Alors que la guerre entre Israël et l’Iran franchit le cap des six jours, le Qatar se retrouve dans une position de plus en plus délicate. Ce petit État du Golfe, riche et influent, a tissé des liens étroits avec Téhéran, tout en accueillant l’une des plus importantes bases militaires américaines dans la région. Cette double posture diplomatique, longtemps perçue comme un atout stratégique, devient aujourd’hui une source de tensions et de risques.
Depuis le 13 juin, date du lancement des frappes israéliennes contre l’Iran, les négociations liées à Gaza et aux otages semblent figées. Le conflit plus large entre deux puissances régionales — Israël et l’Iran — a éclipsé les autres enjeux. Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Amjad al-Ansari, a exprimé la préoccupation de son pays, appelant à une désescalade par la voie diplomatique. Le Premier ministre qatari, de son côté, a condamné sur les réseaux sociaux ce qu’il qualifie d’« actions israéliennes compromettant la paix », sans pour autant s’aligner complètement avec Téhéran.
En outre, alors que Donald Trump semble prêt à accentuer la pression sur l’Iran, Doha pourrait se retrouver isolé. Certains États du Golfe pourraient suivre la ligne dure de Washington. Le Qatar, de par ses relations anciennes avec l’Iran, ne pourra pas aisément les imiter. Il cherchera sans doute à maintenir sa posture de médiateur, mais cette stratégie pourrait cette fois être moins payante.
La position de Doha est d’autant plus complexe que la perception de l’Iran a changé. La capacité d’Israël à frapper efficacement les infrastructures militaires iraniennes et la faiblesse de la riposte de Téhéran ont affaibli l’image du régime chiite. Ce dernier, déjà fragilisé sur le plan intérieur, voit sa crédibilité s’effriter à l’étranger. Pour le Qatar, continuer à défendre ou à héberger des mouvements soutenus par l’Iran, comme le Hamas, devient un pari diplomatique de plus en plus risqué.
Dans ce contexte, la rhétorique classique appelant à la paix et à la négociation pourrait s’avérer insuffisante. Alors que les menaces de Téhéran s’intensifient contre les installations américaines ou les partenaires du Golfe, les capitales occidentales attendent des positions claires. Toute ambiguïté du Qatar pourrait être interprétée comme une complicité ou, à tout le moins, comme un calcul opportuniste.
Enfin, le facteur Trump n’est pas négligeable. Le président pourrait imposer une ligne dure contre l’Iran. Si Doha devait s’y opposer publiquement, cela pourrait entacher sa relation avec Washington et remettre en cause son statut privilégié d’allié majeur hors OTAN.
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