La municipalité de Tel-Aviv a exigé de dizaines de synagogues qu’elles signent un engagement jugé scandaleux : permettre des offices qui ne soient pas nécessairement conformes à la Halakha. Des réactions virulentes dénoncent une tentative d’ingérence municipale et de « sécularisation » des synagogues. La municipalité a répondu : « Tout cela n’est qu’affabulations ».
JDN – Photo : Grande synagogue de Tel-Aviv (Wikipédia)
Les faits :
Récemment, la mairie de Tel-Aviv a envoyé une lettre à des dizaines d’associations gérant des synagogues, leur demandant d’assurer des services religieux pour tous les habitants du quartier sans distinction d’âge, de croyance ou de genre. Selon un article paru ce matin dans Yediot A(haronot, environ 130 synagogues, pour la plupart fondées avant la création de l’État d’Israël, ont reçu cette exigence assortie d’une menace : si elles refusent, elles pourraient être expulsées de bâtiments dont beaucoup ne sont pas totalement enregistrés au cadastre.
Certaines synagogues qui ont refusé de signer ont été assignées par la municipalité à quitter les lieux. Le document stipulait que : « La synagogue fournira des services religieux à tous les habitants du quartier, sans distinction d’âge, de genre ou de croyance, et le rituel de prière sera défini par le comité directeur en conséquence. Aucune activité en dehors de l’usage précisé ne sera autorisée. »
Lors d’une audience, l’avocat Alon Grossberg, représentant la municipalité, a déclaré : « Si une synagogue n’est plus nécessaire parce que la population a changé, rien n’empêche de l’utiliser à d’autres fins. »
La juge lui a répondu : « Les synagogues sont un sujet sensible. C’est comparable aux jardins d’enfants qui ferment et dont la municipalité adapte l’usage. »
Mais l’avocat David Shub, représentant des synagogues, a dénoncé : « Vous avez exigé une clause révoltante : que la synagogue serve tous les habitants, sans distinction de croyance, et que le rituel de prière s’y adapte. Si le quartier est laïc, faudrait-il prier en direction de la place Rabin au lieu de Jérusalem ? Et si un chrétien est présent, devrions-nous introduire une liturgie chrétienne ? »
Réactions et indignation
La lettre a provoqué une vive colère parmi les rabbins et responsables communautaires de Tel-Aviv. Ils accusent la municipalité de vouloir imposer des offices non orthodoxes, voire non juifs, et de supprimer la séparation hommes-femmes pourtant exigée par la Halakha.
Me Shub a dénoncé une « coercition laïque déguisée en égalité ».
L’Union des rabbins de communautés, qui regroupe des centaines de rabbins dans tout le pays, dont une dizaine à Tel-Aviv, a déclaré : « Cette décision révoltante de la municipalité de Tel-Aviv constitue une attaque directe contre la sainteté d’Israël et une entrave volontaire au public religieux national. »
Ils ajoutent : « Nous réfléchissons sérieusement à la riposte. Une chose est certaine : la tradition sera préservée, et nous ne céderons en aucun cas à ces tentatives d’atteinte. Am Israël Haï ! »
Réactions politiques
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Amihai Eliyahu (ministre) :
« La municipalité de Tel-Aviv tente de rééditer les scènes de Yom Kippour 2023 sur la place Dizengoff. Pendant que des prières musulmanes se tiennent sans problème au Dolphinarium avec séparation, les synagogues de la première ville hébraïque se sentent persécutées. »
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Shlomo Karhi (ministre des Communications) :
« Des impies. Comme aux temps des Grecs, ceux qui veulent déraciner le judaïsme échoueront. L’esprit et l’héritage du peuple juif leur survivront. Am Israël Haï. »
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Itamar Ben Gvir (ministre de la Sécurité nationale) :
« La municipalité de Tel-Aviv a déclaré la guerre au judaïsme. Les synagogues sont la colonne vertébrale de notre peuple. Elles survivront à ceux qui veulent effacer la Tora et notre identité. »
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Avi Maoz (député) :
« Quel contraste entre Meir Dizengoff, premier maire qui défendait l’identité juive de Tel-Aviv, et Ron Huldai, qui combat tout symbole juif dans l’espace public. »
Réponse de la municipalité
La municipalité de Tel-Aviv-Jaffa a répondu :
« C’est un non-sujet. La clause citée est inexacte et a été modifiée ces dernières années. La règle de non-discrimination existe depuis longtemps et s’applique à tous les établissements municipaux. Plus de 400 synagogues fonctionnent à Tel-Aviv-Jaffa, elles continueront de fonctionner et de prospérer. Il n’y a aucune crainte que leur activité ou leur identité soit modifiée. Tout cela n’est qu’affabulations. »