Pas ce que vous pensiez : voici comment les Iraniens réagissent réellement à l’opération israélienne

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Alors que Tsahal mène une campagne militaire sans précédent en territoire iranien, les regards se tournent vers les réseaux sociaux iraniens, où se dessine une image fascinante mais profondément divisée. Orith Perelov, experte en médias sociaux et en tendances sociétales dans le monde arabe et iranien, chercheuse principale à l’INSS (Institut d’études de sécurité nationale), identifie deux discours très différents : celui de la diaspora iranienne, et celui des citoyens vivant en Iran.

Be’hadré ‘Harédim

D’un côté, des exilés iraniens – principalement basés aux États-Unis et en Israël – mènent deux grandes campagnes visant à accélérer la chute du régime de Téhéran.
La première, intitulée « Le régime des ayatollahs est fragile comme une toile d’araignée », diffuse des vidéos montrant des atteintes aux symboles du pouvoir, accompagnées d’appels à manifester.
La seconde, surnommée « Tout le monde fuit vers Moscou » ou encore « Khamenei comme Assad », s’appuie sur de fausses vidéos prétendant montrer les familles des hauts responsables du régime s’enfuyant en Russie – dans le but de semer la démoralisation.

Mais selon Perelov, ce discours est déconnecté de la réalité sur le terrain. « Il reflète les espoirs des exilés, pas les sentiments réels des citoyens vivant en Iran », affirme-t-elle. La population, dit-elle, n’est pas encore prête à descendre massivement dans les rues, et ces messages ne correspondent pas à l’état d’esprit intérieur.

En Iran même, le discours sur les réseaux est totalement différent. Perelov distingue trois récits principaux expliquant pourquoi une révolution n’a pas lieu et pourquoi Israël ne parvient pas à susciter le soutien populaire espéré.

  1. « Par haine de Haman, pas par amour de Mardochée » : même si la haine envers le régime est réelle, l’amour du pays reste fort. Beaucoup d’Iraniens éprouvent une profonde hostilité envers le gouvernement israélien, perçu comme cruel et responsable de la souffrance palestinienne. Le soutien israélien est vu comme une tentative de manipulation, voire comme une trahison.

  2. La paralysie due à la peur : malgré la colère envers le régime, la peur de la répression est encore trop forte. Le traumatisme des protestations passées – avec leurs arrestations et répressions sanglantes – freine toute mobilisation de masse.

  3. La peur des conséquences de la guerre avec Israël : les Iraniens tiennent à leur vie et redoutent que Téhéran ne subisse le même sort que Jabaliya ou la banlieue sud de Beyrouth (Dahiya). Cette peur s’est déjà manifestée : durant les trois premiers jours de l’opération, de nombreux habitants ont fui la capitale. Pour l’instant, Israël frappe uniquement des cibles militaires, mais si des sites civils sont touchés, le climat pourrait rapidement changer.

En conclusion, Perelov affirme que l’attente d’un soulèvement iranien massif est déconnectée de la réalité actuelle. Tant que la peur domine et que le patriotisme iranien reste plus fort que l’aspiration à renverser le régime, les scénarios d’un « printemps persan » tant espéré par l’Occident devront encore attendre.

 

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