Rabbi de Kalov, par. Emor : Leçon de modestie

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« N’ayez point recours aux évocations ni aux sortilèges ; n’aspirez pas à vous souiller par ces pratiques : Je suis l’Éternel votre D’ » (Vayikra 19,31).

Il est rapporté dans l’ouvrage Yekhahen Peèr, que le ‘Hozé de Lublin raconta un jour cette histoire à ses élèves : un prêtre vil arriva dans un village et reçut l’autorisation des ministres du gouvernement de promulguer un décret contre les Juifs de la ville. Ils étaient sommés d’envoyer un délégué pour l’affronter en public et lui prouver la véracité du judaïsme. Il fut décidé que le vainqueur pourrait jeter le vaincu dans la mer pour l’y noyer.

L’effroi saisit les Juifs du village, qui étaient des gens extrêmement simples et qui ne comptaient parmi eux ni Sage ni Juif vénérable qui pourrait triompher du prêtre. Privés de choix, ils se saisirent de l’art de leurs ancêtres et se répandirent en prières devant le Maître du monde, afin qu’Il les délivre de ce malheur.

On s’approchait de la date du débat et les Juifs étaient encore à la recherche d’un homme qui serait prêt à affronter le prêtre. Un tailleur très modeste se proposa et se rendit sur la place de la ville pour débattre avec le prêtre.

Lorsque le prêtre aperçut le simple tailleur, il fut persuadé que les Juifs se moquaient de lui, sachant que le tailleur savait à peine lire et écrire. Il proposa donc que le tailleur pose en premier une question pour vérifier ses connaissances en Tora, à laquelle il répondrait, étant persuadé que compte tenu de sa stupidité, sa question serait dérisoire et sujette aux moqueries des auditeurs.

Aussitôt, le tailleur posa au prêtre une question sur le sens de cette phrase : « Je ne sais pas. » Le prêtre lui répondit : « Ni weiss » (Je ne sais pas). Le tailleur s’écria alors, tout ému, qu’il avait vaincu le prêtre, car il avait lui-même avoué qu’il ne pouvait pas répondre à sa question. Et de fait, on jeta le prêtre à la mer.

Les villageois louèrent Hachem pour le grand miracle qu’Il avait opéré pour eux. Ils interrogèrent ensuite le tailleur : comment avait-il eu l’idée de ce stratagème en pensant à poser cette question à ce mécréant ? Le tailleur répondit avec innocence : « J’avais regardé un livre d’explication sur des termes en yiddish, et vu qu’aux mots « Je ne sais pas », il était écrit qu’il ne savait pas. » Il déduisit de là que si l’auteur du livre ne connaissait pas le sens des termes : « Je ne sais pas », il était impossible que le non-Juif le sache.

Le ‘Hozé de Lublin expliqua à ses élèves qu’il leur avait fait part de ce récit, pour les sensibiliser à la faculté des mots : « je ne sais pas. » Lorsque l’homme utilise les termes : « je ne sais pas » lorsqu’on lui pose des questions de Émouna, conscient de ne pas encore tout savoir, il a le sentiment de n’avoir pas tout appris ; il pourra ainsi surmonter toutes les épreuves du yétser hara’ pour le faire sombrer dans l’hérésie et l’écarter de la voie de nos ancêtres.

À ce sujet, rabbi Israël de Tchorkov zatsal affirme que tous les animaux, à leur naissance, naissent totalement formés, leurs facultés sont accordées à leur âme animale au moment de leur venue au monde, et ils resteront ainsi toute leur vie, comme il est dit (Baba Kama 65) : « Un taureau, dès sa naissance, se nomme taureau. » En revanche, l’homme naît privé d’intelligence et de discernement, et peu à peu, son intelligence se développe. En effet, Hachem l’a fait dans l’intérêt de l’homme ; grâce à cela, il se rend compte chaque jour que la veille, il n’avait pas encore tout compris, comme il se l’imaginait, et en déduira qu’aujourd’hui, il ne saisit pas encore tout.

Cette idée s’applique à de nombreux êtres humains, même les tout jeunes qui n’ont encore rien commencé à étudier : ils prétendent ne pas accomplir les Mitsvoth, car ils ont des « difficultés », comme s’ils étaient des Sages qui ont trouvé des explications auxquelles aucun des Maîtres, respectueux de la Tora et des Mitsvoth, n’ont pensé.

Ces jeunes gens doivent se dire qu’ils ne sont pas plus intelligents que leurs ancêtres qui ont servi Hachem pendant toutes les générations, même avant d’avoir tout parfaitement compris.

Leur conduite était motivée du fait que tout comme un homme obéit immédiatement à un médecin dans le but de sauver sa vie, il ne demandera pas au médecin pourquoi il lui a prescrit spécifiquement tel remède, ni comment il agit. Il sait en effet que la médecine est une science très vaste et qu’une longue période de temps est nécessaire pour comprendre le mécanisme de chaque maladie et son traitement. De ce fait, il faut croire et s’appuyer sur les grands spécialistes qui ont inventé des médicaments après des dizaines d’années d’études et d’épreuves. Ainsi, l’homme doit accomplir les Mitsvoth, mû par la Émouna en Hachem qui guérit toute chair, même s’ils ne saisissent pas les mobiles.

Dans le domaine de la médecine, lorsqu’un simple médecin ne comprend pas quelque chose de particulier, il n’y a aucune honte à dire : « Je ne sais pas », et il interroge ainsi un professeur, et si ce dernier ne connaît pas la réponse, on cherche un spécialiste qui a étudié de longues années ce domaine très spécifique – de la même façon, dans la sainte Tora, il faut interroger un Sage qui a beaucoup étudié, ou consulter des livres, mais aucune question ne reste sans réponse.

Tout comme les médecins qui ont fait de longues études comprennent au mieux les pouvoirs physiques cachés des bactéries et des virus, de la même façon, celui qui étudie peut avoir accès aux pouvoirs spirituels cachés de l’impureté et de la pureté, en particulier s’il étudie le Zohar de rabbi Chim’on bar Yo’haï, mais peu à peu, devra se détacher des convoitises matérielles qui induisent en erreur l’esprit humain, dans le sillage de nos ancêtres et de nos premiers maîtres.

Nous pouvons affirmer que c’est l’idée dont il est fait allusion dans ce verset : « N’ayez point recours aux évocations ni aux sortilèges » : ne soyez pas attirés par des hommes orgueilleux qui estiment avoir le niveau de nos ancêtres et pensent tout savoir, car « n’aspirez pas à vous souiller par ces pratiques » : vous ne voulez pas vous souiller par leurs idées trompeuses, et c’est uniquement en vous éloignant d’eux et de leur méthode, que vous pourrez vous renforcer et conserver votre pleine Émouna que :  » Je suis l’Éternel votre D’. »

Chabbath Chalom !

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