Israël : la Bourse flambe malgré la crise avec l’Iran

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Contre toute attente, le marché financier israélien connaît une dynamique positive alors même que le pays est engagé dans une confrontation directe avec l’Iran. Depuis le lancement des premières frappes il y a environ une semaine, les indices boursiers israéliens ont enregistré des hausses significatives, tandis que le dollar s’est affaibli face au shekel, tombant à 3,48.

Cette tendance étonne de nombreux observateurs, à commencer par Uri Tuval, PDG de Tuval Investment House et président du hedge fund Alamanda Capital. « Le marché anticipe un scénario trop idéaliste », prévient-il. « Les hausses actuelles s’appuient sur des prévisions qui relèvent presque du fantasme. »

Traditionnellement, les périodes de guerre ou d’escalade sécuritaire, surtout face à une puissance régionale comme l’Iran, entraînent une volatilité élevée et une baisse des marchés. Pourtant, le climat actuel semble marquer une rupture avec ce schéma. Les investisseurs, en particulier les particuliers, ont massivement acheté, dopant les cours, notamment dans les secteurs immobilier et bancaire. La question se pose désormais : assiste-t-on à un simple rebond ou à une euphorie prématurée ?

Tuval identifie deux scénarios possibles :

Le scénario optimiste : une sortie rapide et bénéfique
Selon la lecture la plus favorable, les combats pourraient s’achever d’ici deux à trois semaines. Ce scénario suppose que l’objectif stratégique serait atteint : désarmement nucléaire partiel ou total de l’Iran, par destruction des installations ou par un nouvel accord international assorti d’un mécanisme de contrôle renforcé.

Dans cette perspective, la situation sécuritaire s’améliorerait rapidement, entraînant une baisse de la prime de risque sur Israël. Le shekel se renforcerait, les taux d’intérêt pourraient être abaissés, et les indices boursiers poursuivraient leur ascension. Tuval va même jusqu’à comparer cette dynamique à celle qu’aurait pu générer un accord de paix avec l’Arabie saoudite.

Toutefois, il tempère cet optimisme : « Il faut garder à l’esprit que cette dynamique repose sur des projections idéales. La réalité géopolitique est souvent plus complexe. »

Le scénario pessimiste : conflit prolongé, instabilité économique
L’autre hypothèse, plus sombre, envisage un prolongement du conflit. Dans ce cas, l’Iran pourrait réussir à infliger des dégâts importants au territoire israélien, ouvrir de nouveaux fronts ou perturber la navigation dans le Golfe persique, notamment via le détroit d’Ormuz.

L’entrée en guerre potentielle des États-Unis, bien qu’imposante sur le plan militaire, ne garantirait pas une fin rapide des hostilités. Des perturbations prolongées pourraient entraîner une flambée temporaire des prix du pétrole – jusqu’à 100 dollars le baril – affectant l’économie mondiale par une poussée inflationniste.

Ce scénario aurait un impact direct sur les marchés israéliens : baisse brutale des indices, affaiblissement du shekel, fuite des capitaux. « Même si, à long terme, une victoire militaire pouvait apporter plus de sécurité, les marchés réagissent souvent trop vite et sans attendre de clarté sur les résultats réels », avertit Tuval.

Un marché encore fragile
Il est important de noter que cette hausse actuelle est surtout portée par les investisseurs individuels. Les grandes institutions financières, plus prudentes, ne sont pas encore pleinement mobilisées. Si les particuliers décidaient de se retirer face à une montée des incertitudes, le marché pourrait chuter aussi vite qu’il a grimpé.

Inversement, si les fonds institutionnels venaient à entrer massivement, cela pourrait amplifier la tendance haussière, avec des volumes bien plus importants. Ce point constitue l’une des grandes inconnues du moment.

En définitive, le marché israélien navigue entre espoir et incertitude. Si l’optimisme des investisseurs se confirme, cette phase pourrait marquer un tournant économique majeur. Mais si les tensions s’enlisent ou s’étendent, la correction pourrait être sévère. La prudence reste donc de mise, tant pour les analystes que pour les acteurs du marché.

Jforum.fr

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