Witkoff : les États-Unis ne forceraient pas Israël à mettre fin à la guerre à Gaza…

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Des sources arabes ont indiqué au ToI que l’envoyé de Trump tentait d’obtenir du Hamas la libération d’un plus petit nombre d’otages que souhaité par Israël pour obtenir un accord

L'envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, arrive pour une cérémonie de signature au Palais royal de Doha, le 14 mai 2025. (Crédit : Karim Jaafar/AFP)

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, arrive pour une cérémonie de signature au Palais royal de Doha, le 14 mai 2025. (Crédit : Karim Jaafar/AFP)

Depuis la reprise, à Doha mercredi, des négociations entre Israël et le Hamas sur le sort des otages, l’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué aux médiateurs que Washington n’avait aucunement l’intention de forcer Israël à mettre fin à la guerre à Gaza – ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu refuse catégoriquement, ont déclaré jeudi au Times of Israel deux responsables arabes.

Les médiateurs qataris et égyptiens espéraient pourtant que les États-Unis fassent un pas dans cette direction, compte tenu des propos tenus par le président Donald Trump et d’autres conseillers de haut rang au sujet de la fin à la guerre suite à la libération, lundi par le Hamas, de l’otage américano-israélien Edan Alexander.

Netanyahu s’est dit favorable à un cessez-le-feu temporaire d’une durée de 45 jours environ, qui commencerait par la libération par le Hamas d’une dizaine de ses otages, tout en rappelant à Witkoff qu’Israël était prêt à négocier l’armistice, mais pas officiellement, a expliqué le premier responsable arabe.

Le Hamas a refusé ce projet, rappelant son accord pour libérer des otages à la faveur d’une trêve, en janvier, lors de laquelle Israël s’était engagé à négocier l’armistice mais ne l’avait finalement pas fait, du fait de Netanyahu, ce qui avait donné lieu à une reprise de l’offensive de Tsahal à Gaza le 18 mars.

Le Hamas exige de la part des autorités israéliennes un engagement immédiat à mettre fin à la guerre avant toute nouvelle libération d’otages. Il a publié, jeudi, une déclaration mettant en garde contre la fragilisation des pourparlers par le blocus imposé par Israël depuis près de deux mois et demi sur l’aide humanitaire destinée à Gaza. Israël reproche au Hamas de s’être arrogé une grande partie de l’aide acheminée avant cette date.

Face à l’intransigeance des deux parties en présence, Witkoff a proposé une solution médiane prévoyant la libération d’un plus petit nombre d’otages en échange d’une trêve de plusieurs semaines, ont indiqué les deux responsables arabes. L’envoyé de Trump a tenté de convaincre le Hamas, par l’intermédiaire des médiateurs, que cette fois, les États-Unis veilleraient à ce qu’Israël négocie effectivement un cessez-le-feu permanent.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre), le ministre de la Défense Israel Katz (à gauche) et le général de brigade Omer Tischler, chef d’état-major de l’armée de l’air israélienne, observent des frappes sur des cibles houthies dans la capitale yéménite, Sanaa, depuis les locaux du quartier général militaire de Kirya, à Tel Aviv, le 6 mai 2025. (Capture d’écran)

Les responsables arabes ont indiqué que les positions des parties demeuraient éloignées les unes des autres mais que les médiateurs américains, qataris et égyptiens continuaient de faire en sorte à les amener à un compromis dans les prochains jours.

Israël a annoncé son intention de mener une opération militaire de grande ampleur destinée à réoccuper et conserver l’ensemble de la bande de Gaza au cas où le Hamas n’accepterait pas sa proposition de cessez-le-feu avant la fin du déplacement de Trump au Moyen-Orient, ce vendredi.

Mais les médiateurs arabes espèrent que les Etats-Unis parviendront à convaincre Israël de patienter un peu, le temps de connaître le bilan de la frappe de Tsahal de mardi contre le chef du Hamas à Gaza, Mohammed Sinwar. Des dizaines de civils auraient également été éliminés, selon des autorités de santé liés au Hamas à Gaza.

Les autorités israéliennes ont souvent dit que Sinwar avait été le principal obstacle des négociations passées et elles espèrent que son élimination amène le Hamas au compromis. Mais Israël n’est plus aussi sûr de la mort de Sinwar, explique le second responsable arabe bien informé de la question.

Les dirigeants arabes supposés se réunir samedi à Bagdad pour un sommet consacré à Gaza espèrent que l’offensive israélienne ne sera pas lancée lors de cette conférence, ajoute le second responsable arabe.

Alors qu’ils continuent de suivre l’exemple de Witkoff dans les négociations, le Qatar et l’Égypte estiment qu’il faudrait peut-être pousser les parties à l’armistice, ajoute le premier responsable arabe.

Le Hamas a déjà accepté de renoncer au contrôle gouvernemental sur la bande de Gaza et cinq pays arabes au moins se disent prêts à prendre part à la gestion de Gaza après la guerre, ce qui, selon eux, conduirait au désarmement progressif du Hamas, explique le responsable arabe, reconnaissant que cela impliquerait d’inviter l’Autorité palestinienne à la table, ce que refuse Netanyahu.

Sans horizon politique pour les Palestiniens, les demandes de désarmement permanent du Hamas ne seront pas satisfaites, estime le responsable arabe.

Witkoff, qui est d’accord avec l’approche arabe, a d’ailleurs fait savoir aux familles des otages, la semaine dernière, que le choix du gouvernement Netanyahu de monter d’un cran dans la guerre ne serait pas efficace, selon une source présente lors des discussions.

Interrogé mardi, lors d’une autre réunion avec d’autres familles d’otages, sur les raisons pour lesquelles les États-Unis refusent de forcer Netanyahu à mettre fin à la guerre, Witkoff a répondu : « Nous ne sommes pas le gouvernement israélien… Le gouvernement israélien est souverain. Ils ne peuvent pas nous dire quoi faire, et nous ne pouvons pas leur dire quoi faire », selon un enregistrement de la réunion obtenu par Haaretz.

Les services de Witkoff n’ont pas répondu à une demande de commentaire sur la question.

Le Hamas a proposé de libérer tous les otages en échange de l’armistice, ce que Netanyahu a refusé au motif qu’ainsi, le Hamas resterait au pouvoir.

Plusieurs sondages témoignent d’un décalage entre le Premier ministre et la majorité des Israéliens, eux favorables à cette proposition. Netanyahu fait face aux pressions de ses partenaires de coalition d’extrême droite, qui le menacent de faire tomber le gouvernement s’il met fin à la guerre en échange des 58 derniers otages, dont 20 à 23 seraient encore en vie.

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