Lettre à Macron – l’ambassadeur convoqué

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Illustration : Charles Kushner, ambassadeur américain à Paris

Tensions diplomatiques Paris-Washington

Une vive tension diplomatique a éclaté entre Paris et Washington après la publication d’une lettre ouverte de l’ambassadeur américain en France, Charles Kushner, adressée directement au président Emmanuel Macron. Le diplomate y exprimait sa profonde inquiétude face à la recrudescence des actes antisémites en France et dénonçait, selon lui, « l’insuffisance » des mesures mises en place par les autorités françaises pour enrayer le phénomène.

Une convocation immédiate

Le ministère français des Affaires étrangères a réagi avec fermeté en convoquant l’ambassadeur américain pour une réunion de clarification. Dans un communiqué, un porte-parole a jugé les propos de Kushner « inacceptables », rappelant que la France n’acceptait pas d’être publiquement mise en cause sur la manière dont elle lutte contre l’antisémitisme. Cette convocation vise à exprimer officiellement le mécontentement de Paris et à réaffirmer la souveraineté de la France sur ses politiques internes.

Une lettre publiée dans la presse américaine

La lettre de Charles Kushner, rendue publique dans le Wall Street Journal, intervient à l’occasion du 81e anniversaire de la libération de Paris. L’ambassadeur y établit un parallèle historique, évoquant la fin des déportations de Juifs de France en 1944, pour souligner la gravité de la situation actuelle.

Dans ce texte, il met en garde contre une « montée spectaculaire de l’antisémitisme » en France et accuse le gouvernement français de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de sa communauté juive.

Des accusations lourdes
L’ambassadeur ne s’est pas contenté de dénoncer un manque d’action. Il a aussi pointé du doigt certaines orientations diplomatiques françaises, en particulier les prises de position critiques vis-à-vis d’Israël et les gestes de soutien à la reconnaissance d’un État palestinien. Selon lui, ces signaux « encouragent les extrémistes, alimentent la violence et mettent en danger la vie des Juifs en France ».

Dans sa lettre, Kushner a affirmé que « l’antisionisme est de l’antisémitisme, littéralement », insistant sur la nécessité de ne pas dissocier les deux notions.

Un appel direct à Macron
Au président français, il a lancé un appel pressant : appliquer strictement les lois contre les crimes haineux, renforcer la protection des écoles, synagogues et commerces juifs, poursuivre les auteurs d’actes antisémites avec « la plus grande sévérité », et mettre fin aux mesures jugées comme une « légitimation du Hamas et de ses alliés ».

Ce ton, inhabituellement direct pour un ambassadeur en poste, a provoqué la colère des autorités françaises, qui considèrent ces remarques comme une ingérence dans les affaires intérieures.

Des relations franco-américaines fragilisées
Cet épisode s’ajoute à une série de désaccords déjà perceptibles entre Paris et Washington, notamment autour de la question israélo-palestinienne. Alors que la France défend depuis plusieurs mois une position favorable à la reconnaissance d’un État palestinien, les États-Unis, sous l’administration actuelle, maintiennent une ligne plus ferme aux côtés d’Israël.

La lettre de Kushner cristallise donc une double tension : celle liée à la lutte contre l’antisémitisme en France et celle concernant la politique étrangère au Moyen-Orient.

Un climat politique sensible
En France, la question de l’antisémitisme reste extrêmement sensible, avec une recrudescence des actes recensés ces dernières années. Le gouvernement français assure avoir renforcé ses dispositifs de sécurité, notamment autour des lieux de culte et des établissements scolaires juifs. Néanmoins, les propos de l’ambassadeur américain donnent une résonance internationale à ce débat, mettant la France sous les projecteurs à un moment où elle cherche à maintenir une image de fermeté.

La convocation de Charles Kushner au Quai d’Orsay illustre donc une crispation majeure, mêlant diplomatie, mémoire historique et lutte contre la haine. Si cette passe d’armes ne devrait pas rompre les liens entre Paris et Washington, elle souligne la fragilité des équilibres actuels et la difficulté de concilier solidarité historique, intérêts stratégiques et divergences politiques.

Jforum.fr

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