L’Iran n’entrera pas en guerre sans l’appui du Hezbollah : le couloir de contrebande économique fonctionne-t-il ?

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Le Hezbollah parvient-il à se rétablir financièrement ? L’Iran réussit-elle à lui transférer des fonds pour sa reconstruction et son réarmement ? Comment fonctionnent les réseaux de contrebande entre Téhéran et Beyrouth alors que l’armée libanaise et l’armée syrienne se trouvent sur leur route ? Le mystère de l’économie du Hezbollah et l’espoir iranien.

JDN – Israël Zeev Leventhal 

Le Moyen-Orient tout entier bouillonne sous la surface. L’Iran se prépare avec de nouvelles forces à un affrontement avec Israël, évalue les dégâts sur son territoire et dans les zones de ses milices, et tente de reconstituer une menace significative contre Israël.

La principale force militaire régionale de l’Iran reste le Hezbollah au Liban. Bien qu’ayant été sévèrement frappé au cours de la guerre au nord, il n’a pas été définitivement vaincu. L’Iran œuvre-t-elle encore à sa remise sur pied ? Et ces efforts portent-ils leurs fruits ?

Le Hezbollah souffre d’un grave manque de liquidités. La Syrie et le Liban entravent les tentatives iraniennes d’acheminer des valises de dollars de Téhéran à Beyrouth. L’aéroport de Beyrouth procède à des contrôles rigoureux sur tout bagage en provenance d’Iran, et l’armée syrienne déjoue nombre de tentatives de contrebande sur son territoire.

Malgré ces obstacles, le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat révèle que l’Iran a tout de même réussi à faire passer à plusieurs reprises des millions de dollars au Hezbollah. Selon ce rapport, les États-Unis ont commencé à tracer un réseau de contrebandiers acheminant l’argent par des passages terrestres et des vols.

Alors que l’État libanais avance vers un désarmement du Hezbollah, la direction du mouvement cherche à gagner du temps et à rallier le soutien de ses membres frustrés. Contrairement aux promesses de Nasrallah de reconstruire toutes les maisons détruites dans la guerre contre Israël, le Hezbollah, confronté à une crise de trésorerie, peine à payer même les loyers des milliers de combattants déplacés de leurs villages du sud-Liban, ainsi que ceux des centaines de familles dont les maisons ont été détruites dans la banlieue sud de Beyrouth (Dahiya).

Les tentatives de reconstruction dans le sud-Liban sont sans cesse freinées par les bombardements de l’armée de l’air israélienne, laissant les villages du sud en ruines depuis déjà un an, depuis le début de l’opération « Flèches du Nord ».

En parallèle à ces efforts économiques, l’Iran continue de réarmer le Hezbollah. Des sources irakiennes ont indiqué à Asharq Al-Awsat qu’il serait illusoire de penser que l’Iran se lancerait dans une nouvelle confrontation avec Israël sans l’appui de ses forces supplétives régionales, en particulier au Liban.

En Iran, on comprend que l’armement des milices en Irak est devenu moins possible et moins efficace. Le gouvernement irakien impose de plus en plus de restrictions aux milices pro-iraniennes. Ces combattants craignent désormais de s’en prendre à Israël : depuis des mois, ils n’ont plus participé à aucune attaque, et même lors de l’opération « Am Kelavi », quand Israël a frappé en Iran, ils se sont abstenus de toute réaction à cause d’une menace ferme des États-Unis.

Il y a environ deux semaines, le nouveau secrétaire du Conseil de sécurité nationale iranien, Ali Larijani, en visite dans la région, a déclaré : « La stratégie de l’Iran est de soutenir la résistance », ajoutant : « La guerre a été interrompue temporairement, mais une nouvelle guerre a commencé. »

Un haut responsable irakien, s’exprimant sous anonymat, a révélé qu’une demande officielle a été adressée par l’Iran pour transférer de grosses sommes d’argent via l’Irak, en direction de la Syrie puis du Liban. Craignant pour sa vie, il a confié ne pas comprendre comment ces fonds franchiraient le territoire syrien : « L’Iran doit avoir des réseaux de contrebande fiables en Syrie », a-t-il dit, affirmant que Téhéran se dit capable de faire passer même par Damas sans problème. La requête officielle visait à réduire le risque de saisie des fonds en Irak.

D’anciens combattants syriens rapportent qu’avant la chute du régime Assad, l’Iran entretenait déjà des liens avec des réseaux de contrebande locaux. Ces filières incluaient des individus de diverses origines, notamment des anciens du régime Assad, des groupes de Daech, des factions armées et d’autres trafiquants expérimentés. Certains n’excluent pas qu’aujourd’hui, l’Iran ait noué de nouveaux liens avec des groupes fragilisés par la guerre civile syrienne.

Toujours selon le journal saoudien, le comportement plus audacieux de membres du Hezbollah au Liban, qui osent désormais s’opposer publiquement au projet de désarmement, suggère que le mouvement a récemment reçu des financements importants, lui permettant de respirer et de calmer ses rangs.

Des sources politiques rapportent que le sénateur américain Lindsey Graham a informé des parlementaires libanais le mois dernier que Washington détient des informations sur des transferts en liquide de plusieurs millions de dollars au Hezbollah, et que les États-Unis sont déterminés à découvrir comment ces fonds ont été acheminés.

Le département du Trésor américain a répété à plusieurs reprises ces deux derniers mois qu’il appliquait « strictement les directives du président Donald Trump pour couper le financement de l’influence iranienne dans la région ». En 2022, le département d’État américain estimait que l’Iran fournissait au Hezbollah jusqu’à 700 millions de dollars par an. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué depuis, se vantait déjà en 2016 que l’Iran constituait la principale source de financement du mouvement.

Cependant, en contradiction avec les rapports faisant état de l’arrivée de sommes importantes, des sources libanaises affirment que « les institutions du Hezbollah ont limité leurs dépenses, les concentrant uniquement sur la rénovation des logements dans le quartier de la Dahiya, sans investir dans la reconstruction des villages détruits ».

Une troisième opinion suggère que le Hezbollah a bien reçu des fonds, mais qu’il les conserve en réserve pour une « heure de vérité » : « La volatilité de la région oblige le Hezbollah à mettre cet argent de côté pour la guerre, tout comme le fait l’Iran. »

Le rapport saoudien mentionne également les efforts de Tsahal pour intercepter les transferts d’argent au Hezbollah. Il souligne que l’armée syrienne et l’armée libanaise tentent elles aussi de freiner les trafics, mais qu’il est évident que leurs actions ne parviennent pas à les stopper complètement.

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