Lettre ouverte à Monsieur Jean Noel Barrot, « ministre » des Affaires étrangères de la République française

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Vous portez bien votre nom.
Car ministre, étymologiquement, vient du latin minister, le petit, le second, le subalterne.
Et jamais cette définition ne vous aura mieux convenu qu’en ce jour où, du haut de vos fonctions, vous avez prononcé des paroles aussi basses, aussi graves, aussi indignes de la République que celles qui vous ont échappé — ou peut-être pas — à propos d’Israël :
« Israël tue des enfants. »
Pas des combattants.
Pas des civils pris entre deux feux.
Non.
Des enfants. Comme s’il s’agissait là d’une intention, d’un système, d’une politique.
Et en une phrase, vous avez réintroduit dans le discours officiel français une accusation vieille comme l’antisémitisme lui-même, celle qui transforme le peuple juif en peuple bourreau,
celle qui inverse la douleur,
celle qui redonne au mensonge un manteau de respectabilité diplomatique.
Mais ce que vous avez fait est bien plus qu’une faute politique.
C’est une fissure morale.
C’est un permis de haine.
C’est une gifle glaciale pour ceux d’entre nous qui se souviennent.
Car oui, Monsieur le Ministre, cette phrase, ce poison, nous l’avons déjà entendu.
Et pas seulement dans les manuels.
Dans une cour d’école. À Toulouse. En 2012.
Mohamed Merah, après avoir assassiné des enfants juifs à bout portant, déclarait :  « Je tue des enfants juifs parce qu’Israël tue des enfants. »
Vous ne citez pas Merah, bien sûr.
Mais vous lui offrez, à douze ans de distance, la légitimité du langage d’État.
Vous parlez sans nuance, sans source, sans prudence.
Mais pourquoi vous en embarrasser ?
Il est si facile de frapper Israël :
Ce pays-là, on peut l’accuser de tout.
Il enterre ses enfants, mais on le traite de bourreau.
Il se défend, mais on le traite de monstre.
Et surtout — surtout ! — il est juif.
Et cela suffit, pour qu’un ministre français aujourd’hui se croit autorisé à reprendre le langage des ennemis de la paix,
à maquiller l’agresseur en victime,
et à déguiser le terrorisme en projet national.
Et comme si cela ne suffisait pas, vous venez — dans la foulée — soutenir la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien qui pourrait, demain, être dirigé par le Hamas.
Mais là encore : peu importe les otages encore dans les tunnels,
peu importe les pogroms du 7 octobre,
peu importe les femmes violées, mutilées, brûlées,
vous tracez les frontières à la va-vite — du bout de la langue — parce qu’il faut bien exister quelque part.
Alors oui, Monsieur le Ministre, vous êtes bien “petit”.
Petit dans votre manière de trancher des conflits complexes avec des slogans.
Petit dans votre usage de la diplomatie comme vitrine pour votre conscience boussole.
Petit dans votre posture : fort avec Israël,
mais bien timide, bien diplomate, bien mesuré, dès qu’il s’agit de dénoncer les exactions d’autres régimes — y compris, osons le mot, l’Algérie,
avec laquelle vous évitez soigneusement d’avoir des mots durs, de peur sans doute de rouvrir les vieux dossiers.
Vous êtes petit enfin, parce que vous pensez — comme tant d’autres avant vous — que les Juifs ne feront pas trop de bruit.
Qu’ils n’oseront pas riposter.
Qu’ils préféreront se taire.
Qu’ils n’auront pas l’outrecuidance d’exiger des excuses.
Eh bien non.
Nous sommes là.
Et nous parlons.
Nous ne défendons pas un gouvernement.
Nous défendons une vérité.
Nous refusons de voir l’accusation de crime contre l’enfance être brandie à nouveau, sans preuves,
sans dignité,
sans retenue,
contre un peuple qu’on n’a jamais cessé d’accuser d’exister trop fort.
Et vous, Monsieur le Ministre, avez commis une faute qui vous disqualifie.
Non pas pour une erreur passagère,
mais parce que vos mots ne sont pas des mots de paix,
mais des munitions rhétoriques qui tuent l’honneur avec le même zèle que d’autres tuent la mémoire.
Et moi, Monsieur le Ministre, je vous le dis avec calme — mais sans aucune concession :
Vous ne parlez pas au nom de la France.
Vous parlez en votre nom, petit.
Et ce nom, aujourd’hui, est indignité.
La révocation s’impose.
L’Histoire vous jugera — mais la République ne doit pas attendre aussi longtemps.
Maître Samuel BENHAMOU
Avocat au Barreau de Marseille

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