette position ferme signifie que, malgré sa participation aux instances gouvernementales, l’organisation n’envisage pas de réduire sa présence militaire dans les rues du pays ni de renoncer à son rôle de puissance armée parallèle.
Cette attitude survient alors que le gouvernement Salam, formé en février, tente d’imposer une nouvelle dynamique. Pour la première fois depuis des années, le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, ont perdu le fameux « tiers de blocage », ce mécanisme qui leur permettait de bloquer les décisions gouvernementales jugées contraires à leurs intérêts. Le gouvernement actuel ambitionne de collecter les armes de toutes les milices, y compris celles du Hezbollah, un projet explosif qui exacerbe les tensions politiques.
Israël et l’échec de la médiation américaine
Sur le plan régional, les tensions ne faiblissent pas non plus. Une tentative de médiation menée par l’envoyé américain Tom Barak a récemment échoué. Sa proposition, présentée à Paris lors d’une rencontre avec le ministre israélien des Affaires stratégiques Ron Dermer, prévoyait une série de mesures : arrêt progressif des bombardements israéliens, retrait partiel du sud du Liban et règlement de la question des prisonniers.
Un Hezbollah en grande difficulté
Le contexte interne du mouvement est particulièrement fragile. Le Hezbollah subit la plus grave crise de son histoire depuis sa fondation il y a plus de quarante ans. La situation économique, déjà catastrophique avant la guerre, s’est encore aggravée. L’implication dans le conflit de Gaza a entraîné la destruction de nombreux villages chiites du sud et de la vallée du Liban.
Surtout, l’organisation a été frappée par l’assassinat de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, et d’une grande partie de son état-major, ainsi que par la perte de milliers de combattants. Cet affaiblissement humain et symbolique fragilise profondément sa position, même si, paradoxalement, il pousse ses dirigeants à afficher une détermination intransigeante.
Pour de nombreux analystes, le pays se trouve au bord d’un nouveau conflit interne. L’expert du Moyen-Orient Dr Yaron Friedman écrivait récemment dans Maariv que le Liban est « au seuil d’une guerre civile », en raison de la combinaison de facteurs explosifs : crise économique persistante, destruction d’infrastructures, isolement politique du Hezbollah et pertes humaines massives dans ses rangs.
Cette analyse souligne la gravité d’une situation où l’organisation, acculée, pourrait choisir la fuite en avant plutôt que le compromis. Pour certains observateurs, en refusant de céder sur son arsenal, le Hezbollah risque un suicide politique et militaire, entraînant tout le pays dans une spirale de violence.
Une impasse dangereuse
Le Liban se trouve aujourd’hui dans une double impasse. D’un côté, la pression interne et internationale s’accentue pour mettre fin à la présence armée des milices, afin de restaurer l’autorité de l’État. De l’autre, le Hezbollah, affaibli mais toujours puissant, refuse de céder et menace d’embraser la scène nationale si ses armes sont menacées.
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