Chaque année, Grenoble rend hommage aux victimes de la rafle du 26 août 1942. Cet épisode tragique, organisé par le régime de Vichy quelques semaines après la rafle du Vel d’Hiv à Paris, avait conduit à l’arrestation de 353 hommes, femmes et enfants juifs. Détenus à la caserne Bizanet de Grenoble, certains furent relâchés, mais la majorité fut transférée à Vénissieux, puis dirigée vers Drancy avant la déportation vers Auschwitz.
Un discours qui suscite l’indignation
Plutôt que de centrer son allocution sur les victimes de la rafle, l’élu a choisi d’évoquer les « victimes civiles » de Gaza et de critiquer « le gouvernement d’extrême-droite israélien ». Ses propos n’ont pas mentionné les massacres du 7 octobre ni le sort des cinquante otages encore retenus par le Hamas.
Dans un communiqué, Hattab a dénoncé un discours qui, selon lui, « brouille le message et offense la mémoire des victimes ». Il a souligné qu’en mêlant la Shoah et le conflit israélo-palestinien actuel, l’orateur avait porté atteinte au caractère solennel et au respect dus à la commémoration.
Une cérémonie interrompue
Les conséquences de cet incident ont été immédiates. La prière en hommage aux victimes n’a pas été récitée et la gerbe du CRIF n’a pas été déposée, ce qui a renforcé le sentiment d’un hommage interrompu, sinon compromis. « Je le ressens comme une blessure infligée aux victimes », a affirmé Hattab, imputant la responsabilité à celui qui avait choisi de détourner l’esprit de l’événement.
La mémoire au cœur du débat
Cet épisode a ravivé une question sensible : comment préserver la mémoire des victimes de la Shoah sans la mêler aux débats politiques contemporains ? Pour beaucoup de participants, l’intervention de l’élu a créé une confusion regrettable, empêchant de maintenir la solennité qui caractérise habituellement ces commémorations.
La cérémonie, qui devait être un moment de recueillement, s’est transformée en polémique, soulignant la difficulté de concilier devoir de mémoire et prises de position sur l’actualité internationale. Pour les responsables communautaires, cette rupture de cadre met en danger la transmission d’un message essentiel : celui du respect et du souvenir des victimes de la déportation.
En rappelant la nécessité de séparer mémoire historique et débats politiques, le CRIF Grenoble-Dauphiné envoie un message clair : la Shoah, en tant que tragédie unique, ne doit pas devenir l’instrument d’arguments contemporains. La dignité des victimes et le respect de leur mémoire exigent que ces cérémonies soient préservées de toute polémique.
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