Sergey Brin accuse l’ONU d’antisémitisme dans un échange interne

0
55

Ces déclarations font suite à un rapport publié par l’ONU, dans lequel certaines entreprises technologiques, dont Google et sa maison mère Alphabet, sont accusées de tirer profit de la guerre à Gaza. Le document, rédigé par Francesca Albanese, rapporteuse spéciale pour les territoires palestiniens occupés, affirme que Google, via son partenariat technologique avec Israël, serait indirectement complice d’un « génocide ». Le rapport vise en particulier le Projet Nimbus, un contrat signé en 2021 entre Google, Amazon et l’État d’Israël, fournissant des services cloud et des outils d’intelligence artificielle à l’armée israélienne.

Brin, dans une publication adressée à ses collègues, a qualifié ce rapport de « manifestement biaisé et trompeur ». Il a également affirmé que qualifier les événements à Gaza de « génocide » est profondément offensant pour de nombreuses personnes juives, dont les familles ont été marquées par de véritables génocides. « Je me garderais également de citer des organisations ouvertement antisémites comme l’ONU à propos de ces questions », a-t-il ajouté.

Ces remarques ont suscité des réactions contrastées parmi les employés. Certains se sont dits choqués par la fermeté de ses propos, tandis que d’autres ont exprimé leur accord ou leur incompréhension. Le forum en question, intitulé « GDM Hot Goss », est un espace de discussion en ligne réservé à environ 2 500 collaborateurs, principalement des ingénieurs et chercheurs en IA.

La publication du rapport de l’ONU a ravivé les tensions déjà existantes au sein de Google, où plusieurs employés s’étaient élevés ces derniers mois contre la collaboration de l’entreprise avec l’armée israélienne. Ces protestations se sont intensifiées après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a causé la mort de 1 200 personnes et entraîné la prise en otage de plus de 250 individus. À la suite de ces événements, Google a poursuivi ses engagements contractuels avec Israël, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Le porte-parole de Sergey Brin a précisé que ses propos faisaient suite à un débat interne alimenté par des citations directes du rapport de l’ONU. Dans sa déclaration, Brin a défendu la position de Google face aux accusations, dénonçant des conclusions hâtives et une terminologie inappropriée. Il a notamment mis en garde contre les effets délétères de l’utilisation du terme « génocide » hors de son contexte historique et juridique.

Francesca Albanese, auteure du rapport controversé, est une figure régulièrement critiquée par les États-Unis et plusieurs ONG pour ses prises de position jugées partiales à l’égard d’Israël. Washington a officiellement demandé sa destitution, la jugeant « inapte » à exercer ses fonctions en raison de propos antisémites présumés.

Dans ce climat de tensions croissantes, Google a adopté une posture plus stricte vis-à-vis de l’activisme politique au sein de l’entreprise. En 2024, plusieurs salariés protestataires ont été licenciés pour s’être opposés publiquement aux contrats militaires de Google. Le PDG, Sundar Pichai, a rappelé que l’entreprise n’était pas un lieu pour des confrontations politiques internes ou des débats publics sur des sujets controversés.

Cette affaire soulève des interrogations sur l’équilibre délicat entre responsabilité éthique, engagement technologique et liberté d’expression dans les entreprises de la Silicon Valley. Elle met aussi en lumière la complexité croissante des enjeux géopolitiques liés à la technologie et aux partenariats stratégiques que nouent les géants du numérique.

Enfin, si Sergey Brin a quitté ses fonctions opérationnelles chez Google en 2019, il reste une voix influente dans l’univers de la technologie. Son intervention reflète non seulement une inquiétude personnelle — lui-même ayant fui l’antisémitisme soviétique avec sa famille dans son enfance — mais également une volonté de défendre la réputation de l’entreprise qu’il a contribué à bâtir.

Dans ce contexte, le débat sur la neutralité des plateformes numériques, l’usage militaire de l’IA et la responsabilité morale des entreprises reste plus que jamais d’actualité.

Jforum.fr

 

Aucun commentaire

Laisser un commentaire