Israël se prépare à un « festival palestinien » à l’ONU : Abbas s’exprimera en vidéo, Macron sous le feu des critiques
L’Assemblée générale a approuvé à une large majorité une résolution permettant au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de prononcer la semaine prochaine un discours à distance lors de la session annuelle, après que les États-Unis ont annoncé qu’ils ne lui délivreraient pas de visa. Et aussi : le pays qui a annoncé qu’il ne reconnaîtra pas l’État palestinien, les critiques visant Macron au sein de la communauté juive en France, et la réunion prévue à Roch Hachana – qu’Israël demande de reporter.
Ynet
L’Assemblée générale de l’ONU a décidé vendredi, par 145 voix contre 5 (et 6 abstentions), d’autoriser Mahmoud Abbas à s’exprimer en visioconférence devant les dirigeants mondiaux réunis la semaine prochaine. Washington avait refusé de lui octroyer un visa pour New York. Son discours est prévu le 25 septembre. Ce n’est pas une première : en 1988, Yasser Arafat, alors chef de l’OLP, s’était également vu refuser un visa, et l’Assemblée générale avait été déplacée à Genève.
L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a réagi en dénonçant une mise en scène :
« Ici à l’ONU, on se prépare à un théâtre palestinien. Une nouvelle résolution permet à Abbas de s’exprimer à distance et à son ambassadeur de parler avant lui. Nous sommes certains qu’il y aura un ‘festival palestinien’ la semaine prochaine. Mais nous poursuivrons notre action sur le terrain : frapper le Hamas et ramener tous les otages à la maison ».
La décision américaine et les réactions palestiniennes
La décision américaine de refuser l’entrée à Abbas a été prise il y a environ un mois. Selon le Département d’État, les visas de 80 responsables palestiniens ont été annulés. Dans son communiqué, Washington a précisé : « Avant que l’OLP et l’Autorité palestinienne puissent être considérés comme des partenaires pour la paix, ils doivent se désengager clairement du terrorisme – y compris le massacre du 7 octobre – et cesser l’incitation dans leur système éducatif, comme l’exige la loi américaine et comme l’OLP s’y est déjà engagé ».
Du côté palestinien, on s’est dit surpris et déçu, en affirmant que la décision contrevient au droit international et à la Charte de l’ONU, rappelant que la Palestine est membre observateur des Nations unies.
Reconnaissance d’un État palestinien : la dynamique et les limites
Lors de cette session, plusieurs pays, sous l’impulsion de la France, devraient annoncer leur reconnaissance d’un État palestinien. Le point culminant doit avoir lieu lundi, lors d’une conférence franco-saoudienne à laquelle ne participera finalement pas Mohammed Ben Salman – une absence perçue comme un revers pour Emmanuel Macron.
Outre la France et le Royaume-Uni (dont la décision pourrait intervenir ce week-end), au moins cinq autres pays sont pressentis : Australie, Canada, Portugal, Belgique, Malte et Luxembourg. Toutefois, des changements de dernière minute restent possibles.
Le Japon, puissance majeure en Asie, a d’ores et déjà annoncé à Gideon Sa’ar, ministre israélien des Affaires étrangères, qu’il ne soutiendrait pas une telle reconnaissance.
Le cas Macron : coopération et critiques
La France a annoncé vendredi que la police palestinienne en Cisjordanie avait arrêté un terroriste impliqué dans l’attentat de 1982 contre le restaurant juif « Jo Goldenberg » à Paris, qui avait fait 6 morts et une vingtaine de blessés. Selon Paris, cette arrestation a été rendue possible grâce à la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître l’État palestinien, permettant à la France de demander une extradition.
« Nous travaillons ensemble pour une extradition rapide », a salué Macron, en soulignant la coopération avec l’Autorité palestinienne.
Mais ce même Macron est vivement critiqué par la communauté juive française. Dans Le Figaro, des responsables communautaires parlent d’« une erreur diplomatique » et dénoncent un « sentiment de trahison », dans un contexte d’explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre 2023. Le choix de la date du 22 septembre, veille de Roch Hachana et anniversaire du déclenchement de la deuxième Intifada, est qualifié de « manque de sensibilité historique ».
Pour tenter d’apaiser, Macron a rencontré des personnalités juives, dont Bernard-Henri Lévy, Jonathan Arfi (président du CRIF), le Grand rabbin Haïm Korsia et d’autres responsables. Il a insisté sur le fait que la reconnaissance palestinienne « n’est pas dirigée contre Israël » mais vise à « rendre l’espoir » et isoler le Hamas. « Si nous n’allons pas dans cette voie, c’est le Hamas qui gagnera », a-t-il averti. Mais ses propos n’ont pas dissipé les inquiétudes.
Un sondage IFOP pour Le Figaro montre que 29 % des Français soutiennent cette initiative, mais qu’au sein de la communauté juive, elle est largement perçue comme une trahison.
Israël demande de reporter le débat du Conseil de sécurité
Enfin, le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a écrit à son homologue sud-coréen, Chu Hyun, président en exercice du Conseil de sécurité, pour lui demander de repousser un débat spécial prévu le 23 septembre – jour de Roch Hachana – sur « l’agression israélienne ».
« Fixer ce débat à une date où Israël ne pourra pas être représenté empêche toute défense contre des accusations mensongères », a-t-il écrit. « Roch Hachana est l’une des journées les plus sacrées du calendrier juif. Programmer une telle réunion ce jour-là viole le principe d’équité diplomatique ».