Dans son dernier discours, Khamenei a de nouveau évoqué le vieux narratif de l’hostilité envers l’Amérique et de l’unité avec le régime, mais la réalité en Iran contredit ses affirmations. Les manifestations, l’immigration et les sanctions témoignent d’une rupture totale avec la vie du peuple.
Ma’ariv – Ali Khamenei (photo : Reuters)
Dans son dernier discours, le dirigeant iranien, Ali Khamenei, a présenté une fois de plus ce narratif bien connu : l’Amérique est l’ennemi principal, le peuple iranien soutient le régime de manière unanime, l’opposition est corrompue et traîtresse, et la seule voie à suivre est la résistance et le conflit. Mais ces mots sont-ils en accord avec la réalité de la vie du peuple iranien, ou le leader vit-il dans un monde d’illusions ? Le site iranien « Iran International » a analysé son discours.
Accusations contre l’Amérique – sans fondement historique
Khamenei a affirmé dans son discours que les ennemis veulent que l’Iran « écoute les ordres américains », et que ceux qui voient la source de l’hostilité dans les slogans anti-américains sont « obsédés ». Cependant, l’histoire montre une tout autre réalité – l’hostilité envers les États-Unis a commencé avec la prise de l’ambassade américaine et le slogan « Mort à l’Amérique », pas à travers le peuple iranien. L’expérience mondiale contredit les affirmations de Khamenei. Des pays comme l’Allemagne, le Japon, la Turquie et la Corée du Sud entretiennent des relations politiques et économiques étendues avec les États-Unis, tout en préservant leur identité et leur indépendance.
Théories du complot au lieu de réalité
Dans l’un des moments les plus révélateurs de son déconnexion avec la réalité, Khamenei a affirmé que les ennemis « avaient tenu une réunion en Europe le jour suivant le début de l’attaque et avaient désigné le prochain roi d’Iran ». Cette affirmation est complètement dépourvue de fondement factuel et est un exemple clair de théorie du complot. L’argument opposé à Khamenei est que l’opposition iranienne est diverse et complexe, et qu’aucune puissance étrangère ne peut déterminer le système politique futur pour le peuple. La racine de la crise réside dans l’inefficacité et la corruption structurelle de la république islamique, et non dans des réunions fictives en Europe.
La réalité contre les affirmations d’unité
L’une des principales affirmations de Khamenei était que le peuple se tient uni derrière le régime. Mais la réalité est tout autre. Les manifestations de 2017, novembre 2019 et la révolte de 1401, le taux de participation inférieur à 40 % lors des dernières élections, la grande vague d’immigration et les grèves massives – tous ces éléments indiquent une profonde insatisfaction. La société iranienne est certes unie, mais pas en soutien au régime, plutôt dans sa résistance au statu quo existant. Tous les indicateurs montrent un écart énorme entre les affirmations officielles et la réalité vécue par les citoyens.
Le modèle du Yémen – une voie vers le désastre
Dans l’une de ses affirmations les plus inquiétantes, Khamenei a déclaré que l’Iran devait suivre l’exemple du Yémen. Cependant, le Yémen est le pays arabe le plus pauvre, et sa guerre civile a causé l’une des plus grandes tragédies humanitaires du XXIe siècle. Suivre l’exemple du Yémen signifierait accepter la pauvreté et la destruction, et non une voie vers le développement de l’Iran.
Les véritables résultats de la politique
Khamenei a affirmé que le peuple avait « donné un coup de poing fort » à l’ennemi en restant ferme. Cependant, la réalité montre que le résultat de cette politique a été davantage de sanctions et une pression économique accrue sur le peuple iranien.
Les négociations – un tabou brisé dans le passé
Khamenei a qualifié les négociations directes avec les États-Unis d' »impossibles à résoudre ». Mais l’expérience de la république islamique contredit cette affirmation. Depuis l’achat d’armements jusqu’à l’accord nucléaire, chaque fois que la survie du régime a été en danger, le tabou des négociations a été brisé. Même aujourd’hui, le gouvernement mène des négociations indirectes avec les États-Unis concernant des échanges de prisonniers ou la libération d’avoirs.
Conclusion : l’ennemi du peuple
Les opposants au régime en Iran affirment que la véritable ligne rouge n’est pas le principe des négociations, mais les conséquences politiques et sociales qu’elles entraîneraient. Si des relations normales étaient établies avec les États-Unis, la justification de la répression interne et de l’hostilité étrangère s’effondrerait. L’opposition aux négociations et la poursuite de l’hostilité ne proviennent pas d’intérêts nationaux, mais de la logique de survie du régime. Cette hostilité donne au régime une identité, justifie la répression interne et fait de toute voix alternative une menace existentielle. Tant que cette structure de pouvoir persiste, les chances d’amélioration des conditions de vie du peuple resteront très éloignées. Khamenei n’est pas la voix du peuple, mais un obstacle à son avenir.