TRIBUNE. Pour l’essayiste, reconnaître la Palestine maintenant, sans désarmement ni reddition du Hamas et sans libération des otages, enverrait un signal dangereux : célébrer une idéologie hostile et trahir les victimes.
Par Rachel Khan – Le Point
Le Hamas n’est pas désarmé : il jubile déjà. Et les otages ? Ils ne sont pas là. Des noms manquent à l’appel. Des chaises vides. Des regards qui se taisent… pour ne pas hurler.
Nos 45 victimes françaises du pogrom du 7 Octobre. Et tous les autres.
Nous souffrons.
Nous n’avons pas de gouvernement stable. Pas de majorité.
Cette fragilité politique… nous permet-elle de donner des leçons à la terre entière ?
Mais qu’est-ce qu’un État ?
La Convention de Montevideo de 1933 répond.
Regardons en face. La population ? Présente. Meurtrie.
Mais travaillée par des appareils de propagande où la haine du Juif et d’Israël se banalise.
Le territoire ? Quel territoire ?
Un slogan : « De la rivière à la mer ». Avec, pour horizon, l’éradication d’Israël.
Le gouvernement ? Deux autorités. Des milices. Des parrains. Un groupe armé qui tient l’otage pour passeport. La ruine pour programme. La mort pour étendard.
La capacité diplomatique ? À qui parle-t-on ? Qui engage qui ?
Quand des décideurs terroristes résident à Doha… Quand Téhéran équipe, finance, inspire…
Qui, demain, répondra de la paix ? Qui répondra des comptes ?
On nous assure : la reconnaissance fera pression sur le Hamas.
C’est faux.
Sans désarmement ? Un miroir.
Sans frontières ? Une fiction.
Sans autorité unique et responsable ? Une fuite en avant.
Et tant que la haine roule dans les manuels, dans les médias, sur les réseaux, dans des prêches instrumentalisés… on fabrique la guerre durable.
La paix durable suppose l’éradication de la haine des Juifs et d’Israël.
Pas son atténuation. Son éradication. Par l’école. Par la loi. Par la sanction. Par l’exemple.
Jamais par des références empoisonnées.
« La France n’a pas le droit d’envoyer ce signal »
Écrire l’Histoire, c’est être dans l’Histoire.
C’est lutter contre l’islamisme politique partout où il prospère : Hamas, Hezbollah, Daech, houthis… et toutes les franchises du djihad, du Nigeria au Soudan, et ailleurs.
C’est se battre pour rester libres, ici, en Europe. Tandis que nos Lumières vacillent sous l’obscurantisme.
On me dit : « Le président reconnaît la Palestine. »
Mais les Français… reconnaissent-ils encore le président ?
Quand 71 % refusent une reconnaissance sans conditions, sans libération des otages, sans reddition ni désarmement du Hamas… le décalage n’est plus un bruit de fond.
C’est un signal d’alarme. Au fond, ce qui se joue dépasse un décret.
Ce n’est plus seulement la reconnaissance d’un État. C’est la consécration du palestinisme.
L’idéologie sans institutions.
Le drapeau de la Haine sans contrat social. Là-bas, le geste sera lu comme une victoire du Hamas.
Ici, il sera capté par ceux qui haïssent les Juifs comme un adoubement symbolique.
La France n’a pas le droit d’envoyer ce signal. Nous siégeons au Conseil de sécurité.
Mais où sont le conseil et la sécurité… si nous ratifions des mots quand il manque des faits ?
Perdants sur toute la ligne. Là-bas, un encouragement au cynisme.
Ici, une tristesse sans nom.
Et un sentiment d’insécurité qui grignote notre bien commun : notre unité de Français.
Nous sommes tristes.
Et, en ce jour de Roch Hachana, nous sommes en danger.
En danger à cause d’une faiblesse : celle de confondre le frisson d’une annonce avec l’écriture de l’Histoire.