Ces pays n’ont pas demandé un cessez-le-feu en 1944

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Deuxieme Guerre Mondiale (1939-1945) : debarquement en Provence (operation Anvil Dragoon), aout 1944. Bombardement de la ville de Arles et du pont par les B26 de la Mediterranean Air Force Photographie vers le 20 aout 1944. ©Usis-Dite/Leemage

Tensions entre alliés occidentaux

Huckabee critique les appels européens à l’arrêt des opérations israéliennes à Gaza

Les tensions diplomatiques s’accentuent entre Israël et plusieurs pays d’Europe de l’Ouest. Mike Huckabee, ancien gouverneur et désormais ambassadeur américain en Israël, s’est exprimé avec virulence contre la position adoptée par le Royaume-Uni, la France et le Canada, qui appellent à la cessation immédiate des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

Lors d’une interview accordée jeudi à la radio de l’armée israélienne, Huckabee a dénoncé ce qu’il perçoit comme une incohérence historique de la part de ces puissances. « Ces pays, attaqués par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, n’ont pas demandé un cessez-le-feu mais ont poursuivi une victoire totale, bombardant l’Allemagne jusqu’à la capitulation », a-t-il rappelé, critiquant l’appel au « cessez-le-feu immédiat » qui, selon lui, reviendrait à récompenser l’agression du Hamas.

Une déclaration conjointe mal accueillie à Jérusalem

La réaction de Huckabee fait suite à une déclaration conjointe publiée le 19 mai par Ottawa, Londres et Paris. Le texte appelle Israël à « cesser ses opérations militaires à Gaza » et à « permettre l’acheminement immédiat de l’aide humanitaire ». Il soutient également la création d’un État palestinien dans le cadre d’une solution politique à deux États.

Ce positionnement a provoqué une vive réaction du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui y voit une tentative de contraindre Israël à interrompre une guerre défensive alors même que, selon lui, les infrastructures militaires du Hamas n’ont pas encore été démantelées. Dans un communiqué, il a dénoncé « une prime accordée à une attaque génocidaire » et mis en garde contre les risques d’encourager d’autres agressions de ce type si Israël était contraint de reculer.

Une pression internationale croissante

Au-delà des prises de position individuelles, c’est tout un contexte de pressions diplomatiques qui se dessine autour d’Israël. L’Union européenne a annoncé cette semaine qu’elle réévaluerait l’accord d’association régissant ses relations politiques et économiques avec l’État hébreu. De son côté, le Royaume-Uni a gelé ses négociations de libre-échange avec Israël. Plus symboliquement, Londres a imposé des sanctions ciblées contre des habitants juifs vivant en Judée-Samarie (Cisjordanie), un geste qui a été perçu comme un signal politique fort.

Pour Huckabee, cette série d’initiatives détourne l’attention du véritable responsable de la tragédie actuelle : le Hamas. Il a exprimé sa position sur les réseaux sociaux, affirmant que le groupe islamiste aurait pu mettre fin au conflit dès le 8 octobre 2023, lendemain de l’attaque surprise menée contre Israël. « C’est le Hamas qui a prolongé la souffrance de la population de Gaza », a-t-il tweeté. « Et je suis indigné de voir la France, le Royaume-Uni et le Canada pointer du doigt Israël. Ils doivent cesser cette inversion morale et faire pression sur les terroristes. »

Entre histoire et actualité : la guerre des récits

Le recours à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale par Huckabee n’est pas anodin. En évoquant la stratégie militaire des Alliés contre l’Allemagne nazie, il entend souligner que les grandes démocraties occidentales ont elles-mêmes, en leur temps, refusé de négocier avec des ennemis déterminés à les anéantir. Selon lui, Israël agit de la même manière aujourd’hui face à une organisation terroriste qui ne reconnaît pas son droit à l’existence.

Cette référence historique, cependant, n’a pas été reprise par les diplomaties européenne et canadienne, qui insistent sur la nécessité de protéger les civils palestiniens et d’ouvrir un couloir humanitaire durable. La communauté internationale est de plus en plus préoccupée par les conditions de vie dans la bande de Gaza, où les opérations militaires ont provoqué des déplacements massifs et une crise humanitaire aiguë.

Une fracture diplomatique qui s’accentue

Les déclarations de Huckabee, bien que faites à titre d’ambassadeur, révèlent un climat tendu entre Israël et certains de ses partenaires traditionnels. Alors que Washington affiche un soutien plus réservé à la position israélienne ces dernières semaines, la prise de parole musclée de Huckabee pourrait également refléter une volonté d’apporter un contrepoids au sein même des cercles diplomatiques occidentaux.

Qu’il s’agisse d’un rappel historique ou d’une critique politique directe, cette sortie de l’ambassadeur américain souligne une divergence de plus en plus visible entre les capitales occidentales sur la manière d’aborder le conflit à Gaza. Une fracture qui, à défaut d’être comblée rapidement, pourrait affecter durablement la coordination internationale sur la scène proche-orientale.

Jforum.fr

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